Lê Duc Duân, lauréat au concours d’entrée à l’Université de pharmacie

Son père et son frère sont morts du cancer, sa mère est souvent malade, et l’élève Lê Duc Duân ne dispose que de vieux vêtements et d’une bicyclette sans pédales. Une fatalité ? Certainement pas, puisqu’il n’est autre que le lauréat du concours d’entrée à l’Université de pharmacie, avec 29 points sur 30 possibles. Portrait.

Le lauréat au concours d’entrée à l’Université de pharmacie.

Lê Duc Duân habite au village Nhi Khê, commune Hoàng Long, à Phu Xuyên (Hanoi) dans une bicoque miteuse au bout du village. C’est à chaque fois le même rituel : dès qu’un visiteur franchit le pas de la porte, Mme Thu, sa mère, prépare du thé. Elle raconte que ces derniers jours, depuis que Duân est devenu le lauréat au concours d’entrée à l’Université de pharmacie, sa famille accueille une foule de visiteurs. C’est pour quoi, une fois n’est pas coutume, elle a acheté du thé.

Les larmes aux yeux, cette femme de 50 ans est on ne peut plus fière de son enfant. Malgré ses conditions de vie difficiles, Duân s’investit énormément dans ses études. Mal vêtu, ses voisins disent de lui qu’il possède plus de satisfécits que d’habits.

Le premier lauréat de l’Université de la pharmacie est un petit jeune homme de... 38 kg. Pour ses trois années au lycée, Duân n’avait en tout et pour tout que deux chemises blanches pour l’été et deux blousons pour l’hiver. Ses pantalons, ternis et râpés par l’usure, sont ceux qu’ils portent depuis le collège. Ses nouvelles sandales sont un cadeau de son cousin.

Duân était dans la classe 12A1 du lycée Dông Quan, à plus de 10 km de chez lui. Chaque jour, il devait se lever très tôt pour préparer son repas - à base de riz accompagné de tofu et de légumes, la viande et le poisson étant un luxe - et l’emporter à l’école.

Depuis une dizaine d’années, Duân se rend à l’école avec son vieux vélo. Il est arrivé de nombreuses fois en retard en raisons d’avaries diverses durant le trajet. «Ma grand-mère m’a offert ce vélo quand j’étais en 3e classe (CE2). Elle m’a dit qu’autrefois, mon père utilisait ce vélo».

Malgré ses conditions de vie difficile, Duân n’a jamais nourri de complexe d’infériorité. Il invitait ses amis chez lui qui lui demandaient, taquins mais sans méchanceté aucune, s’il était tombé, étant donné l’état de sa chemise.

Au lycée, ses professeurs le prenaient en sympathie, le dispensant des frais d’études et lui offrant livres et cahiers.

Apprendre pour trouverun remède à sa mère

Chez Duân, il n’y a aucun objet de valeur. La toiture de la petite maison familiale est percée, les deux lits datent de 1980 et les nattes disposées dessus sont en lambeaux, la télévision est souvent en panne, la peinture des murs est décollée... Et Duân étudie dans un petit coin sur une vieille table fabriquée avec les chutes de bois du manguier de son jardin.

Lê Duc Duân en compagnie de sa mère.

Sur le mur, une horloge indique l’heure. Un objet acheté grâce à une partie de la bourse de sept millions de dôngs que Duân a obtenue en terminale. «Je n’avais jamais eu entre les mains une telle somme», partage la mère de Duân qui a ensuite utilisé cet argent pour acheter ce dont elle et son fils avaient besoin et s’acquitter de ses dettes.

Le frère de Duân en l’an 2000, mais aussi son père en 2005 ont tous deux été emportés par le cancer. Et sa famille n’a toujours pas pu rembourser les 20 millions de dôngs réclamés pour les frais d’hospitalisation. Sa mère est également en mauvaise santé, mais sans argent pour se faire prescrire des médicaments, elle ne boit que du jus de curcuma dans l’espoir d’être en meilleure forme.

«Je veux entrer à l’Université de pharmacie pour faire de la recherche médicale afin de guérir ma mère et les villageois malades», exprime Duân. Un désir qu’il nourrit depuis petit, quand il a appris que son père, puis son frère souffraient de cette terrible maladie qu’est le cancer.

En 6e classe, il voulait abandonner ses études pour entrer dans la vie active, mais «ma mère m’a dit que seules les études pouvaient nous aider à sortir de la misère». Et bien lui en pris, tant ses résultats parlent pour lui. Jugez plutôt : 2e prix du concours national des meilleurs élèves en maths en terminale, 1er prix du concours de physique et 2e prix de mathématiques en 11e classe (1re) de son lycée.

Une fois les concours d’entrée à l’université terminés, Duân n’aurait jamais imaginé atteindre les 29 points et être le lauréat du concours ! Quelle joie lorsque son cousin lui a annoncé cette nouvelle !

Pour aider sa mère, en plus des travaux des champs, Duân exerce un métier supplémentaire. Même si ce n’est pas très rémunérateur, c’est toujours mieux que rien. «Récemment, des hommes du cœur m’ont offert de nouveaux vêtements et un vélo», se réjouit Duân. À l’université, il cherchera un emploi pour aider sa mère, inquiet de devoir étudier loin de chez lui, sans la possibilité de veiller sur elle.

Hà Minh/CVN

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