>>La sécurité alimentaire, un des grands enjeux
Le 25 mars, le chef du gouvernement a ordonné la suspension provisoire de la signature de nouveaux contrats d’exportation de riz. |
Photo : Vu Sinh/VNA/CVN |
"L’exportation de riz est notre point fort. Mais dans le contexte actuel, les ventes de riz à l’étranger doivent être placées sous contrôle en vue d’assurer la sécurité alimentaire de notre pays", a souligné le Premier ministre Nguyên Xuân Phuc lors d’une réunion permanente du gouvernement sur la sécurité alimentaire, tenue fin mars à Hanoï.
Il a demandé au ministre de l’Industrie et du Commerce de lui soumettre, avant le 5 avril, un rapport sur les exportations de riz, dans lequel seront précisés les avis des ministères concernés et les calculs prudents pour garantir absolument la consommation intérieure en toutes circonstances, en particulier dans le contexte de conditions météorologiques défavorables et de pandémie de COVID-19.
Suspension de la signature de nouveaux contrats
Comprenant bien que la production rizicole a le vent en poupe cette année et que les agriculteurs profitent d’une récolte exceptionnelle avec des prix de vente élevés malgré des conditions météorologiques difficiles, en particulier dans le delta du Mékong, le chef du gouvernement a souligné cependant la nécessité d’assurer la sécurité alimentaire de la population, ainsi que des réserves abondantes pour la mise en œuvre d’autres missions. Il a demandé au ministère des Finances d’acheter immédiatement 190.000 tonnes de riz, 90.000 tonnes de paddy ou plus pour le stockage national en vue de répondre à la demande dans les cas d’urgence.
Pour rappel, depuis le 25 mars, le chef du gouvernement a ordonné la suspension provisoire de la signature de nouveaux contrats d’exportation de riz et a demandé aux ministères de l’Industrie et du Commerce, des Finances, de l’Agriculture et du Développement rural, de réviser ainsi qu’évaluer directement et précisément le stockage, la production éventuelle et les contrats d’exportation afin de soumettre un rapport précis pour que le gouvernement puisse prendre la décision sur la régulation des activités d’exportation. Le ministère de l’Industrie et du Commerce s’est vu confier la mission de se coordonner avec les deux ministères susmentionnés pour l’organisation d’une mission d’inspection interministérielle afin de travailler avec les localités et les grandes entreprises exportatrices.
Suite à sa directive, une mission interministérielle s’est ainsi rendue sur place. À l’issue de cette inspection, le ministère de l’Industrie et du Commerce a affirmé, dans sa circulaire envoyée au chef du gouvernement, qu’après des calculs minutieux pour assurer la sécurité alimentaire, les exportations de riz peuvent se poursuivre à condition qu’elles soient placées sous contrôle strict en termes de quantité chaque mois, à commencer par les mois d’avril et mai. D’après ce ministère, le volume autorisé pour ces deux mois serait d’environ 800.000 tonnes, en baisse de 40% par rapport aux mêmes mois de l’an passé.
Le ministère de l’Industrie et du Commerce a affirmé que pour assurer la sécurité alimentaire en avril et mai, le Département de la réserve nationale devrait acheter environ 300.000 tonnes stockées. En outre, le ministère a prévu une réserve de 400.000 tonnes supplémentaires. Ainsi, le stock national sera de 700.000 tonnes pour la consommation intérieure entre avril et mai, avant la récolte d’été-automne. Avec ce stock, chaque Vietnamien aura 7,3 kg de riz supplémentaires en avril et mai.
Des stocks abondants
Lors de la séance de travail avec cette mission interministérielle le 26 mars à Hô Chi Minh-Ville, l’Association des vivres du Vietnam (AVV) a affirmé que l’offre nationale et le stockage dans les entreprises "sont assez abondants" et suffisent à garantir la sécurité alimentaire ainsi que l’exportation. Elle a ainsi demandé une reprise de l’exportation.
Selon Dô Hà Nam, vice-président de l’AVV, "les entreprises et l’AVV ont proposé au ministère de l’Industrie et du Commerce de suggérer au gouvernement de reprendre les exportations de riz au plus tôt. Bien sûr, dans le contexte de pandémie de COVID-19 qui évolue de manière très complexe au niveau mondial, la signature de nouveaux contrats nécessite également des contrôles plus stricts afin d’harmoniser, en même temps, les exportations et la garantie de la sécurité alimentaire du pays".
Stock de riz à la compagnie Sông Hâu Foods, dans la ville de Cân Tho (delta du Mékong). |
Pour sa part, Lê Thanh Tùng, directeur adjoint du Département de la production végétale du ministère de l’Agriculture et du Développement rural, partage le point de vue de son ministère émis dans le rapport envoyé au Premier ministre sur la situation de production et la capacité d’exportation de riz du pays en 2020. Selon ce rapport, le Vietnam est capable d’exporter de 6,5 à 6,7 millions de tonnes de riz de toutes sortes.
"Le ministère s’est basé sur la situation de production réelle, et a évalué les impacts de la sécheresse et de l’intrusion saline sur la production pour obtenir ce chiffre. Par conséquent, la proposition des entreprises de reprendre les exportations est raisonnable", a-t-il déclaré.
Sur les deux premiers mois de 2020, les exportations nationales de riz ont fortement augmenté tant en valeur qu’en quantité, alors que les exportations de nombreux autres produits agricoles ont chuté. Considéré comme l’un des produits d’exportation les moins touchés par l’épidémie, en janvier et février, les exportations nationales de riz ont connu une hausse tant en volume qu’en valeur en glissement annuel. Selon le Département général des statistiques, ces deux premiers mois, 900.000 tonnes de riz de toutes sortes ont été exportées, en hausse de 27% en volume par rapport à la même période de l’an dernier.
Selon le ministre de l’Industrie et du Commerce, Trân Quôc Khanh, actuellement, le plus grand marché de riz du Vietnam est les Philippines, suivi de la Malaisie, puis de l’Irak et de certains pays africains. Pour le marché chinois, les exportations au cours des deux premiers mois de l’année n’ont atteint que 66.000 tonnes, une petite quantité par rapport aux ventes totales.
Linh Thao/CVN