Le commerce international de l'ivoire reste interdit

La conférence mondiale sur la protection de la vie sauvage a réaffirmé lundi 3 octobre l'interdiction du commerce international de l'ivoire, sans réussir à trancher le débat qui divise ONG et pays africains sur les moyens de lutter contre le braconnage des éléphants.

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La conférence mondiale sur la protection de la vie sauvage a réaffirmé, le 3 octobre, l'interdiction du commerce international de l'ivoire.
Photo : AFP/VNA/CVN

Au terme de discussions acharnées, les délégués de la Convention internationale sur le commerce d'espèces sauvages menacées d'extinction (CITES), réunis à Johannesburg, ont refusé au Zimbabwe et à la Namibie l'autorisation de vendre "leur" ivoire à l'étranger.

Ces deux pays avaient sollicité le feu vert de la CITES pour écouler leurs réserves de défenses confisquées ou prélevées sur des pachydermes décédés de mort naturelle, afin de financer leurs programmes de protection.

Mais, dans un contexte de recrudescence importante du braconnage, leur requête a été rejetée à une forte majorité.

Quelque 110.000 éléphants africains ont été tués au cours de la dernière décennie, victimes du trafic d'ivoire, selon l'Union internationale pour la protection de la nature (UICN).

Le vote de lundi 3 octobre a été salué par une partie des associations de protection de la faune, qui refusent toute forme de commerce.

Le président Kenyatta a mis le feu le 30 avril 2016 dans le parc national de Nairobi, au Kenya, à la plus grande pile d'ivoire (10 pyramides) comprenant défenses d'éléphants, figurines en ivoire et cornes de rhinocéros
Photo : AFP/VNA/CVN

La proposition de la Namibie et du Zimbabwe "aurait pu ouvrir un véritable boulevard aux gangs criminels pour faire du blanchiment d'ivoire braconné", a réagi Ginette Hemley, du Fonds mondial pour la protection de la faune sauvage (WWF).

À l'inverse, les pays africains et organisations tenants d'une ouverture contrôlée du commerce ont confié leur préoccupation.

"Nous sommes très déçus", a expliqué le président de l'Association zimbabwéenne des organisateurs de safaris, Emmanuel Fundira, déplorant un "manque de considération pour les sans-voix".

À l'image de la controverse entre tenants et adversaires de la légalisation des drogues, le débat sur l'autorisation contrôlée de la vente de l'ivoire a pris à Johannesburg un tour très politique.

La Namibie et le Zimbabwe, bien sûr, mais aussi l'Afrique du Sud, ont violemment dénoncé les défenseurs occidentaux des animaux, les accusant de "dicter" aux Africains la façon dont ils doivent gérer leurs ressources.

"Tragédie"

"Chaque pays est souverain et les gens font leurs choix, mais nous n'apprécions pas que ces mêmes pays essaient de nous imposer leurs choix", a réagi la ministre zimbabwéenne de l'Environnement, Oppah Muchinguri, après le vote lundi 3 octobre.

Le commerce international de l'ivoire est interdit depuis 1989.

Quelque 110.000 éléphants africains ont été tués au cours de la dernière décennie, victimes du trafic d'ivoire, selon l'UICN.
Photo : AFP/VNA/CVN

Mais en 1997 et 2000, la Cites avait autorisé à titre exceptionnel le Botswana, la Namibie, l'Afrique du Sud et le Zimbabwe à vendre leurs stocks de défenses à la Chine et au Japon.

Pour ce faire, elle avait réduit le degré de protection dont bénéficient leurs populations de pachydermes en les faisant passer de l'annexe I (commerce totalement interdit) à l'annexe II (commerce limité accepté).

La question du classement a été reposée lundi 3 octobre, avec la proposition de refaire passer toutes les espèces d'éléphants dans l'annexe I.

Cette demande a toutefois été rejetée, provoquant l'inquiétude de certaines ONG. "C'est une tragédie pour les éléphants", a déploré le Fonds international pour le bien-être animal (IFAW).

À l'inverse le WWF et le Zimbabwe, dont la population d'éléphants a été moins décimée que dans d'autres pays, s'en sont réjouis.

Pour le WWF, le risque était grand que la Namibie se retire de la CITES en cas d'adoption de la proposition.

Un changement "aurait nui au Zimbabwe, qui a réussi à faire croître sa population et à s'assurer (...) que le produit de tout commerce visant les éléphants revenait aux populations locales", s'est félicitée la ministre zimbabwéenne de l'Environnement.

Loin de ce débat, Tom Milliken de l'ONG Traffic a jugé que le classement des éléphants n'avait finalement que "peu d'impact" sur leur survie. "Toute la protection théorique du monde ne compensera pas le mauvais respect des lois, la corruption rampante et l'inefficacité administrative", a-t-il tranché.

Comme pour l'ivoire, la CITES a rejeté lundi 3 octobre, à une écrasante majorité, une proposition controversée du Swaziland de commercialiser ses cornes de rhinocéros, qui s'arrachent jusqu'à 50.000 euros le kilo en Asie pour leurs vertus médicinales non prouvées scientifiquement.

Trois rhinocéros sont tués chaque jour pour leurs cornes, selon le WWF.

Autre sujet d'âpres débats lundi 3 octobre, les requins, prisés des consommateurs asiatiques pour leurs ailerons, leur chair et même leur foie. La CITES a décidé d'inscrire les requins soyeux et renards à l'annexe II pour tenter de mettre fin à leur pêche débridée.

La CITES règlemente la protection de 5.600 espèces animales et 30.000 espèces de plantes.

AFP/VNA/CVN

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