Israël
Le Nobel de la paix Shimon Peres est mort

Le prix Nobel de la paix et ancien président israélien Shimon Peres est décédé dans la nuit de mardi 27 septembre à mercredi 28 septembre à l'âge de 93 ans des suites d'un accident vasculaire cérébral, a indiqué son médecin personnel Rafi Walden.

>>Israël : Shimon Peres toujours dans un état stable

Shimon Peres, le 6 juillet 2014.

"Oui, en effet", a répondu Rafi Walden, également gendre de M. Peres, joint au téléphone. Il s'est éteint dans son sommeil "à 03h00 du matin" (00h00 GMT), a-t-il dit.

M. Peres a succombé entouré des membres de sa famille, a indiqué un proche sous le couvert de l'anonymat. Ses proches devaient faire une déclaration à la presse vers 07h00 (04h00 GMT) à l'hôpital Tel-Hashomer de Ramat Gan, proche de Tel-Aviv, où il avait été admis il y a deux semaines.

Avec Shimon Peres disparaît une figure historique, dernier survivant de la génération des pères fondateurs de l'État d'Israël et l'un des principaux artisans des accords d'Oslo qui ont jeté les bases d'une autonomie palestinienne dans les années 1990.

M. Peres était le seul encore vivant des trois hommes à avoir été distingués du Nobel de la paix en 1994 "pour leurs efforts en faveur de la paix au Moyen-Orient", après la disparition de l'Israélien Yitzhak Rabin et du Palestinien Yasser Arafat.

M. Peres avait été victime le 13 septembre d'un accident vasculaire cérébral (AVC) majeur accompagné d'une hémorragie interne. Il avait alors été placé sous respirateur et sédatifs en soins intensifs à l'hôpital Tel-Hashomer.

Hemi Peres (gauche), le fils de Shimon Peres, et le Pr Rafi Walden (droite), gendre de M. Peres, font une déclaration à l'hôpital de Tel Aviv, après le décès de l'ancien président israélien et prix Nobel de la Paix, le 28 septembre.
Photo : AFP/VNA/CVN

Ses médecins avaient immédiatement présenté son état comme critique, mais avaient ensuite évoqué une stabilisation puis une petite amélioration.

Ils avaient dit leur intention de diminuer l'assistance respiratoire et la sédation pour évaluer sa réaction. Mais son état s'était dégradé depuis lundi 26 septembre, a dit une source dans son entourage sous le couvert de l'anonymat.

"Le président est entre la vie et la mort", reconnaissait-elle mardi 27 septembre. Ses enfants et petits-enfants ont été appelés à l'hôpital, a-t-elle dit.

Le 13 septembre 1993, alors ministre des Affaires étrangères d'Israël, Shimon Peres (assis), signe l'historique Accord d'Oslo à la Maison Blanche sous le regard de gauche à droite du Premier ministre israélien Yitzhak Rabin, du président américain Bill Clintonet du leader palestinien Yasser Arafat.
Photo : AFP/VNA/CVN

Des dizaines de journalistes se sont installés dans le hall de Tel-Hashomer, tendant leurs câbles de transmission, alors que déambulaient des patients en pyjama, curieux ou indifférents à cette agitation.

Sage de la nation

Depuis son hospitalisation, le pape François, les présidents américain Barack Obama et russe Vladimir Poutine, les Clinton et Donald Trump avaient envoyé des messages de soutien.

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon lui avait souhaité "un prompt et complet rétablissement", ajoutant que M. Peres avait été "infatigable dans sa quête de la paix entre les Israéliens et les Palestiniens".

Barack Obama, rencontrant le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu la semaine passée à New Yoavait, avait adressé ses pensées à M. Peres, "un grand ami, un héros et un géant de l'histoire d'Israël".

Yasser Arafat (gauche), Shimon Peres (centre) et Yitzhak Rabin lors de leur remise du prix Nobel de la Paix, le 11 décembre 1994 à Oslo.
Photo : AFP/VNA/CVN

Dans son propre pays, après avoir été au cœur des grandes batailles de la courte histoire d'Israël et des farouches controverses d'un monde politique israélien féroce, M. Peres était devenu une personnalité largement consensuelle, considérée comme un sage de la nation.

Les responsables israéliens ont défilé depuis deux semaines à l'hôpital : M. Netanyahu ou le président Reuven Rivlin il y a deux semaines, le chef de l'opposition travailliste Isaac Herzog ou le ministre ultra-orthodoxe de l'Intérieur Arye Deri mardi 27 septembre.

Premier ministre à deux reprises, entre 1984 et 1986 et en 1995-1996, puis président de 2007 à 2014, M. Peres avait occupé pendant plus de 50 ans de vie publique de nombreux postes à responsabilité : Défense, Affaires étrangères, Finances...

Entré en politique à 25 ans grâce à David Ben Gourion, fondateur d'Israël, M. Peres était aussi considéré comme le père du programme nucléaire israélien.

Malgré les accords d'Oslo et malgré la conversion à la paix de l'ancien faucon travailliste, les Palestiniens ont une vision bien plus noire de celui qui a cautionné les premières colonies juives de Cisjordanie occupée et qui était Premier ministre quand l'aviation israélienne a bombardé le village libanais de Cana, tuant 106 civils en avril 1996.

Après la présidence, M. Peres était resté actif à travers son Centre Peres pour la paix, qui promeut la coexistence entre juifs et Arabes, au moment où les perspectives de règlement du conflit israélo-palestinien ont rarement été plus sombres. Mais il avait subi un coup d'arrêt avec deux alertes cardiaques en janvier.

AFP/VNA/CVN

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