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Younn Locard (gauche) et Florent Grouazel, le 1er février à Angoulême |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Ce choix résonne particulièrement alors que les dessinateurs et scénaristes de BD ont de plus en plus de mal à vivre de leurs planches et réclament une amélioration de leur situation économique et sociale. Édité chez Actes Sud/L'An 2, Révolution, album ambitieux et remarquablement documenté (336 pages, 26 euros), sorti en janvier 2019, constitue la première partie d'une trilogie consacrée à la Révolution.
Écrit et dessiné par Florent Grouazel, 33 ans et Younn Locard, 36 ans, qui alternent toutes les 15 ou 20 pages, ce premier volet (baptisé Liberté) retrace les événements survenus entre les mois de mai et octobre 1789 alors que la capitale est plongée dans le tumulte des États généraux et que l'opinion est encore soudée autour de la personne du Roi.
Il est peu courant dans une même bande dessinée d'avoir des styles graphiques différents mais les deux auteurs, passés par l'institut Saint-Luc de Bruxelles, véritable pépinière de talents dans le domaine de la BD, parviennent à rendre fluide la lecture de leur album. On parvient sans peine à reconnaître les personnages principaux. Les dessins ont été réalisé à la plume avec de l'encre de Chine, les couleurs sont simples et épurés.
On voit passer Marat, Lafayette, Robespierre mais cette histoire passionnante de la Révolution française se veut aux côtés du peuple.
On suit ainsi une gamine des rues, un journaliste pamphlétaire et agitateur, deux aristocrates jumeaux montés de leur Bretagne natale, une poissonnière des Halles, un philosophe anglais... Comment s'invente dans le tumulte de nouvelles manières de vivre et de lutter ? Quel usage faire de soi-même au sein d'une telle époque? Chacun des personnages essaie, jour après jour, dans l'irrésolution généralisée, d'apporter sa réponse personnelle à ces questions.
On ne peut évidemment pas s'empêcher de dresser un parallèle avec le mouvement des "gilets jaunes" (qui n'avait pas commencé quand les deux auteurs ont entamé leur fresque). Interrogé sur cette coïncidence, les deux dessinateurs expliquent qu'"il est troublant de voir à quel point ces mouvements se ressemblent... Des gens tentent de faire porter leurs revendications et personne ne les a vus venir".