Retraites
Le gouvernement espère tourner la page mais la mobilisation se prolonge

Les syndicats opposés à la réforme des retraites ont affiché une détermination intacte mercredi 15 janvier, au 42e jour de mobilisation, en annonçant la poursuite de la grève et une nouvelle journée nationale de manifestations le 24 janvier, jour où le texte sera examiné en conseil des ministres, face à un gouvernement soucieux de montrer qu'il tourne la page.

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Manifestation de fonctionnaires contre le projet de réforme des retraites le 15 janvier à Paris.
Photo : AFP/VNA/CVN

Réunis en intersyndicale à la veille d'une 6e journée nationale de grèves et manifestations dans toute la France, les syndicats CFE-CGC, CGT, FO, FSU, Solidaires, MNL, Unef, UNL et FIDL ont appelé à "amplifier encore la mobilisation" la semaine prochaine. D'abord avec des actions les 22 et 23 janvier, sous forme de "retraites aux flambeaux" notamment, avant de "faire du vendredi 24 janvier, date du conseil des ministres qui devrait examiner le projet de loi, une journée massive de grève et de manifestation interprofessionnelle".

Il s'agira de la 7e depuis le début du mouvement, après celles des 5, 10 et 17 décembre, 9 et 11 janvier, qui ont vu progressivement s'éroder la participation aux manifestations, et de celle prévue jeudi 16 janvier partout en France.

Ports, métros, trains, raffineries, Banque de France, avocats... La mobilisation se poursuivait mercredi, à son 42e jour.

Parallèlement, le gouvernement, qui a modifié mardi 14 janvier son projet de loi retraites pour y intégrer le principe d'une "conférence de financement" chargée d'ici fin avril de trouver les moyens de garantir l'équilibre financier du système en 2027, s'est réuni en séminaire dans la foulée du Conseil des ministres.

Grève "sans issue"

À son issue, Édouard Philippe a jugé que la grève à la SNCF et à la RATP était "sans issue" et n'avait "que trop duré". Matignon a évalué, après une rencontre entre le Premier ministre et les dirigeants des deux entreprises publiques mercredi après-midi 15 janvier, que la grève leur avait coûté au total plus d'un milliard d'euros jusqu'à présent.

Le Premier ministre Edouard Philippe (centre), la ministre de la Santé Agnès Buzyn et le Haut commissaire à la réforme des retraites Laurent Pietraszewski (2e, droite) lors d'une réunion à l'Hôtel Matignon, le 10 janvier à Paris.
Photo : AFP/VNA/CVN

La situation dans les transports continue cependant de s'améliorer: La SNCF prévoit de faire circuler jeudi 16 janvier 90% de ses TGV et 80% des TER. Le taux de grévistes est retombé mercredi 15 janvier à 4,7%, soit proche du plus bas atteint lundi 13 janvier (4,3%), et environ un conducteur sur cinq concerné. À Paris, les métros rouleront également mieux, avec un trafic normal sur trois lignes, dont deux automatiques, et l'ensemble des lignes ouvertes mais perturbées.

L'exécutif a répondu à la demande des syndicats réformistes CFDT, Unsa et CFTC en acceptant de supprimer l'instauration dès 2022 d'un âge pivot (ou "âge d'équilibre") qui devait atteindre graduellement 64 ans en 2027 et être assorti d'un bonus-malus.

Il espère avoir ainsi "clos un chapitre important de la réforme des retraites", assure un conseiller. Il a publié à l'issue du séminaire un calendrier des principaux chantiers des prochains mois.

Parmi eux, le trajet du projet de loi retraites au Parlement devrait prendre temps et énergie à partir du 17 février. Déjà, le cadre de l'examen du texte est critiqué par les oppositions de gauche et de droite. Mercredi 15 janvier, le chef de file de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, a fustigé le refus par le PS et le PCF de la proposition insoumise de motion de censure à l'Assemblée nationale, disant être "tombé de l'arbre".

Le Medef a de son côté demandé mercredi 15 janvier au gouvernement "tous les chiffrages relatifs aux retraites" avant de participer à la conférence de financement, qui doit commencer fin janvier, et rappelé qu'il privilégiait la solution d'un "âge d'équilibre".

Une solution qui a également la faveur du Premier ministre : il a estimé mardi 14 janvier que les partenaires sociaux ne pourraient pas faire l'économie d'une mesure d'âge pour respecter leur promesse d'un déficit nul en 2027.

Ports à l'arrêt

En attendant, sans vraiment s'en cacher, le gouvernement compte sur l'affaiblissement de la grève, dont la Banque de France a estimé l'impact sur la croissance au quatrième trimestre 2019 à 0,1 point maximum.

Mais si la mobilisation baisse, le mouvement reste majoritairement soutenu par l'opinion publique. Selon un sondage Elabe publié mercredi 15 janvier pour BFMTV, 47% (-6 par rapport au 5 janvier) des Français approuvent la mobilisation, et 40% (+2) la désapprouvent.

Outre les transports, la mobilisation se poursuivait mercredi 15 janvier dans d'autres secteurs.

La grève continuait dans les sept grands ports maritimes français (Dunkerque, Le Havre, Rouen, Nantes-Saint-Nazaire, La Rochelle, Bordeaux et Marseille), à l'appel de la CGT.

À Marseille, un millier de passagers à destination d'Alger n'ont pas pu monter à bord de leur ferry, en raison de ces blocages.

Des agents de sécurité de la Banque de France et des opérateurs chargés du tri des billets étaient aussi en grève au centre fiduciaire de La Courneuve (Seine-Saint-Denis) et à la papeterie de Vic-Le-Comte (Puy-de-Dôme).

De leur côté, les avocats, qui multiplient les actions symboliques, ont obtenu du gouvernement le maintien d'"une caisse propre à leur profession", mais cet aménagement ne satisfait pas le Conseil national des barreaux.

AFP/VNA/CVN

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