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Le président brésilien Jair Bolsonaro (en bleu) tient un enfant en costume militaire à Brasilia le 17 mai. |
Cette recommandation a été faite dans un document du ministère au lendemain de l'annonce d'un nombre quotidien record de morts du coronavirus, franchissant le seuil des mille pour la première fois. Auparavant, l'usage de la chloroquine et de l'hydroxychloroquine (HCQ) dans les services de santé publics brésiliens était réservé aux cas graves de COVID-19.
La forte pression exercée par le président Bolsonaro, convaincu des effets - à ce jour non scientifiquement prouvés - de la chloroquine pour lutter contre la pandémie, a poussé vendredi dernier à la démission Nelson Teich, le deuxième ministre de la Santé à quitter son poste en un moins d'un mois. Son successeur n'a pas encore été choisi et le titulaire par intérim, Eduardo Pazuello, un général d'active, devrait "rester longtemps" à son poste, a révélé le chef de l'État mercredi 20 mai.
"Il n'y a pas encore de preuve scientifique, mais (la chloroquine) est utilisée sous contrôle au Brésil et dans le monde. Nous sommes en guerre, mieux vaut être défait que d'avoir honte de ne pas s'être battu", a tweeté le président d'extrême droite mercredi 20 mai. Le Brésil a enregistré mardi 19 mai une nette accélération des cas confirmés et des décès (+ 1.179 morts en 24 heures) et déplore déjà 17.971 morts.
Le pic n'est attendu qu'en juin dans ce pays qui recense plus de la moitié des cas confirmés en Amérique latine et Caraïbes. C'est aussi le troisième pays au monde en termes de cas confirmés, après les États-Unis et la Russie. Mais le président Bolsonaro n'a cessé de relativiser l'ampleur de la pandémie et de critiquer les mesures de confinement prises par les gouverneurs de la plupart des 27 États. Il veut remettre l'économie en marche.
"Pas d'autre traitement disponible"
Dans ses nouvelles directives, le ministère recommande la prise la chloroquine et d'HCQ, un dérivé utilisé notamment pour traiter le lupus et la polyarthrite rhumatoïde, dès les premiers symptômes. Le protocole du ministère souligne toutefois qu"'il n'existe pas de garantie de résultat positif" et que la chloroquine, un antipaludéen, peut provoquer des effets secondaires "graves" pouvant aller jusqu'à "des défaillances sérieuses de certains organes" et "jusqu'à la mort".
"Comme il n'y a pas d'études complètes prouvant les bienfaits de ces molécules pour le traitement de la COVID-19, (...) la décision de les prescrire revient au médecin, avec l'accord du patient", explique le document. Le ministère précise que les services de santé publique "ont déjà amplement utilisé la chloroquine et l'hydroxychloroquine pour le traitement d'autres maladies infectieuses", tout en ajoutant qu'il "n'existe pas, pour le moment, d'autres traitements efficaces disponibles".
Le Brésil a enregistré mardi 19 mai une nette accélération des cas confirmés et des décès (+ 1.179 morts en 24 heures) et déplore déjà 17.971 morts. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
La dizaine de pharmacies contactées par l'AFP mercredi 20 mai à Rio de Janeiro et Sao Paulo étaient toutes en rupture de stock de ces deux médicaments depuis plusieurs semaines. Certains patients brésiliens atteints de lupus ont relaté sur les réseaux sociaux de grandes difficultés à se procurer de l'hydroxychloroquine.
"Médicament +de droite+"
La plupart des grands pays touchés, comme les États-Unis et la France, n'ont autorisé l'HCQ que dans le cadre d'essais cliniques ou à l'hôpital pour les cas graves, après décision collégiale des médecins. Au Sénégal, les autorités sanitaires ont donné leur feu vert à sa prescription en milieu hospitalier.
Mardi soir 19 mai, Jair Bolsonaro a rappelé, dans une interview diffusée sur internet, que le président américain Donald Trump avait lui-même annoncé lundi 18 mai prendre chaque jour un comprimé d'hydroxychloroquine, à titre préventif. Le jour où le Brésil a franchi pour la première fois le cap des mille morts en 24 heures, il s'est même permis une plaisanterie, affirmant que "les gens de droite prennent de la chloroquine, ceux de gauche de la Tubaina", une boisson gazeuse bon marché.
Le chef de l'État a également révélé qu'il gardait en réserve "une petite boîte" de comprimés de chloroquine au cas où sa mère de 93 ans en aurait besoin. Fin mars, le président d'extrême droite avait défrayé la chronique en lançant que s'il était contaminé, le coronavirus ne serait qu'une "petite grippe", en raison de son "passé de sportif" à l'armée.
AFP/VNA/CVN