Bras de fer sur le cryptage
Le patron d'Apple défend sa position face au FBI

Le patron d'Apple, Tim Cook, a défendu le 24 février sa position dans le bras de fer contre le FBI, qui veut obliger le groupe à débloquer un iPhone au nom de la lutte contre le terrorisme, en affirmant que ce serait "mauvais pour l'Amérique".

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Un défenseur des libertés civiles manifeste devant un Apple Store, le 23 février à New York.

"Ce serait mauvais pour l'Amérique. Cela créerait aussi un précédent qui, je pense, offenserait beaucoup de gens en Amérique", a indiqué le directeur général dans une interview avec la chaîne ABC. "Je suis persuadé que nous faisons le bon choix."

Apple est lancé depuis la semaine dernière dans une bataille judiciaire et de relations publiques contre les autorités américaines, qui veulent le forcer à aider les enquêteurs à débloquer l'iPhone de Sayed Farook, un des auteurs de l'attentat de San Bernardino en décembre en Californie.

Deux mois après l'attaque, qui avait fait 14 morts, les enquêteurs n'ont en effet toujours pas réussi à accéder au contenu crypté du téléphone.

Au-delà de ce cas très médiatisé, les autorités américaines exigent aussi la collaboration d'Apple pour obtenir l'accès à au moins une dizaine d'iPhone dans différentes enquêtes, dont un trafic de stupéfiants à New York, selon des documents transmis par le groupe à la justice.

"L'équivalent du cancer"

Apple assure avoir coopéré pleinement avec les enquêteurs et leur avoir transmis toutes les informations qu'il avait sur l'iPhone de Sayed Farook. Il dit aussi que ceux-ci ont fait une erreur en tentant de réinitialiser le mot de passe peu après la saisie du téléphone, supprimant ainsi toute chance de récupérer ses données via une sauvegarde automatique en le connectant à un réseau wifi connu, comme celui du domicile de son propriétaire.

Manifestation devant un Apple Store à New York, le 23 février
Photo : AFP/VNA/CVN

Pour obtenir davantage, comme les autorités le lui demandent aujourd'hui, Apple devrait créer un logiciel "équivalent du cancer", a affirmé Tim Cook sur ABC.

Le logiciel qui permettrait de décrypter le téléphone impliqué dans cette affaire particulière aurait en effet "le potentiel d'entrer dans n'importe quel iPhone. Ce n'est pas quelque chose qui devrait être créé", a-t-il martelé.

"Une porte dérobée juste pour les gentils, ça n'existe pas. Les méchants la trouvent aussi", a-t-il insisté.

Interrogé sur le fait qu'en s'opposant aux demandes du FBI dans l'affaire de San Bernardino, Apple empêchait peut-être de détecter une autre attaque terroriste, Tim Cook a avancé que "certaines choses sont difficiles et certaines sont justes. Et certaines choses sont les deux. C'est le cas ici." Pour lui, "ce qui est en jeu ici, c'est : est-ce que le gouvernement peut forcer Apple à créer un logiciel qui à notre avis rendrait des centaines de millions de consommateurs vulnérables dans le monde (...) et piétinerait les libertés civiles qui sont la fondation de ce pays".

Tim Cook dit vouloir parler du dossier avec le président Obama, et être prêt à faire remonter l'affaire jusqu'à la Cour suprême, mais il estime que le débat devrait avoir lieu au Congrès et pas en justice.

Le bras de fer actuel suscite la colère des défenseurs des libertés civiles, qui craignent que la demande du FBI ne débouche sur une surveillance débridée aux États-Unis, déjà secoués ces dernières années par le scandale d'espionnage de l'Agence de renseignement NSA, ou ailleurs. D'autres accusent à l'inverse le groupe d'entraver une enquête vitale pour la sécurité nationale.

Apple a reçu le soutien de plusieurs dirigeants du secteur technologique, dont le patron de Facebook, Mark Zuckerberg, ou celui de Google, Sundar Pichai. Le chef de la CIA, John Brennan, a en revanche jugé le 24 février "clairement légitime" la démarche du FBI, estimant sur la radio publique NPR qu'il ne devait pas "y avoir un endroit où les terroristes, ou les criminels, ou toute autre personne cherchant à violer la loi, puisse bénéficier d'une totale impunité".

AFP/VNA/CVN

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