Le mât rituel des Cor, lien entre deux mondes

Pour la communauté ethnique Cor, le mât rituel du sacrifice du buffle, au centre des cérémonies en l’honneur des divinités, représente le lien entre celles-ci et les humains. Cette sculpture, aux ornements détaillés, est fascinante à plus d’un titre.

>>Têt traditionnel des Cor

Des villageois participent aux décorations et sculptures du mât.
Photo : CTV/CVN

Les Cor, essentiellement regroupés dans le Centre, organisent leur Fête traditionnel du sacrifice du buffle entre la fin du 3e et le début du 4e mois lunaires dans chaque village. Cette fête de trois à cinq jours sert à prier pour la chance, le bonheur et une bonne récolte. Un événement marqué par l’installation d’un mât rituel, aux premières lueurs de la première journée de la fête. Cet ouvrage, qui a entre autres fonctions d’attacher l’animal, est le point névralgique de la cérémonie de sacrifice du buffle.

Ingéniosité d’un travail collectif artisanal

Chez les Cor, le mât rituel pour le sacrifice du buffle est une œuvre collective des villageois. Le bois pour le fabriquer doit obligatoirement être le gô chò (Parashorea chinensis). D’après les patriarches, cet arbre a été sélectionné pour fabriquer la partie principale de l’ouvrage en raison de sa longévité et de sa solidité, censée représenter la force et la santé des Cor.

Un mât rituel et le sacrifice du buffle des Cor. Photo : CTV/CVN

Traditionnellement, le mât, haut de 13-15 mètres, est constitué de trois parties emboîtées : la supérieure, la médiane (en bambou et pouvant pivoter sur elle-même) et la partie inférieure, étant un poteau en bois.

L’on place au sommet un oiseau drongo (ordre des Passeriformes) en bois qui suit l’orientation du vent grâce au système pivotant, avec en dessous une bannière en bambou tressée teinte multicolore. La partie supérieure du mât est recouverte de fibres d’écorces tressées se terminant par des motifs floraux. Des lanières d’écorces couvrent aussi la section médiane où sont enfilées deux grandes fleurs stylisées, toujours sculptées en bambou. Le poteau à la base, ornée de dessins géométriques, porte un grand «plateau des divinités» richement décoré.

Au  musée d’ethnographie expose un mât, venu de la province de Quang Ngai, qui mesure environ 13 m dans son entier. Faute d’espace, sa base est présente à côté. Photo : Bùi Phuong/CVN

C’est dans ce plateau que l’on retrouve toute l’ingéniosité des sculpteurs. Les Cor essaient d’y mettre des objets sculptés symboliques assez variés qui servent à illustrer leur vie quotidienne et la nature, notamment la forêt, les animaux, etc. Des petits trous sont percés sur le bord pour attacher des ficelles faites à partir d’écorces d’arbres teintes multicolores.

Le plateau des divinités, partie richement décorée du mât.
Photo : Bùi Phuong/CVN

Pendant les jours de fête, les Cor improvisent aussi des chants racontant la forme du mât rituel, les travaux de sa fabrication ainsi que la signification des symboles et des ornements qu’il laisse apparaître. Une preuve supplémentaire du rôle et de l’importance de cet ouvrage dans la vie culturelle de cette ethnie.

Selon un recensement datant de 2009, l’ethnie Cor totalise près de 33.817 personnes, réparties dans 25 des 63 villes et provinces du Vietnam. Les Cor résident essentiellement dans les provinces centrales de Quang Ngai, Quang Nam, (Centre) et Kon Tum (hauts plateaux du Centre). Ils vivent principalement de la culture du maïs, du riz, du manioc et de la cannelle.

   

Linh Thao/CVN

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