Le combat de Thanh Thuy après les SEA Games 30

Les 30es Jeux d’Asie du Sud-Est se sont terminés il y a plus d’un mois. Pour la plupart des champions, c’est l’heure de se reposer ou de profiter de la fête du Têt. Néanmoins, la lutteuse Trân Thi Thanh Thuy commence une nouvelle bataille…

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La championne d’Asie du Sud-Est de kourach Thanh Thuy cherche à retrouver la sveltesse et la beauté des jours passés.
Photo : CTV/CVN

Lors des 30es Jeux d’Asie du Sud-Est (SEA Games 30) disputés fin 2019 aux Philippines, la lutteuse en kourach (discipline qui s’apparente au judo) Trân Thi Thanh Thuy a fait forte impression auprès des spectateurs, en battant son adversaire thaïlandaise Tubkit Pattamaporn en finale de la catégorie des plus de 70 kg après seulement cinq secondes, pour monter sur la plus haute marche du podium. Afin de vivre ce court instant de gloire sur le ring, elle a dû traverser des épreuves difficiles, notamment pour prendre 20 kg en seulement six mois afin d’accroître ses chances de médaille.

Trân Thi Thanh Thuy, 24 ans, est une judoka du club de Hanoï. Elle a commencé cette discipline à l’âge de 14 ans lorsqu’elle était élève du collège Minh Khai dans l’arrondissement de Hai Bà Trung, à Hanoï. À force de persuasion et d’audace, ses parents l’ont autorisée à suivre des cours d’arts martiaux dès son plus jeune âge. Elle pratique depuis lors ce sport et a atteint la gloire, non sans sacrifices et difficultés.

"Quand j’ai commencé à faire du judo à l’âge de 14 ans, je pesais 70 kg et mesurais 1,68 m. Maintenant, après dix ans d’entraînement, je mesure 1,70 m et pèse 96 kg. J’ai une taille normale mais pour les entraînements et les compétitions, je dois constamment adapter mon corps et gagner ou perdre des kilos. Parfois, mon père me disait +Tu es trop grosse. Il faut que tu perdes du poids+. À cette époque, je me préparais à une compétition et devais prendre du poids. Évidemment, cela m’a embêtée par rapport à ma propre image", partage Thanh Thuy.

En apprenant l’introduction du kourach à la compétition officielle des SEA Games 30, un certain nombre de combattants de judo, dont notre championne, se sont présentés aux sélections nationales. Comme toutes les catégories de poids léger étaient remplies, Thanh Thuy s’est sélectionnée dans la catégorie de poids la plus élevée. Elle a pour cela été forcée de prendre du poids. Le jour où elle est montée sur le ring, Thanh Thuy avait pris environ 20 kg en seulement six mois.

"En tant qu’athlète, je n’ai pas le choix. Je dois respecter les décisions de mon entraîneur ou mes chances de décrocher la médaille diminueront. En vue des SEA Games 30, mon équipe et moi sommes entrées dans un processus d’entraînement de haut niveau à partir de début 2019. Il m’a fallu 6 à 7 mois pour atteindre le poids désiré. Dans la catégorie des plus de 70 kg, les athlètes n’ont pas de limite de poids, donc plus l’athlète pèse lourd, plus sa puissance est grande et plus il a l’avantage. J’ai gagné près de 20 kg et remporté la première médaille d’or de ma carrière dans l’arène des SEA Games", se souvient-elle.

Fondre une vingtaine de kilos en quatre mois

La lutteuse en kourach Trân Thi Thanh Thuy.
La lutteuse en kourach Trân Thi Thanh Thuy.

Par rapport aux photos d’avant la compétition, Thanh Thuy a beaucoup changé. "En raison de mon poids en constante évolution, je dois sans cesse acheter des vêtements. Prendre du poids rend également mon corps plus lourd et réduit la qualité de mon entraînement, mais ce sont des sacrifices que j’accepte  pour remporter l’or", confie-t-elle.

