Examen d’un patient à l’Hôpital ophtalmologique Vietnam-Japon, à Hanoi. |
Ancienne base de la révolution durant les résistances anti-française et anti-américaine (1945-1975), la commune de Lôc Vinh fait parler d’elle aujourd’hui comme unité pionnière dans le mouvement national d’«offre de cornées en faveur des aveugles». Les autochtones, à la forte fibre patriotique, font preuve d’une philanthropie exemplaire, bien que leur vie quotidienne demeure encore peu aisée. Nombreux sont les villageois qui ont participé volontairement aux activités humanitaires déployées de par le pays, dont la campagne nationale de don du sang (déclenché en 2003) et celle de cornée (en 2009).
«La commune de Lôc Vinh est toujours la première à faire écho à ces campagnes d’actions humanitaires», observe Huynh Van Tiên, un responsable de la Croix Rouge de la province de Thua Thiên-Huê. Et de rappeler que dès le déclenchement de la campagne de don du sang, des centaines d’habitants de tout âge de Lôc Vinh étaient venus en offrir. Les statistiques montrent que cette localité dépasse toujours de loin son plan annuel en ce qui concerne le nombre des donneurs de sang (de l’ordre de 150% - 200%).
La générosité, ils ont ça dans le sang
Parmi ces généreux donneurs, nombreux sont les individus l’ayant fait cinq fois et plus, et les familles ayant trois générations participantes ne sont pas rares, comme en témoigne la famille de Nguyên Van Thông, au village de Dông An, avec cinq membres donneurs, et celle de Nguyên Thi Thuân, au village de Binh An, avec six membres se soumettant à ces opérations. Cette dernière, qui a soufflé cette année ses 72 bougies, est fière de faire partie des «pionniers» et des «fidèles» de cette campagne charitable. «Sauver des vies humaines est pour moi un +acte de foi+ des plus sacrés. Je veux être un exemple pour mes enfants et petits-enfants», confie-t-elle.
Hoàng Trong Tuyên, dont le nom figure déjà sur la liste des donneurs de cornées, semble bien saisir la situation. «Selon les médias, le pays compte actuellement quelque 300.000 non-voyants. À ce chiffre viennent s’ajouter chaque année environ 15.000 nouveaux aveugles. Or, seules 150 personnes promettent dans ce même laps de temps de donner leurs cornées. Savez-vous qu’un donneur peut rendre la vue à deux aveugles ? Un double bienfait à faire ! Et pourquoi pas ?», insiste-t-il.
La famille de M. Trân Diên et Mme Lê Thi Tâm est exemplaire dans le mouvement d’«offre de cornées en faveur des aveugles». |
Des couples en parfait accord
Lancée en 2009, la campagne de donation de cornées a reçu un large écho à Thua Thiên Huê, avec 1.528 inscriptions recensées à la fin de l’année 2010. À elle seule, la commune de Lôc Vinh en a compté 190. Chose remarquable : malgré les difficultés qui émaillent la vie, plusieurs couples sont en parfaite harmonie dans cette affaire humanitaire, et viennent ensemble s’inscrire sur la liste des donneurs de la commune.
M. Hoang Lôc, 84 ans, un des volontaires. CTV/CVN |
À Lôc Vinh, tout le monde connaît les deux époux Hoang Lôc (84 ans) et Nguyên Thi Thanh Hiên, tous deux vétérans de guerre. Depuis 30 ans, ils destinent régulièrement une partie de leur pension mensuelle à la caisse d’aide aux personnes en difficulté. Jamais ils n’ont manqué une opération de don du sang organisée dans la localité. «Pour prévenir une désapprobation éventuelle de nos enfants, nous avons fait un testament précisant notre souhait de faire don de nos cornées», écrit l’octogénaire lors de son inscription pour l’offre de cornées.
Trân Diên, 67 ans, et son épouse Lê Thi Tâm, 68 ans, qui vivent difficilement de la pêche en mer, ont eux aussi procédé à leur inscription dès le commencement de la campagne de l’offre de cornées. «Au début, nos enfants ont protesté contre notre décision. Peu à peu, ils ont pris conscience de la nécessité de cette action de cœur, et la soutiennent désormais sans équivoque», se souvient Trân Diên. Lôc Vinh enregistre aussi l’inscription d’adultes dans la fleur de l’âge. Pour le président du Comité populaire de la commune de Lôc Vinh, Bui Ngoc Ga, c’est là «une source de joie et de fierté pour cette localité modeste dont les habitants sont pour l’essentiel agriculteurs, pêcheurs et travailleurs manuels».
Nghia Dàn/CVN