Le français peut rayonner grâce aux diplomates

Le colloque "Formation des diplomates francophones en Asie du Sud-Est" a eu lieu le 4 novembre à l'Académie diplomatique de Hanoi. L'événement a réuni des représentants de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF), de l'Agence universitaire de la Francophonie (AUF), d'établissements de formation à la diplomatie de Chine, du Laos, du Cambodge, du Cameroun, du Canada, de Roumanie et du Vietnam.

Les participants ont échangé des expériences et réflexions sur la formation des diplomates francophones en Asie du Sud-Est, précisément au Cambodge, au Laos, en Chine et au Vietnam. Ils ont partagé des expériences dans les modèles de sélection des étudiants, futurs diplomates de différents pays, la détermination du rôle du français dans cette sélection. La formation des diplomates fran- cophones dans d'autres régions du monde (en Afrique centrale, en Amérique du Nord et en Europe) a également été abordée.

Nous publions ci-après de larges extraits de l'allocution de la directrice régionale de l'OIF pour l'Asie et le Pacifique, Anissa Barrak (photo ci-contre).

“Je salue l'Académie diplomatique du Vietnam pour avoir réuni cet auditoire autour d'un sujet lié à l'une des priorités de la Francophonie : le maintien de la langue française comme langue des relations internationales. Celui-ci est, comme vous le savez, tributaire d'abord de la capacité des diplomates des Etats et gouvernements de la Francophonie à s'exprimer en français et à l'utiliser comme langue de communication et de négociation dans les enceintes internationales. Mais tributaire aussi du respect par ces institutions de son statut de langue officielle et de travail tel que le stipulent leurs charte et règlement.

Le recul de l'usage du français dans les enceintes internationales a été constaté par le dernier Rapport sur la langue française dans le monde, et ce, malgré son statut de langue officielle et de travail dans les principales d'entre elles.

Le secrétaire général de la Francophonie, le président Abdou Diouf a réaffirmé voici quelques jours, plus précisément le 19 octobre dernier à l'occasion des Etats généraux de la promotion du français dans le monde que (je le cite) "la Francophonie doit favoriser un nouvel équilibre linguistique mondial dans lequel il y aura place pour quelques grandes langues de communication internationale… Le français peut et doit figurer parmi ces grandes langues parce que la multipolarité linguistique est le plus sûr moyen d'enraciner harmonieusement et pacifiquement le concept de diversité culturelle. Cette multipolarité linguistique, a-t-il ajouté, est indissociable d'un multilatéralisme effectif et efficace, d'un monde véritablement multipolaire et d'une réelle démocratisation des relations internationales". (fin de citation).

Cette vision traduit l'engagement de la Francophonie pour la diversité culturelle et linguistique : à l'intérieur de l'espace francophone, dans une articulation harmonieuse entre les langues nationales et locales et la langue française en partage, aussi bien qu'à l'échelle internationale avec le dialogue établi et entretenu par la Francophonie, avec les autres grandes aires linguistiques : hispanophone, lusophone, anglophone et arabophone.

Au sein des organisations internationales vouées par essence au dialogue et à la négociation, pour les États et gouvernements de la Francophonie qui ont décidé d'agir ensemble sur les plans politiques et de la coopération, faire usage d'une seule langue ne peut que participer à l'appauvrissement de ce dialogue et concourir à l'uniformisation des expressions, uniformisation unanimement décriée comme antinomique avec la diversité culturelle et linguistique qui distingue la communauté humaine.

Mesdames et messieurs, je vous invite à garder à l'esprit que :

- la langue française, langue officielle de 32 États et gouvernements de par le monde dont la grande majorité appartient au continent africain, est aussi la deuxième langue maternelle la plus parlée au sein de l'Union européenne (16%) après l'allemand (23%) et devant l'anglais (15,9%) ;

- plus 30 pays sur les 53 membres de l'Union africaine sont francophones membres de l'OIF, soit plus de la moitié ; le français y est bien sûr langue officielle et de travail ;

- sur les 27 Etats de l'Union européenne,

15 appartiennent à l'OIF ;

- Si l'on sait que le français est langue officielle et de travail dans les organisations du système des Nations unies et à la Cour internationale de justice où le français fait foi en cas de litige sur l'interprétation des textes, rares sont ceux qui savent qu'il est aussi langue officielle dans quatre organisations interaméricaines : l'Organisation des Etats américains, la Banque interaméricaine de Développement ; la Confédération parlementaire des Amériques et le Forum interparlementaire des Amériques. Il a également ce statut au sein de l'Accord du libre échange nord-américain (Aléna) et l'Association des Etats de la Caraïbe.