L’entraîneur Dô Ngoc Hùng - chef du Club de judo de Hanoï et entraîneur de l’équipe vietnamienne de kourach aux SEA Games 30, informe que ce n’est pas la première fois que le corps de Thanh Thuy connaît de telles transformations. Auparavant, lors des 18es Jeux asiatiques (ASIAD 18) disputés en 2018 en Indonésie, elle avait dû perdre 18 kg pour concourir!

"Il est normal de prendre du poids dans les arts martiaux. Les athlètes peuvent avoir besoin de gagner ou de perdre entre 5 et 10 kg pour se mesurer dans la catégorie de poids dans laquelle ils sont enregistrés", souligne Dô Ngoc Hùng. Et de continuer : "Quelques mois avant chaque tournoi, le staff et les athlètes se rencontrent, discutent et conviennent du plan d’entraînement et de la catégorie dans laquelle ils vont combattre. L’objectif est d’atteindre l’excellence pour les athlètes et équipes sportives du Vietnam. Pour suivre l’évolution de leur poids, les athlètes doivent se peser quotidiennement, avant et après l’entraînement. La combattante Thanh Thuy, quant à elle, a dû augmenter et perdre une très grande amplitude de poids, c’est donc extrêmement dur. Lorsqu’elle devait perdre du poids, après son entraînement principal, elle devait porter trois couches de vêtements et courir au Centre national d’entraînement des sports. Thanh Thuy est une athlète exceptionnelle, d’une rare volonté. J’ai le cœur serré en la voyant souffrir autant pour modeler son corps".

Grande fille au beau visage, ces prises de poids continuelles affectent la beauté de Thanh Thuy. Elle déclare qu’il est plus facile de prendre du poids que d’en perdre.

Elle se souvient lorsqu’elle a dû maigrir de 20 kg en quatre mois : "Pendant la phase de perte de poids de la préparation aux ASIAD 18, le matin, je mangeais normalement mais poussais l’entraînement au maximum. Le midi, je ne mangeais que des légumes et quelques morceaux de viande, puis je faisais de l’exercice intensément l’après-midi. Le soir, je devais jeûner, prendre des pilules amincissantes et porter trois couches de vêtements pour courir durant environ une heure chaque jour. Lors de ces entraînements intenses, je pouvais perdre jusqu’à 2 kg par jour. Ce qui fait perdre du poids, c’est la quantité de sueur évacuée chaque jour, c’est extrêmement dur pour le moral. Les dernières étapes furent les plus difficiles mais je ne pouvais pas abandonner alors qu’il ne restait qu’un kilo à perdre. Au lieu de me priver complètement et de perdre mes forces, je me suis permise de manger un peu et de redoubler l’intensité des exercices. À chaque fois que je repense à cette épreuve, cela me fait froid dans le dos".

Après les SEA Games 30, les équipes nationales se sont temporairement dissoutes et les athlètes ont été renvoyés dans leurs localités. La plupart sont de retour chez eux pour préparer le Têt. Mais pas de répit pour Thanh Thuy dont l’objectif est de perdre 10 kg avant la Nouvelle Année lunaire. "En 2020, il n’y a pas de grande manifestation sportive pour le kourach, je n’ai donc aucune urgence d’augmenter ou perdre du poids. Malgré cela, je souhaite activement mincir pour retrouver ma beauté. Une réduction progressive devrait limiter les effets néfastes sur ma santé, j’ai moins peur sachant que j’ai entre cinq et six mois pour perdre 18-20 kg".

Parlant de ses rêves, Thanh Thuy dit qu’elle espère décrocher médaille aux prochaines ASIAD. Cela lui permettrait d’obtenir les finances nécessaires pour créer une petite entreprise. Ses parents ont divorcé et Thanh Thuy vit avec son père qui tient un restaurant de bún cá (vermicelle au poisson) à Hanoï. Elle rêve d’ouvrir un magasin où elle ne vendra pas de nourriture, "parce que j’ai trop peur de perdre le contrôle de mon appétit et de grossir !"

Khuong Xuân - Phuong Nga/CVN

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