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Manifestation contre la réforme des retraites, le 24 janvier à Paris. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"Sur la forme et sur le fond, le Conseil d'État confirme en tout point ce que nous exprimons depuis le début. Il y a un vrai problème de consistance juridique du texte", a réagi samedi 25 janvier François Hommeril, le président de la CFE-CGC. Saisie le 3 janvier, la plus haute juridiction administrative française a critiqué vendredi 24 janvier le choix de recourir à 29 ordonnances, ce qui "fait perdre la visibilité d'ensemble" et a pointé des projections financières "lacunaires".
Le jour même de l'adoption du projet en Conseil des ministres, le Conseil d'État a souligné que l'engagement de revalorisation des enseignants et des chercheurs était condamné de disparaître du texte. En outre, il a déploré n'avoir disposé que de trois semaines pour rendre son avis sur les deux projets de loi (organique et ordinaire), qui ont en outre été modifiés à six reprises durant cette période.
"Ils ont quand même pu valider la quasi-totalité des deux textes qui leur ont été proposés et ils ont fait des recommandations au gouvernement que le gouvernement entend", a réagi samedi 25 janvier Laurent Pietraszewski, secrétaire d'État en charge des Retraites, sur France 3 Nord-Pas-de-Calais. "J'entends qu'on puisse se poser des questions", avait dit la veille sur BFMTV le Monsieur Retraites du gouvernement. "Le cadrage budgétaire est clair. Nous ne faisons pas ça pour faire des économies, nous le faisons pour être plus redistributifs, plus solidaires", avait-il ajouté.
"Amateurisme et improvisation"
Mais pour François Hommeril, "aucun travail sérieux n'a été fait. Sur le dispositif de financement à long terme, on n'a aucune visibilité". Même critique sur Europe 1 d'Yves Veyrier, le secrétaire général de Force ouvrière, pour qui "le gouvernement ne maîtrise absolument pas son sujet". "Le Conseil d'État démonte l'artifice de communication du +un euro donnera les mêmes droits+ et du système censé être plus simple, soulignant la complexité et la diversité des règles de cotisation et d'ouverture des droits", écrivait la veille son syndicat dans un communiqué.
FO et la CFE-CGC mènent la fronde syndicale contre la création d'un système "universel" par points des retraites depuis le 5 décembre avec la CGT, Solidaires, la FSU et des organisations de jeunesse, dont l'Unef. Une nouvelle journée interprofessionnelle nationale est programmée mercredi 22 janvier, après celle de vendredi, le projet devant être transmis à l'Assemblée nationale pour un débat en séance publique à partir du 17 février, en procédure accélérée. Entre-temps, une "conférence de financement" doit être installée jeudi 23 janvier pour trouver les moyens d'amener le système à l'équilibre en 2027.
"Dans des termes polis, le conseil d'État dit qu'il faut mettre ce projet mal bâti à la poubelle. Et ce n'est pas la conférence de financement qui changera les choses", a relevé Eric Beynel (Solidaires). Dans l'opposition, les appels à retirer le texte se sont multipliés sur les réseaux sociaux depuis vendredi soir 24 janvier. "Sincèrement, j'ai rarement lu un avis aussi négatif", écrit sur son compte Facebook Valérie Rabault, la présidente des députés socialistes.
Pour Olivier Faure, premier secrétaire du PS, "on reste sidérés par le niveau d'amateurisme et d'improvisation du gouvernement pour une réforme aussi cruciale". Sur son blog, Jean-Luc Mélenchon a sélectionné un "best-of" de morceaux choisis dans l'avis du Conseil d'État, qui "claquent comme des gifles". Cet avis "flingue la loi retraites", selon le leader de la France insoumise. Sébastien Jumel (député PCF) évoque un "tacle" au projet d'Emmanuel Macron, une "réforme bâclée visant un socle de notre République".
Pour Julien Aubert, député LR, "en terme polis, cela veut dire +ce projet de réforme n'est ni fait ni à faire". "Quand on saisit le Conseil d'État avec désinvolture et que l'Assemblée nationale est traitée comme quantité négligeable, ça donne un texte incohérent et mal ficelé". Très mobilisés depuis janvier contre le projet de réforme, les avocats ont voté samedi la poursuite du mouvement de grève.
La présidente du Conseil national des barreaux - qui représente 70.000 avocats -, Christiane Feral-Schuhl, a souligné samedi 25 janvier qu'un "élément qui change la donne" était l'avis rendu par le Conseil d'Etat sur la réforme.
AFP/VNA/CVN