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Le Premier ministre canadien Justin Trudeau devant le mémorial érigé à Ottawa, le 1er juin, en hommage aux enfants autochtones. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Le mois dernier, l'identification des restes de 215 enfants près d'un autre établissement du même type avait déjà meurtri et indigné le pays.
Les géo-radars utilisés pour les fouilles ont "repéré 751 tombes non marquées" sur le site d'un ancien pensionnat hébergeant des enfants autochtones à Marieval, en Saskatchewan, dans l'Ouest du Canada, a déclaré jeudi 24 juin lors d'une conférence de presse virtuelle le chef de la nation Cowessess, Cadmus Delorme.
"Ce n'est pas une fosse commune, ce sont des tombes non-identifiées", a-t-il ajouté.
Les victimes sont principalement des enfants mais les récits des survivants laissent penser qu'il pourrait également y avoir des adultes, selon lui.
Le nombre exact de victimes devra être confirmé dans les prochaines semaines, en raison d'une marge d'erreur des radars et du fait que chaque tombe peut contenir les restes de plusieurs victimes, a-t-il ajouté.
Plusieurs tombes ont sans doute été surmontées de stèles identifiant les victimes, mais certaines d'entre elles ont été retirées dans les années 1960 "par des représentants de l'Église catholique", un geste criminel au Canada, selon lui.
Pourquoi ? "Sans aucun doute, ils essayaient de cacher le nombre d'enfants qui ont été maltraités et tués dans ces institutions", a lancé sur la chaîne CBC le chef de la Fédération des nations autochtones souveraines de la province de la Saskatchewan, Bobby Cameron.
"Nous avions des camps de concentration au Canada", avait-il fustigé lors du point presse. "On se souviendra du Canada comme d'une nation qui a essayé d'exterminer les Premières nations".
Les découvertes ravivent le traumatisme vécu par quelque 150.000 enfants amérindiens, métis et inuits, coupés de leurs familles, de leur langue et de leur culture et enrôlés de force jusque dans les années 1990 dans 139 de ces pensionnats à travers le pays.
Nombre d'entre eux ont été soumis à des mauvais traitements ou à des abus sexuels, et plus de 4.000 y ont trouvé la mort, selon une commission d'enquête qui avait conclu à un véritable "génocide culturel" de la part du Canada.
Tirer les leçons du passé
Le Premier ministre Justin Trudeau, qui a dit sa "peine" jeudi 24 juin dans un communiqué, a estimé que le Canada devait "tirer les leçons de (son) passé et avancer sur le chemin commun de la réconciliation".
Devant un mémorial aux 215 enfants autochtones dont les restes ont été trouvés près d'un pensionnat, le 4 juin à Kamloops, au Canada. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Cette découverte "n'a fait qu'aggraver la douleur ressentie par les familles, les survivants et les peuples autochtones", a renchéri le ministre des Services aux autochtones, Marc Miller. "C'était une vérité trop souvent niée. Plus maintenant".
Les fouilles autour de cette ancienne école de Marieval avaient débuté fin mai après la découverte des restes de 215 écoliers enfouis sur le site d'un autre ancien pensionnat, celui de Kamloops, en Colombie-Britannique, province la plus à l'ouest du pays.
Cette découverte avait provoqué une onde de choc au Canada et relancé le débat sur ces institutions honnies où les enfants autochtones étaient envoyés de force afin d'y être assimilés à la culture dominante.
Les experts en droits humains de l'ONU ont exhorté Ottawa et le Vatican à mener une enquête rapide et complète.
"C'est absolument tragique mais pas surprenant", avait réagi dès mercredi soir 23 juin Perry Bellegarde, chef de l'Assemblée des Premières nations, qui représente plus de 900.000 autochtones au Canada.
Le pensionnat de Marieval, dans l'est de la Saskatchewan, a accueilli des enfants autochtones entre 1899 et le milieu des années 1990, avant d'être démoli et remplacé par une école de jour.
Dans la foulée de la découverte des restes d'enfants au pensionnat de Kamloops, des fouilles ont été entreprises autour de plusieurs de ces anciens établissements scolaires partout au Canada, avec le concours des autorités gouvernementales.
AFP/VNA/CVN