>>Bolivie: Morales appelle à un dialogue politique
>>Bolivie : Evo Morales exclut toute "négociation politique"
Le président Evo Morales lors d'une conférence de presse le 9 novembre à El Alto. |
"Je renonce à mon poste de président", a déclaré à la télévision Evo Morales, le leader indigène de 60 ans, au pouvoir depuis 2006, au terme d'une journée marquée par de nouveaux affrontements entre manifestants et forces de l'ordre ainsi que des démissions en série de ministres et députés.
"Le coup d'État a eu lieu", a ajouté, à ses côtés, le vice-président Alvaro Garcia Linera, lui aussi démissionnaire.
En début de soirée, la police a arrêté la présidente du Tribunal électoral de Bolivie (TSE), Maria Eugenia Choque, sur ordre du parquet, qui enquête sur des irrégularités commises dans le scrutin d'octobre, ainsi que le vice-président du TSE, Antonio Costas.
Des milliers d'habitants ont déferlé dans les rues du pays pour célébrer cette annonce, agitant le drapeau bolivien entre rires et larmes après la violente vague de contestation au cours de laquelle trois personnes ont été tuées et 383 blessées.
Retranché dans son fief politique, la zone de production de feuille de coca de Chimoré, dans la région de Cochabamba (centre), Evo Morales a finalement cédé aux appels au départ en fin d'après-midi.
Dénonçant comme une "décision politique" l'appel de l'Organisation des États américains (OEA) à l'organisation d'un nouveau scrutin, il a affirmé : "Mon péché (est) d'être indigène, d'être producteur de coca".
Dimanche soir 10 novembre, il a d'ailleurs reçu le soutien immédiat des présidents cubain et vénézuélien, Miguel Diaz-Canel et Nicolas Maduro, qui ont dénoncé un "coup d'État" et exprimé leur solidarité envers leur "frère président" Evo Morales.
Le président élu argentin Alberto Fernandez a également condamné "un coup d'État". Le Mexique à offert l'asile à Evo Morales et accueilli dans son ambassade à La Paz des fonctionnaires et des parlementaires boliviens.
De son côté, le président brésilien d'extrême droite Jair Bolsonaro a estimé que les dénonciations de fraude avaient poussé Evo Morales à démissionner.
Démissions en série
L'entrée fermée d'une télévision publique, à La Paz, après qu'elle a été investie par des opposants au président Evo Morales, le 9 novembre. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
L'annonce dans la matinée par le président d'un nouveau scrutin - une option qu'il rejetait jusque-là - visait à "pacifier la Bolivie" mais n'a pas réussi à apporter le calme.
Le président de l'Assemblée nationale, Victor Borda, le ministre des Mines, César Navarro, ainsi que celui des Hydrocarbures, Luis Alberto Sanchez, et une dizaine de députés, ont renoncé à leur poste.
Durant la journée, plusieurs dirigeants de l'opposition avaient exhorté le chef de l'État à lui aussi démissionner.
Le président avait promis de "renouveler l'ensemble des membres du Tribunal électoral suprême", puis de "convoqu(er) de nouvelles élections", sans spécifier la date de ce nouveau scrutin, ni s'il s'y représenterait.
L'Organisation des États américains (OEA) avait demandé dimanche matin 10 novembre l'annulation du scrutin, entaché d'irrégularités selon elle. Elle appelait aussi à la convocation d'un nouveau scrutin avec comme garantie nécessaire "la composition d'un nouvel organe électoral".
Le gouvernement colombien a demandé dimanche 10 novembre une "réunion urgente" du conseil permanent de l'OEA "afin de chercher des solutions à la complexe situation institutionnelle" qui se présente en Bolivie, a indiqué le ministère colombien des Affaires étrangères.
Le scrutin du 20 octobre avait abouti à l'élection d'Evo Morales pour un quatrième mandat allant jusqu'en 2025, une option pourtant rejetée par la population lors d'un référendum en février 2016.
Son score annoncé par le TSE, dépassant de plus de dix points celui de Carlos Mesa, avait aussitôt été qualifié de frauduleux par l'opposition.