En rappelant ces quelques chiffres et vérités, on comprend mieux pourquoi l'Organisation internationale de la Francophonie a décidé d'agir : elle agit - non seulement parce que la langue française constitue son socle commun, mais aussi parce que l'usage de la langue française dans les relations internationales est une nécessité faute de quoi les diplomates et acteurs des relations internationales locuteurs de français risquent d'être marginalisés, ; elle agit par conviction, en cohérence avec son engagement pour la promotion de la diversité des expressions culturelles et pour la démocratisation des relations internationales.

Les chefs d'État et de gouvernement se sont engagés au Sommet de la Francophonie à Bucarest en 2006, au plein respect du statut du français comme langue de travail dans les organisations dont ils sont membres, à travers l'adoption d'un "Vade-mecum pour l'usage de la langue française dans les organisations internationales". Leurs représentants et délégués sont appelés :

là s'exprimer en français quand l'usage de leur langue nationale n'est pas possible,

là demander que l'interprétation simultanée des interventions en français soit assurée,

là exiger que la documentation et les publications, y compris électroniques soient disponibles en français.

Des efforts volontaristes sont donc déployés par l'OIF pour maintenir et renforcer le français comme langue officielle et de travail dans les organisations internationales et de coopération multilatérale. Des accords sont passés avec ces institutions pour que le statut du français soit respecté dans les réunions et pour que les documents et publications soient disponibles en français. Un suivi rigoureux pour l'application des règles linguistiques qui régissent ces organisations concerne également le recrutement et la promotion des fonctionnaires en fonction de leur connaissance linguistique. Des actions de sensibilisation des services de presse et d'information sont menées. Ces initiatives concrètes viennent appuyer une intervention politique au plus haut niveau auprès des Organisations internationales.

Les groupes d'ambassadeurs francophones auprès des organisations du système des Nations unies et d'autres organisations internationales ainsi que des réseaux de fonctionnaires francophones sont mobilisés pour veiller à l'usage et la présence du français.

Des formations au français des relations internationales sont organisées à l'intention des diplomates et fonctionnaires dans les organisations régionales où le français est langue officielle ou de travail. Dans les institutions européennes, le programme de formation mis en place depuis 2002 se poursuit et s'intensifie à l'intention des représentants des pays de la Francophonie où le français n'est pas langue officielle en particulier aux diplomates et fonctionnaires en charge des questions multilatérales dans les ministères et dans les représentations permanentes des Etats auprès de l'UE à Bruxelles.

Ce sont au total 70 000 personnes formées depuis 2002 auxquels s'ajouteront 40 000 nouveaux bénéficiaires d'ici 2013.

Dans les organisations africaines, un programme de renforcement du français est destiné aux diplomates, fonctionnaires et per- sonnel anglophones et lusophones. Les stages et séminaires linguistiques sont conçus et organisés pour renforcer les capacités de travail et de négociation des bénéficiaires. Ils sont adaptés au mieux aux besoins spécifiques des différents publics

Enfin, pour faciliter le travail quotidien en français dans l'environnement multilingue des organisations internationales, des outils didactiques sont élaborés et mis à disposition des diplomates, fonctionnaires et personnels concernés.

Des manuels de formation et d'information sur l'enseignement du français de la diplomatie et des relations internationales,

Des logiciels d'aide à la traduction assistée par ordinateur,

Des abonnements à des banques de données documentaires en français,

Une banque de terminologie plurilingue avec les autres espaces linguistiques hispanophone, lusophone et arabophone.

La langue française dispose d'une place reconnue dans le cursus de formation de l'Académie diplomatique de Hanoi qui forme chaque année des centaines de diplomates et cadres des relations internationales. Le ministère des Affaires étrangères du Vietnam et l'Organisation internationale de la Francophonie sont convenus d'aller encore plus loin dans la formation des diplomates et des futurs diplomates vietnamiens et ressortissants des autres pays de la région.

Dans les jours qui viennent, les responsables de l'Académie diplomatique de Hanoi et les experts de l'OIF se pencheront sur cette future collaboration. J'espère que les actions développées par l'OIF que je viens de vous exposer offriront à l'Académie matière à élargir la place du français en son sein, et aux étudiants de l'Académie à s'outiller pour mieux dialoguer et coopérer avec l'ensemble des États et gouvernements francophones ainsi qu'à multiplier leurs chances d'intégrer la carrière de fonctionnaires internationaux”.

CVN

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