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L'actrice Isabelle Adjani au Festival de Cannes, le 7 mai. |
Photo: AFP/VNA/CVN |
Dans le rôle de Danny, cette mère, reine des voleuses, l'actrice de "Camille Claudel" s'en donne à cœur joie: de sa première apparition où elle étend du linge au balcon à ses virées, voilée, dans les grands magasins pour mieux dissimuler les articles volés. "Il y a beaucoup de folie dans son personnage", souligne le réalisateur Romain Gavras, qui s'est amusé à construire le personnage avec l'actrice en choisissant soigneusement ses tenues et ses accessoires.
"J'adore ça car je viens du clip et de la publicité, je suis sensible à ces choses-là, c'était un bonheur d'aller faire des courses avec elle", raconte-t-il.
Pour Isabelle Adjani, l'expérience fut des plus enthousiasmantes. "+Le monde est à toi+ est un des tournages les plus simples, rassurants et joyeux que j’aie connus", a-t-elle raconté cet été dans une longue interview au magazine Les Inrocks.
Si elle s'est dite surprise de cette proposition, elle a apprécié ce rôle de "sorcière de conte moderne, kitsch et sans surmoi" et de mère ogresse.
"C'est un film de fils à maman", résume Romain Gavras, avec "des mecs fragiles et des femmes fortes". Le fils en question s'appelle François (interprété par Karim Leklou), qui veut tourner le dos aux petites combines et rêve d'une maison avec piscine au Maroc où il veut développer une franchise de sucettes glacées. Sauf que sa mère a dilapidé l'argent qu'il lui avait confié.
Pour trouver le pécule nécessaire à son projet, il doit faire un dernier coup en Espagne, avec une équipe de pieds nickelés: Henri (Vincent Cassel), son ancien beau-père fasciné par les théories du complot, Lamya (Oulaya Amamra de "Divines"), son amour de jeunesse, ainsi que Mohamed et Mohamed, un duo de petites frappes.
Anti-"Scarface"
"On prend un mec qui a un rêve, qui veut sortir de son milieu, qui veut faire un dernier coup pour y arriver. On l'a vu plein de fois cette histoire mais ici tout le monde est un peu fragile", souligne Romain Gavras, dont c'est le deuxième long-métrage après Notre jour viendra (2010), avec Vincent Cassel déjà.
Avec son titre reprenant la devise de Scarface (The World Is Yours), le trentenaire signe un film de gangster pop, et lorgne plus du côté de Tarantino et de Guy Ritchie, que de son père, le cinéaste Costa-Gavras.
Présenté à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes en mai, le film a séduit par sa mise en scène enlevée et son casting hors pair qui réunit également dans des seconds rôles Philippe Katerine en avocat véreux et François Damiens.
Côté inspiration, le réalisateur -- connu pour ses clips pour le groupe électro Justice et la chanteuse M.I.A -- a eu en tête le cinéma italien des années 50 à 70: "Ils faisaient ça très bien avec des films comme +Le Pigeon+, +Affreux, sales et méchants+: un ton léger tout en évoquant des sujets durs, avec des touches capturant l'ambiance d'une époque".
Une ambiance qu'accompagne la bande originale du film, rassemblant des artistes français aussi éclectiques que Michel Sardou, PNL, Daniel Balavoine, Jul ou Laurent Voulzy.
"La musique est un personnage à part entière du film. En France, on n'a pas trop l'habitude d'en avoir autant mais cela participe de la dimension jubilatoire", souligne Romain Gavras, qui a puisé dans sa propre playlist. Et "on a été à fond", dit-il.