Le président égyptien inaugure une cathédrale après un nouvel incident anti-copte

Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a inauguré dimanche soir 6 janvier une gigantesque cathédrale près du Caire à l'occasion du Noël copte, sous haute sécurité au lendemain de la découverte près d'une église d'un engin explosif qui a tué un policier.

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Des membres des forces de sécurité égyptiennes bloquent l'accès à une rue débouchant sur l'église.

Aux côtés du pape copte orthodoxe Tawadros II, le chef de l'État a déclaré que le pays vivait "un moment important de (son) histoire". "Nous ne faisons qu'un et nous ne ferons toujours qu'un", a insisté M. Sissi, juste avant le lancement des chants de la messe du Noël copte, fêté dans toute l'Égypte le 7 janvier.

Un imposant dispositif de sécurité a été mis en place dimanche 6 janvier sur le site de la nouvelle capitale administrative, actuellement en construction dans le désert à environ 45 km du Caire et où a lieu l'inauguration et la messe.

M. Sissi est d'abord apparu dans la salle de conférence d'un hôtel flambant neuf aux côtés du président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas. Il a demandé à l'assistance d'observer "une minute de silence" pour "l'officier martyr tombé hier".

La veille au soir, dans un nouvel incident visant la communauté copte, un commandant de police spécialisé dans le déminage a été tué au Caire en tentant de désamorcer une bombe près de l'église al-Azraa Wa Abou Sifin, selon des sources au sein des services de sécurité.

Deux autres policiers ont été blessés dans l'explosion de la bombe placée dans un sac, selon les mêmes sources. Si une source de la sécurité a affirmé que l'église était "visée", les autorités n'ont pas communiqué sur cet incident.

Les coptes d'Égypte sont dans le collimateur depuis 2016 du groupe État islamique (EI) qui a revendiqué plusieurs attaques meurtrières contre cette communauté. Assistant également à l'inauguration de la cathédrale, Ahmed el-Tayeb, le grand imam d'Al-Azhar, influente institution de l'islam sunnite basée au Caire, a déclaré que "les musulmans doivent protéger les églises".

Entre des chants et petits clips prônant la tolérance, les autorités ont diffusé un message télévisé du Pape François. Le souverain pontif a salué le pape copte Tawadros II et son Église "qui a su donner un véritable témoignage de foi et d'amour même dans les moments les plus difficiles".

Sur Twitter, le président américain Donald Trump, qui a plusieurs fois exprimé sa sympathie pour son homologue égyptien, s'est dit "ravi de voir nos amis en Égypte ouvrir la plus grande cathédrale du Proche-Orient".

"Terrorisme pernicieux"

Dénonçant sur sa page Facebook "l'opération terroriste" de samedi soir 5 janvier, le mufti d'Égypte a précisé que des engins explosifs avaient été déposés sur le toit d'un bâtiment abritant une mosquée situé tout proche de l'église.

Des ouvriers parachèvent les travaux à l'intérieur de la cathédrale de la Nativité, à 45 km à l'est du Caire, le 3 janvier.
Photo: AFP/VNA/CVN

L'Église copte a dit, dans un communiqué, pleurer "l'officier martyr" qui a été tué dans l'explosion. Les funérailles du policier, Moustafa Abid, ont eu lieu ce dimanche 6 janvier selon la presse locale.

Al-Azhar a fustigé "le terrorisme pernicieux qui tente de saboter les célébrations de Noël de nos frères coptes".

La nouvelle capitale administrative égyptienne, annoncée en 2015 par le gouvernement de M. Sissi, est encore en cours de construction. Sa cathédrale de la Nativité est présentée comme l'une des plus grandes du Proche-Orient.

Avant de s'y rendre, le président a conduit plus tôt dans la soirée la prière du soir à la mosquée Al Fattah al-Alim, qu'il a également inaugurée dans la nouvelle capitale administrative aux côtés du grand imam d'Al-Azhar et du pape copte.

Renforcement de la sécurité

Ces dernières semaines, les forces de sécurité avaient annoncé un renforcement du dispositif de sécurité au Caire pour les fêtes de fin d'année. L'Égypte affronte des mouvements extrémistes, dont l'EI, en particulier depuis la destitution par l'armée du président islamiste Mohamed Morsi en 2013, suivie d'une répression contre les partisans de l'ancien chef de l'État.

Pour sa part, la communauté copte, estimée à 10% de la population égyptienne d'environ 100 millions d'habitants, est régulièrement la cible d'attaques. Plus d'une centaine de personnes ont été tuées dans des attaques contre des chrétiens depuis fin 2016. La dernière en date remonte à novembre 2018 lorsque des assaillants avaient tiré sur un bus transportant des fidèles chrétiens au sud du Caire, tuant sept personnes et en blessant sept autres. L'attentat avait été revendiqué par l'EI.

À la tête de l'Égypte depuis 2014, M. Sissi se présente souvent comme un défenseur des chrétiens face aux extrémistes. Mais certains analystes et militants reprochent toujours à l'État de discriminer et de ne pas suffisament protéger les coptes.

En février 2018, l'Égypte a lancé une vaste opération contre l'EI, dont la branche locale est basée au Sinaï (Est). Plus de 500 jihadistes présumés ont été tués depuis cette date, selon les chiffres officiels. Les coptes ne sont pas les seules cibles des mouvements extrémistes. Des centaines de policiers et de soldats ont été tués dans des attaques.


AFP/VNA/CVN

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