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Quelques heures d'analyses ont suffi aux experts réunis dans un laboratoire militaire près de Toulouse (Sud-Ouest de la France) pour confirmer que le flaperon charrié par la mer a dérivé sur plusieurs milliers de kilomètres à partir de l'endroit de l'océan Indien où l'avion s'est abîmé, a affirmé Najib Razak au milieu de la nuit à Kuala Lumpur.
"Aujourd'hui, 515 jours après la disparition de l'avion, c'est le cœur lourd que je dois vous annoncer qu'une équipe internationale d'experts a conclu que le débris trouvé sur l'île de La Réunion provient effectivement (du Boeing) du vol MH370", a-t-il lâché.
Un débris d'un appareil retrouvé sur une plage de La Réunion le 29 juillet. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"Nous avons maintenant la preuve physique que, comme je l'ai annoncé le 24 mars l'année dernière, le vol MH370 s'est terminé de manière tragique dans le sud de l'océan Indien", a ajouté le chef du gouvernement.
Plus prudente, la justice française a préféré parler de "très fortes présomptions". La pièce "provient bien d'un Boeing 777, en raison de ses caractéristiques techniques" et la "documentation technique" communiquée par les représentants de la compagnie aérienne a permis d'effectuer "un rapprochement entre la pièce examinée par l'expert et le flaperon du Boeing 777 du vol MH 370 au regard de leurs caractéristiques techniques communes", a précisé Serge Mackowiak, procureur de la République adjoint de Paris, devant la presse. "C'est une avancée majeure", a de son côté réagi Malaysia Airlines.
La provenance de ce volet d'avion appelé flaperon faisait peu de doutes : les autorités malaisiennes avaient affirmé dès dimanche 2 août qu'il s'agissait d'une pièce de Boeing 777.
Or, depuis la mise en service du modèle en 1995, seuls deux autres Boeing 777 ont été impliqués dans des accidents mortels, tous deux intervenus loin de l'océan Indien.
'Récupérer la boîte noire'
L'annonce de cette percée dans l'enquête n'a pas suffi à apaiser certaines familles de victimes du vol MH370, qui exigent depuis 16 mois de savoir ce qu'il est advenu de leurs proches.
"Maintenant, je veux savoir où est la carlingue de l'avion pour que nous puissions en extraire les passagers et obtenir la boîte noire de manière à savoir ce qui s'est passé. Seul cela, pour nous, mettra un point final" à cette affaire, a déclaré Jacquita Gonzales dont le mari était un des membres de l'équipage.
Le Premier ministre malaisien Najib Razak s'adresse aux journalistes le 5 août à Kuala Lumpur sur les analyses concernant un débris d'avion retrouvé sur une plage de La Réunion. |
"Je ne suis toujours pas satisfait. Il reste tant de questions sans réponses, tant d'espaces vides dans le puzzle", a,quant à lui, dit Lee Khim Fatt, dont l'épouse était aussi un membre de l'équipage.
"Jusqu'à aujourd'hui, nous n'avons pas de réponses. Ne me montrez pas seulement un flaperon. Montrez m'en plus. Répondez aux questions", s'est-il exclamé devant la presse.
Après avoir démontré ce lien quasi-certain avec le vol MH370, l'expertise entamée mercredi après-midi dans un laboratoire militaire, à laquelle participent des experts français du Bureau d'enquêtes et d'analyses (BEA) et leurs homologues malaisiens, va se poursuivre.
Les experts travaillent "dans les meilleurs délais afin de pouvoir apporter une information complète et fiable le plus rapidement possible aux familles des victimes", a ajouté le procureur adjoint.
Reste notamment à rechercher des indices sur les causes de l'accident. L'avion a-t-il été détruit en vol ou s'est-il désintégré en percutant la surface de l'océan ?
Pour Gerry Soejatman, un expert travaillant à Jakarta, capitale de l'Indonésie, l'identification de ce débris d'avion représente une réelle avancée.
"Les gens veulent toutes les réponses mais soyons réalistes. Nous devrions être heureux d'avoir enfin trouvé quelque chose. Maintenant, nous savons à peu près où l'avion est sans doute tombé", a-t-il observé. "Et cela répond à de nombreuses questions. Cela élimine les théories du complot".
D'après certains chercheurs, l'espèce et l'âge des crustacés accrochés sur le volet ainsi que sur les restes d'une valise découverts sur la même plage que le morceau d'aile pourraient notamment permettre de déterminer combien de temps la pièce d'avion a séjourné dans l'eau, la température de cette eau, par où elle a cheminé.
Ce qui livrerait des indices sur une zone dans laquelle relancer la recherche d'éventuels autres débris, même si les autorités australiennes se sont dites "sûres" jeudi 5 août de chercher au bon endroit et de finir par y trouver le Boeing.
AFP/VNA/CVN