>>L'aventure anglaise de Christine and the Queens
Zaz au 16e NRJ Music Awards. |
"Le Bureau Export a pour vocation d'aider les artistes produits en France à s'exporter quels que soient leurs esthétiques musicales (classique, électro, jazz, pop, chanson...) ou leurs champs d'activités (sur scène, sur disque...)", explique son directeur Marc Thonon. Cette association loi 1901 financée par l'État (ministères de la Culture et des Affaires étrangères) et par la filière musicale (Sacem, producteurs, Centre national de la chanson), et composée d'une trentaine de personnes (vingt à Paris, une dizaine à Londres, Berlin, New York, Sao Paulo), compte actuellement plus de 500 adhérents, 120 en classique, 100 en jazz, le reste en musiques actuelles.
"Les artistes adhèrent chez nous à travers les sociétés (producteurs, éditeurs, leur propre label) avec lesquelles ils sont sous contrat. Nous travaillons avec le label ou le producteur, pas l'artiste directement. Ce n'est pas nous qui allons l'exporter, c'est le professionnel. Nous, nous allons les éclairer, les mettre en relation avec les bons interlocuteurs", décrypte Marc Thonon. L'organisme propose aussi des aides financières, via quatre programmes: un pour le classique, un pour le jazz et deux pour les musiques actuelles, en distinguant les premiers pas à l'export (10.000 euros) des bourses à l'export (de 25.000 à 50.000 euros).
L'objectif est de passer de 1,5 à 4 millions d'euros d'aides financières compte tenu du nombre croissant d'adhérents. "On tourne avec un budget global de 5 millions d'euros et on vise 10 millions", dit Marc Thonon. Il souhaite aussi "revoir" l'implantation internationale de l'organisme: se renforcer aux États-Unis, où il n'a qu'une personne, et ouvrir des postes "en Afrique, Asie et en Amérique latine, où on est presque aveugles."
Les datas, précieux outil
Pour bien conseiller, le Bureau Export s'appuie énormément sur les datas, précieux outil indissociable de l'usage du streaming (écoute en ligne sans téléchargement) qui permet de cerner le potentiel international d'un artiste.
Jean-Michel Jarre, photo du 23 avril |
"Jean-Michel Jarre a récemment décidé de jouer un concert à Santiago du Chili après avoir consulté ses datas sur Spotify, où le nombre de ses auditeurs se trouve être plus nombreux à Santiago, Londres ou encore Mexico qu'à Paris", explique Marc Thonon. Le groupe de "metal-dance" Carpenter Brut, qui s'est fait plus vite connaître à l'étranger qu'en France, s'appuie aussi sur les statistiques: "On s'en sert énormément, c'est devenu indispensable pour vraiment savoir où on en est en temps réel", confirme son leader, qui requiert l'anonymat.
Le streaming "change tout, c'est une fenêtre extraordinaire sur le monde", pour le patron du Bureau Export. Pourtant, le succès français hors des frontières ne dépend pas que de ces clics. Preuve en est Tinariwen, groupe malien produit en France assez peu streamé, mais "qui a assuré le plus de dates internationales en 2017 et réalise 80% de son chiffre d'affaires à l'export". Autre exemple, dans le classique, "le spectacle qui a le plus tourné en Chine cette année c'est +Mozart - L'opéra rock+, qui a été joué 24 fois à Shanghai dans une salle de 2.500 personnes. Les programmateurs nous ont expliqué que les Chinois sont très sensibles à la mélodie".
"Pour les +pros+ de l'étranger, nos artistes proposent des choses que les autres ne font pas de la même manière", affirme encore le directeur du Bureau Export. "Le directeur artistique de Republic, un gros producteur britannique, nous a expliqué que, quel que soit le registre, ce que les Français amènent en terme de sons, de mélodies et d'images n'a rien à voir avec les autres." Preuve que la musique produite en France voyage bien: ses revenus à l'étranger ont crû de 6,7% en 2017 pour atteindre 283 millions d’euros, a annoncé l'organisme jeudi 7 juin à Cannes en marge du Midem (Marché international de l'édition musicale).
AFP/VNA/CVN