>>Des objets anciens représentant le dragon au Musée national d’histoire
>>Le dragon ou le cœur et l’âme des Vietnamiens
Pour les Vietnamiens, le dragon est un animal sacré, doté de pouvoirs extraordinaires. |
Depuis la fin de la Seconde guerre mondiale, avec l’émergence de l’Asie orientale sur la scène internationale, les médias emploient de plus en plus l’image du dragon pour désigner la Chine et les pays anciennement influencés par la culture chinoise. Mais si tous ces pays ont en commun le mythe immémorial du dragon, seul le Vietnam se réclame du Dragon comme ancêtre et honore sa capitale du nom de l’animal fabuleux.
Enfants du Dragon et de l’Immortelle
Plusieurs mythes vietnamiens, nés sans doute dès l’âge du bronze dans le bassin du fleuve Rouge, ont marqué la formation de l’identité culturelle et nationale Viêt avant l’impact de la culture chinoise. Au fil des trois derniers millénaires, ils n’ont cessé d’inspirer l’histoire.
Les Viêt se sont toujours désignés comme Con Rông cháu Tiên (Enfants du Dragon et de l’Immortelle). Cette tradition a été transcrite, pour la première fois, dans deux œuvres qui datent du XVe siècle : le Recueil d’histoire étrangers du Linh Nam (Linh Nam chích quái) et le Traité général de l’Histoire du Đai Viêt (Đai Viêt su ký toàn thu). Les auteurs ont sans doute remodelé quelque peu l’intrigue pour la rendre conforme à leurs conceptions confucéennes, c’est-à-dire patriarcales et autoritaires alors que le contexte "pré-chinois" était teinté plutôt de matriarcat et d’égalitarisme. Le mythe du Dragon et de l’Immortelle a toujours été présent dans la lutte contre les agressions étrangères, chinoise et française.
La danse du dragon, très populaire, est un trait culturel des Vietnamiens. |
Photo : VNA/CVN |
Voici en résumé une version populaire de l’origine mythique du peuple Viêt.
Il y a très longtemps vivait au Pays de Linh Nam (Sud de la Chaîne limitrophe = l’ancien Vietnam) un roi magicien, Kinh Duong Vuong, qui marchait aussi bien sur les eaux que sur la terre ferme. Au cours d’une promenade sur un lac, il rencontra Long Nu (la Fille Dragon), enfant de Long Vuong (le Roi Dragon), qu’il épousa. De leur union naquit un héros herculéen qui devait monter sur le trône sous le nom de Lac Long Quân (Dragon, Roi du Pays des tribus Viêt appelées Lac).
Le premier roi de la nation
Lac Long Quân parcourut le Linh Nam pour y rétablir la paix et l’ordre troublés par des monstres démoniaques. Dans les mers du Sud, il tua le gigantesque Poisson-Démon, lui tranchant le corps en trois morceaux. La queue devint l’île actuelle Bach Long Vi (Queue du Dragon banc) au sud de la baie de Ha Long. Lac Long Quân anéantit dans une grotte le Renard à neuf queues qui avait souvent emprunté une forme humaine pour enlever des jeunes filles et les violer dans son repaire. La grotte s’affaissa pour devenir l’actuel lac de l’Ouest à Hanoï.
À cette époque-là, un chef du Nord, accompagné de sa jolie fille Âu Co envahit le pays. Lac Long Quân enleva la jeune fille et l’épousa, tandis que les troupes ennemies se retiraient. La reine accoucha d’un bulbe qui renfermait cent œufs : au bout de sept jours, les œufs donnèrent chacun naissance à un garçon. Ces enfants grandirent étrangement vite et devinrent de beaux jeunes hommes. Lac Long Quân déclara alors à sa femme : "Je suis de la race des Dragon habitant la mer, tu es de la race des Immortels habitant la montagne. Le temps est venu de notre séparation. Toi, tu vas rejoindre la montagne avec cinquante de nos fils. Moi, j’irai vers la mer avec les cinquante autres".
Les époux divins partirent chacun de leur côté, fondant chacun un domaine : une partie du peuple vécut dans la plaine et sur le littoral, l’autre dans les hautes régions. La mère apprit à ses fils à défricher les pentes pour y planter le riz, à confectionner des gâteaux avec de la farine, à cultiver le mûrier pour élever les vers à soie. Le fils aîné monta sur le trône sous le nom de Hùng Vuong, inaugurant une lignée de 18 souverains de la dynastie Hông Bàng. Un temple a été érigé à leur mémoire dans la province de Phu Tho, sur la rive gauche du fleuve Rouge.