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Le Président Hô Chi Minh (1er plan, droite) s’entretient avec des délégués intellectuels participant à la Conférence de politique particulière organisée en mars 1964 à Hanoï. |
Photo : Archives/CVN |
Cette adhésion enthousiaste n’a cessé de s’affirmer et de s’amplifier au fil des deux guerres nationales, marquant plusieurs générations successives.
Lors de ses premières années politiques en France, à la fin de la Première Guerre mondiale, le jeune Hô (alias Nguyên Ái Quôc) est soutenu par le lettré exilé Phan Châu Trinh, confucéen moderniste, ami de son père, l’avocat Phan Van Truong avec qui il a rédigé les Revendications du peuple annamite (envoyées à la Conférence internationale de Versailles en 1919), l’ingénieur Nguyên Thê Truyên qui a collaboré à son Procès de la colonisation française.
Tapis rouge pour les intellectuels
Plus de deux décennies après, au Congrès national du peuple à Tân Trào, le 16 août 1945, organisé par le Viêt Minh (Front de l’indépendance du Vietnam), Hô Chi Minh s’est entouré d’intellectuels de taille : Vo Nguyên Giáp (professeur), Pham Van Dông (publiciste), Trân Huy Liêu (journaliste), Duong Duc Hiên (juriste), Vu Dình Hòe (juriste), Huy Cân (poète), Hoàng Van Duc (ingénieur agronome), Hoàng Dao Thúy (leader scout)... Son premier gouvernement, créé le 24 août, comprend sept intellectuels sur dix membres, entre autres Nguyên Dình Thi (écrivain), Pham Ngoc Thach (docteur en médecine), Nguyên Huu Dang (journaliste), sans parler de cinq autres déjà cités dans la liste du Congrès national.
Depuis la Proclamation d’indépendance (2 septembre 1945), Hô Chi Minh a réussi à rallier des personnalités intellectuelles de tout âge et de tendances différentes dans son front national : vieille génération de lettrés (Huynh Thúc Kháng né en 1875, publiciste, ministre de l’Intérieur ; Nguyên Van Tô né en 1889, érudit, président de la première Assemblée nationale) ; - d’anciens mandarins de Bao Dai (dernier empereur du Vietnam, 1932-1945), tels le délégué impérial au Nord, Phan Kê Toai, devenu vice-président ; Bùi Dang Doàn né 1886, devenu président de l’Assemblée nationale ; Pham Khac Hòe, secrétaire particulier de Bao Dai... ; - universitaires de retour de France (Nguyên Van Huyên, membre de l’École française d’Extrême-Orient, le philosophe Trân Duc Thao, l’écrivain francophone Nguyên Khac Viên, le professeur Nguyên Manh Tuong, les mathématiciens Ta Quang Buu, Lê Van Thiêm, Nguyên Xiên...) ; - médecins (les chirurgiens Hô Dac Di et Tôn Thât Tùng) ; - érudits (Duong Quang Hàm et Dào Duy Anh) ; - écrivains et artistes célèbres... La liste n’en finit plus. L’érudit Hoàng Xuân Han, résidant à Paris jusqu’à sa mort, avait prédit que par-dessus les controverses, Hô Chi Minh resterait dans l’histoire comme le libérateur du pays.
Les membres du Conseil du gouvernement après une réunion tenue en 1948 dans le hameau de Lâp Binh, commune de Binh Yên, district de Son Duong, province de Tuyên Quang (Nord). |
Photo : Musée Tân Trào/CVN |
Comment expliquer l’ascendant exercé par Hô Chi Minh, dont le nom était inconnu au début de la Révolution de 1945 ? C’est qu’on avait découvert rapidement que Hô Chi Minh n’était autre que Nguyên Ái Quôc (Nguyên le patriote) dont le mythe s’était créé dès les années 1920 et 1930, mythe du militant révolutionnaire «sans peur et sans reproche», mué bientôt en Père de la Nation, Libérateur du peuple, Oncle Hô des enfants.
Suivre l’exemple de Hô Chi Minh
Si étrange que cela puisse paraître, Hô Chi Minh, imperméable au culte de la personnalité, a été l’objet d’un culte, plutôt raisonné et quelque peu sentimental même de la part des intellectuels de formation occidentale. Citons, entre autres, le cas du docteur Hô Dac Di, son cadet de dix ans. Issu de l’aristocratie royale, ce duc très doué avait passé treize ans à Paris où il avait fait de brillantes études de médecine. Il a rallié Hô Chi Minh dès la première heure, abandonnant le confort des villes pour le suivre dans le maquis. Il a organisé l’enseignement supérieur, en particulier la médecine, pendant la résistance.
Le journal tenu par le Dr Hô Dac Di en français – il s’exprimait plus facilement en français – contient des pages émouvantes sur l’évolution de cette âme généreuse.
À son retour de France, le spectacle d’un misérable hôpital pour le bas peuple de Hanoï a aiguisé sa conscience de colonisé : «Le malheur m’ouvrit les yeux et ce que j’avais seulement entrevu devint une réalité tangible, je n’étais que le citoyen d’un pays conquis».
En 1947, lors de l’inauguration de l’École supérieure de médecine dans le maquis du Viêt Bac, le directeur Hô Dac Di a prononcé un vibrant discours en français, appelant les étudiants à servir le pays à l’exemple de Hô Chi Minh : ... «Au cadran de l’Histoire, l’heure de la délivrance a sonné. Elle bat le rassemblement de toutes les énergies pour accomplir cet effort suprême et décisif qui doit nous ramener la liberté et l’indépendance... Où puiser, Messieurs, les raisons d’espérer, sinon dans le spectacle réconfortant que nous offrent la vie et l’œuvre de cette jeunesse prête à tous les sacrifices, dont vous êtes les dignes représentants, qui a pour devise : Honneur et Patrie, et où trouver les motifs de confiance, sinon dans l’observation encourageante que nous procure la vie de cet homme qui est faite d’abnégation totale et de sacrifices pendant près d’un demi-siècle, de cet homme qui a un destin hors série et qui est en train de conduire notre orchestre».
Cet homme que le Dr Hô Dac Di n’avait pas besoin de nommer, c’est Hô Chi Minh.
Mai 2003