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Le Premier ministre Édouard Philippe (centre) à l'Assemblée nationale aux côtés du ministre de l'Éducation, Jean-Michel Blanquer (droite), lors d'une séance de questions le 21 avril 2020 à Paris. |
Port du masque ou non dans les transports, retour à l'école volontaire ou échelonné, commerces rouverts partout ou seulement dans certaines régions : autant de questions auxquelles le gouvernement doit encore répondre avant la présentation de son plan pour déconfiner les Français, sans doute autour de mardi 28 avril.
D'autant que les pistes évoquées cette semaine dans des directions suffisamment divergentes ont eu tendance à semer la confusion.
Une certitude, ce plan met en première ligne les élus locaux, consultés jeudi 23 et vendredi 24 avril par le Premier ministre Édouard Philippe et qui seront à nouveau reçus lundi 27 avril par la ministre de la Cohésion des territoires, Jacqueline Gourault.
Dans cette perspective, Édouard Philippe doit tenir "plusieurs réunions de travail durant le week-end sur les sujets prioritaires", dont la distribution des masques, les tests ou les transports.
Et le 5 mai, l'Assemblée nationale débattra du déconfinement, selon des sources parlementaires.
En attendant, l'éxécutif s'est employé à rassurer les secteurs parmi les plus touchés par l'épidémie de coronavirus et ses conséquences économiques.
Dix milliards d'euros
Vendredi 24 avril, le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, a promis une aide massive pour la compagnie Air France, précédant l'annonce par le gouvernement néerlandais d'une aide toute aussi importante pour la compagnie KLM. Il a également évoqué une aide de cinq milliards d'euros pour le groupe automobile Renault.
Photo d'archives prise le 12 octobre 2015 montrant le logo de la compagnie aérienne Air France. |
Au total, ce sont quelque dix milliards d'euros dont bénéficiera le groupe aérien franco-néerlandais Air France-KLM, à condition toutefois, écologie oblige, de devenir "la compagnie aérienne la plus respectueuse de l'environnement de la planète".
Il n'est pas certain que cela suffise à apaiser les craintes des écologistes. Le gouvernement doit se poser la question de la relance "comme avant, coûte que coûte" de certains secteurs, notamment l'aérien, avait ainsi mis en garde dès mardi Corinne Le Quéré, présidente du Haut Conseil pour le climat, un organisme indépendant créé par Emmanuel Macron.
Ce dernier s'est également efforcé vendredi de rassurer un autre secteur, paralysé depuis plus de deux mois en raison du confinement, celui des restaurants, bars ou hôtels, lors d'une visioconférence avec leurs représentants.
"Décision finale"
L'accès au Fonds de solidarité sera élargi, à compter du 1er juin, aux entreprises employant jusqu'à 20 salariés et réalisant jusqu'à 2 millions d'euros de chiffre d'affaires, contre 10 salariés et 1 million de chiffre d'affaires pour l'ensemble des TPE. Le montant de l'aide sera doublé à 10.000 euros au maximum.
En revanche, la filière, à l'arrêt depuis le 15 mars, devra attendre la fin mai pour connaître la "décision finale" du gouvernement sur la réouverture des portes. Bruno Le Maire a mis en garde contre toute "précipitation" faisant courir le risque d'une deuxième vague épidémique.
Un bar restaurant fermé le 22 avril 2020 à Paris. |
"S'il y a une relative sérénité" dans l'évolution de l'épidémie, une telle réouverture pourrait avoir lieu "entre le 2 juin et le 20 juin", a estimé le chef multi-étoilé Alain Ducasse, joint par l'AFP après avoir participé cette réunion.
"Ce virus n'aime pas l'art de vivre à la française (…) parce qu'il se propage essentiellement par contact humain", avait estimé le président Emmanuel Macron au début de l'échange.
À moins de trois semaines du début de la levée progressive du confinement, le 11 mai, l'épidémie de coronavirus a fait 22.245 morts en France, avec 389 nouveaux décès enregistrés en 24 heures, mais le nombe de patients hospitalisés en réanimation poursuit sa baisse, continue depuis 16 jours, a assuré vendredi 24 avril le directeur général de la santé, Jérôme Salomon.
Les personnels soignants continuent touefois à payer un lourd tribut.
Le docteur Kabkéo Souvanlasy, réfugié du Laos et médecin généraliste en Seine-Saint-Denis depuis 33 ans, a succombé au virus, laissant un "vide" dans un département qui manque cruellement de praticiens.
"Un grand Monsieur"
"Nous avons perdu un grand Monsieur, plein de bonté et d'humanité, qui s'est sacrifié pour sauver les autres !", a écrit une patiente sur la page Facebook ouverte en sa mémoire.
Et dans le Territoire de Belfort, c'est une aide-soignante de 52 ans qui est finalement morte après plusieurs semaines de rénimations, suscitant une vive émotion dans la région.
Depuis le début de l'épidémie, 25 professionnels de santé au moins sont décédés du Covid-19 en France.
En attendant le déconfinement, des entreprises ou artisans s'y préparent déjà. Les vendeurs de tissu ont ainsi été autorisés dès vendredi à rouvrir pour donner aux Français la matière première nécessaire à la fabrication de masques "maison".
Et les commerçants de neuf marchés parisiens couverts ont été autorisés vendredi à recourir à la vente à distance de leurs produits, soit par la livraison à domicile, soit par le retrait des commandes à l'entrée des marchés.
Le monde du football, impatient et très attendu, se prépare lui aussi. Les joueurs vont retourner dans leurs centres d'entraînement dès le 11 mai, pour y subir d'abord un bilan médial complet avant de retaper dans le ballon. Ce retour interviendra après une période d'inactivité de deux mois, une durée inédite dans une carrière professionnelle pour la plupart des joueurs (hors blessure).
Les clubs ont également poussé un ouf de soulagement après l'accord obtenu vendredi à l'issue d'un bras de fer entre la Ligue et ses diffuseurs Canal+ et beIN Sports. Ces derniers payeront bien les matches de L1 et de L2 déjà disputés, qu'ils refusaient de régler jusque-là, apportant plusieurs millions d'euros à des clubs parfois en grande difficulté financière.
En revanche, les commerçants et entreprises à Paris n'ont guère de quoi se réjouir après les derniers chiffres de la délinquance communiqués par la préfecture de police aux élus parisiens.
Les cambriolages dans les "établissements commerciaux et sociétés" ont bondi de plus de 50% au premier trimestre 2020, par rapport à 2019, selon la préfecture.
Le coronavirus donne aussi de l'imagination aux escrocs. A Metz (Grand Est), sept sites d'escroquerie utilisant la méthode du hameçonnage ont ainsi été fermés.