France
Hôpital à renflouer, usines Renault à préserver, le gouvernement joue les anges gardiens

Dans un contexte sanitaire en amélioration, le gouvernement réfléchit mercredi 20 mai à la poursuite du déconfinement et des municipales, qui se tiendront avant janvier 2021, tout en promettant d'agir "vite et fort" pour aider l'hôpital et de protéger des usines Renault menacées.

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L'entrée de l'usine Renault de Flins.
Photo : AFP/VNA/CVN

Le bilan de l'épidémie atteint désormais au moins 28.132 morts, avec 110 nouveaux décès enregistrés entre mardi 19 mai et mercredi 20 mai et 1.794 cas graves en réanimation, soit 100 de moins en 24 heures. Il est cependant encore trop tôt pour savoir si le déconfinement a entraîné ou non un rebond de l'épidémie. "Il faut au moins 10 à 15 jours" pour le savoir, a expliqué mercredi 20 mai le ministre de la Santé Olivier Véran, un bilan qui commandera la poursuite ou non de la reprise des activités.

"L’épidémie n’est pas derrière nous. Ne relâchons pas nos efforts", a tweeté mercredi 20 mai Emmanuel Macron dans un rappel à la prudence, à la veille d'un long week-end de l'Ascension, propice aux rassemblements et aux déplacements. Pour se préparer à tous les scénarios et surveiller l'impact économique de la crise, Emmanuel Macron a réuni mercredi en fin de journée à l'Élysée, avec son Premier ministre, les membres du gouvernement chargés des dossiers liés à l'économie (transport, numérique, comptes publics, agriculture et alimentation, écologie...).

Parmi les secteurs en danger, l'automobile, pour lequel le gouvernement a promis un plan dès la semaine prochaine. Edouard Philippe est aussi intervenu avec force mercredi 20 mai pour tenter d'apaiser les inquiétudes sur le sort des usines du groupe Renault, qui doit dévoiler le 29 mai les contours d'un plan d'économies de deux milliards d'euros.

Selon le Canard Enchaîné, pour faire face à l'effondrement des ventes, le constructeur au losange envisagerait d'arrêter quatre sites en France, dont celui de Flins (Yvelines) qui assemble la citadine électrique Zoe et la Nissan Micra. Interrogé lors de la séance de questions au Sénat, Edouard Philippe a affirmé que le gouvernement serait "intransigeant" sur la "préservation" des sites de Renault en France.

Une infirmière enfile sa surblouse de protection avant d'entrer dans la chambre d'un patient malade du coronavirus, dans l'unité de soins intensifs du CHU de Nantes, le 19 mai.
Photo : AFP/VNA/CVN

"Il y a une forme de responsabilité de l'entreprise à avancer, à se transformer mais aussi à tenir compte des réalités du pays qui l'accueille et d'une certaine façon le fait vivre", a mis en garde le Premier ministre. L'hypothèse de ces fermetures a indigné les syndicats. "Quand on veut réindustrialiser le pays, c'est impensable !", a averti mercredi 20 mai sur RTL Philippe Martinez, le secrétaire général de la CGT.

"Ségur de la Santé"

L'autre sujet sur lequel le gouvernement a promis d'avancer au plus vite est le plan promis pour l'hôpital et ses personnels. À l'issue du Conseil des ministres mercredi, Olivier Véran a dit vouloir aboutir "au plus tard mi-juillet" sur ce "Ségur de la Santé" dont les négociations avec les syndicats commenceront dès ce lundi 18 mai. Et ce sous la houlette de l'ancienne responsable de la CFDT Nicole Notat, 72 ans. Un choix surprise accueilli avec réserve par les syndicats.

Au menu, des hausses de salaires pour les soignants, a-t-il de nouveau assuré, mais aussi des réorganisations et un allègement du "carcan qui empêchent ceux qui le souhaitent de travailler davantage" -  autrement dit un assouplissement des 35 heures. Sur la réforme hospitalière, "nous n'avons été ni assez vite ni assez fort", a-t-il déclaré, critiquant à mots couverts les plans de sa prédécesseuse Agnès Buzyn.

Des clusters, sans surprise

De nouveaux clusters du COVID-19 ont été découverts mais sans inquiéter outre mesure le ministre de la Santé. "Il n'est pas anormal, il est même attendu qu'on découvre des clusters, c'est-à-dire des groupes de cas liés par des chaînes de contamination", a-t-il dit.

"Il faut au moins 10 à 15 jours pour qu'on puisse savoir si il y a un impact sur l'épidémie, mais nous voyons une réduction du nombre d'hospitalisations nouvelles, du nombre de d'admissions en réanimation, donc on n'assiste pas à une recroissance de la circulation du virus, ce qui ne veut pas dire que le virus ne circule pas".

Lors du premier tour des élections municipales le 15 mars à Bordeaux.
Photo : AFP/VNA/CVN

Huit nouveaux foyers de contamination de coronavirus ont par exemple été identifiés dans la région Grand Est depuis le 11 mai, premier jour de déconfinement. Une attention toute particulière est donnée aux abattoirs, après la découverte de plusieurs cas. Ainsi, plus de 800 salariés ont été testés mardi  19 mai dans les Côtes d'Armor à la suite d'un premier signalement, le 13 mai, dans l'entreprise Kermené, une filiale du "Mouvement E. Leclerc".

Des municipales en janvier ?

Sur le plan politique, l'exécutif est à la recherche d'un consensus large sur l'organisation du second tour des municipales, afin d'éviter les critiques ayant accompagné la tenue du premier tour mi-mars. Aux responsables de partis réunis à Matignon, Edouard Philippe a annoncé que ce deuxième round se tiendrait soit en juin, soit il faudrait reprogrammer l'intégralité du scrutin pour les 5.000 communes concernées avant janvier 2021.

Le Premier ministre a par ailleurs observé qu'il serait difficile d'organiser une élection à l'automne, en raison de la rentrée scolaire et de contraintes du calendrier parlementaire comprenant l'examen du budget.

Sous pression sur ce choix éminemment politique, M. Philippe devrait donner l'orientation privilégiée du gouvernement dans un rapport remis au Parlement d'ici samedi. Il a légalement jusqu'à mercredi prochain pour trancher.


AFP/VNA/CVN

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