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Sur un marché de Wuhan, le 26 janvier. |
Vingt-quatre morts supplémentaires ont été enregistrés dans la province de Hubei, épicentre de la contagion, mais aucun nouveau décès n'a été confirmé en dehors de cette région, a annoncé lundi 27 janvier le gouvernement central.
"La capacité de propagation du virus s'est renforcée", ont déclaré la veille de hauts responsables sanitaires chinois, même s'il ne s'avère pas "aussi puissant que le Sras", un précédent coronavirus qui avait fait des centaines de morts au début des années 2000.
La situation est "grave", a reconnu samedi soir 25 janvier le président Xi Jinping, avertissant que l'épidémie apparue en décembre à Wuhan dans le centre du pays "s'accélère".
La période de congés à l'occasion du Nouvel An chinois, qui devait durer jusqu'au 30 janvier, a été prolongée - sans précision de date - afin de "limiter les mouvements de population", ont indiqué les médias d'État.
Le directeur de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, a annoncé qu'il se rendait en Chine pour discuter avec les autorités des moyens de contenir l'épidémie.
À Wuhan, la circulation automobile "non essentielle" est interdite depuis minuit dans le centre de la métropole, devenue étrangement silencieuse. Des chauffeurs bénévoles, recrutés par les autorités, acheminent gratuitement les malades vers les hôpitaux.
Mais, une fois sur place, la situation s'avère parfois chaotique: les patients doivent attendre des heures avant de voir un médecin et de savoir s'ils sont ou non contaminés.
Wuhan et sa région sont placées de facto en quarantaine depuis jeudi 23 janvier afin de prévenir une nouvelle propagation de la maladie. Au total, 56 millions de personnes sont coupées du monde.
Dans la cité transformée en ville fantôme, des hauts-parleurs diffusent un message appelant les habitants à se rendre à l'hôpital sans délai s'ils ne se sentent pas bien.
"Wuhan n'a pas peur de faire face à l'adversité. N'écoutez pas les rumeurs, ne propagez pas les rumeurs", ordonne le message, alors que certains doutent des bilans fournis par les autorités.
Rapatriement d'étrangers
L'épidémie a atteint l'Europe et l'Australie. Un cas présumé a été signalé au Canada. Les États-Unis, où cinq cas sont confirmés, ont annoncé organiser le départ de leur personnel diplomatique et de citoyens américains bloqués à Wuhan, espérant faire décoller un vol mardi 28 janvier.
D'autres pays sont en communication avec Pékin pour évacuer leurs ressortissants.
La ministre française de la Santé a annoncé dimanche que la France allait organiser "un rapatriement par voie aérienne directe" de ses ressortissants, et qu'une période de quarantaine de 14 jours leur serait appliquée.
"Restons à la maison"
L'étude des premiers cas tend à montrer que le taux de mortalité du virus 2019-nCoV est assez faible. Pour Gui Xi'en, spécialiste des maladies infectieuses à l'université de Wuhan, le nombre de contaminations pourrait atteindre un "pic" autour du 8 février, avant de décroître.
Sur place, malgré l'ambiance anxiogène, certains habitants gardent leur calme. "Je ne vois pas le besoin d'évacuer", déclare Erica Davis, une enseignante britannique qui vit à Wuhan depuis deux ans. "Restons à la maison et attendons que ça passe".
Les hôpitaux étant débordés, la construction de deux sites pouvant accueillir chacun plus de mille lits a commencé. Elle doit être achevée sous quinzaine, selon les médias publics.
En attendant, la Chine se protège en érigeant des barrières intérieures. Plusieurs grandes villes du nord du pays - Pékin, Tianjin, Xian - ont annoncé la suspension des lignes d'autocars longue distance qui les relient au reste du pays. Dans l'Est, la province du Shandong (100 millions d'habitants) a fait de même.
Ces mesures risquent de singulièrement compliquer les trajets de la population, en plein chassé-croisé du Nouvel An chinois.