Le documentaire vietnamien cherche sa voie

Le documentaire vietnamien a toujours eu une place de choix dans le paysage cinématographique national. Mais comparé aux productions internationales, il pèche par un manque de créativité et d’audace, dans le choix des sujets et la façon de les traiter. Quelques avis d’experts.

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De nombreux documentaires vietnamiens ont laissé une trace profonde et contribué à refléter fidèlement la vie de la population vietnamienne, en temps de paix comme de guerre. On peut citer Nuoc vê Bac Hung Hai (L’eau retourne à Bac Hung Hai) du réalisateur Bùi Dinh Hac, Tiêng vi câm o My Lai (Le son du violon de My Lai), Chuyên tu tê (Une bonne affaire), Hà Nôi trong mat ai (Hanoi dans les yeux de tous) du réalisateur Trân Van Thuy…

Une scène du documentaire +Tiêng vi câm o My Lai+

Chuyên tu tê a remporté en 1988 la Colombe d'argent au Festival du documentaire de Leipzig et a même été surnommé "La bombe qui, du Vietnam, a explosé à Leipzig". Après, 10 grandes télévisions du monde ont acheté les droits de diffusion en Europe, au Japon, en Australie et aux États-Unis.

Ces dernières années, de jeunes réalisateurs ont aussi marqué de leur empreinte ce genre cinématographique. Mat troi den (Le soleil noir) de Truong Quê Chi a remporté un prix lors du festival international du court-métrage Oberhausen en Allemagne. Chuyên di cuoi cung cua chi Phung (Le dernier voyage de Mme Phung), du réalisateur Nguyên Thi Tham, a reçu une «Mention spéciale» lors du Festival du documentaire de l’ASEAN ChopShots 2014 à Jakarta (Indonésie).

Avis d’experts

Bien que le documentaire vietnamien ait enregistré quelques bons résultats, son développement n’est pas en phase avec celui du cinéma mondial. Selon des experts, le documentaire vietnamien pêche par un manque de créativité, traite trop souvent de sujets éculés, rarement de sujets de société «brûlants», clivants.

Selon le réalisateur Lê Hông Chuong, chef adjoint du Département du cinéma au ministère de la Culture, des Sports et du Tourisme, les réalisateurs vietnamiens doivent se rendre dans les festivals pour s’imprégner de nouveaux styles de traitement des sujets. «Il faut certes s’inspirer de ce qui se fait ailleurs, mais en restant ancré dans la culture nationale, pour garder le caractère du documentaire vietnamien», a-t-il ajouté.

Une scène du documentaire +Chuyên di cuoi cung cua chi Phung+ (Le dernier voyage de Mme

Selon le réalisateur Dào Thanh Tùng, directeur adjoint de la Sarl MTV du Studio central du film documentaire et scientifique du Vietnam, «il y a pas mal de réalisateurs de documentaires au Vietnam, mais peu ont un haut niveau. En plus, ils sont souvent hantés par les sujets de leurs prédécesseurs. Les sujets sensibles comme le sexe ou l’homosexualité ne sont jamais abordés».

«Les festivals du documentaire permettent aux jeunes réalisateurs d’échanger avec des réalisateurs internationaux, de découvrir d’autres façons d’aborder les sujets. Ils peuvent mieux comprendre la place du documentaire vietnamien», selon le jeune réalisateur Nguyên Sy Bang.

Investir dans les technologies

Le succès d’un documentaire ne dépend pas seulement du choix du sujet, la technique est aussi un facteur important. En Europe et en Amérique, les spectateurs ont l’habitude de regarder des images d’une très haute qualité. Aussi les producteurs et réalisateurs de documentaires vietnamiens doivent-ils améliorer leurs équipements. «C’est la clé pour un documentaire de haute qualité», a partagé le réalisateur allemand Arne Birkenstock.

Selon Almuth Meyer-Zollitsch, directrice de l'Institut Goethe à Hanoi, «la différence entre les producteurs de documentaires d’autrefois et actuels est de plus en plus nette, ce qui est une bonne chose. Les jeunes doivent s’émanciper de leurs aînés, explorer de nouvelles voies, faire preuve d’audace, bref quitter les sentiers battus».

Thuy Hà/CVN

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