>>Les pousses de bambou contribuent au refus de la pauvreté
Depuis quelques années, l'exploitation du benjoin est devenue un métier familier pour Triêu Kim Chu, habitant de la commune de Nâm Tha, district de Van Bàn, province de Lào Cai au Nord. |
Dès l’aube, Triêu Kim Chu, habitant de la commune de Nâm Tha, district de Van Bàn, province montagneuse de Lào Cai au Nord, se rend dans la forêt pour exploiter le benjoin. Portant des sabots munis de crochets lui permettant de grimper aux arbres, cet homme de l’ethnie Dao arrive rapidement au sommet des styrax. En un rien de temps, son sac sera rempli des sèves jaunes et blanches, encore recouverte de poussière à cette heure.
C’est entre avril et juin que les habitants des environs récoltent cette résine ayant aujourd’hui de multiples usages. Munis de leurs couteaux, ils créent dans le tronc des entailles en forme de boîte d’allumettes. Chaque entaille est espacée d’environ 90 centimètres.
Vers le mois d’août, c’est à travers ces entailles que la sève de tilleul s’écoulera. Les habitants iront alors récupérer les morceaux de sèves séchés.
"S'occuper des styrax n'est pas trop difficile. Il suffit de supprimer les herbes qui se trouvent autours du pied. Après extraction, environ 2-4 mois plus tard, nous obtiendrons le bejoin. Normalement, c’est 6 ans après sa plantation que l’arbre styrax donne sa résine", confie Triệu Kim Chu.
Développer l'exploitation du bejoin
Situé dans le sud de la province de Lào Cai, Van Bàn est un district montagneux au taux de couverture forestière de plus de 60%. Depuis longtemps, l’exploitation des plantes dans la forêt constitue un métier essentiel apportant des revenus stables aux habitants de Van Bàn. Outre les arbres tels que cannelier, le cyprès et le saindoux, le styrax est également planté pour son bois. Si dans le passé, les habitants obtenaient des revenus de la vente du bois aux compagnies de transformation des produits forestiers implantées dans le district de Van Bàn, ils arrivent aujourd’hui à exploiter les ressources de la forêt de manière plus durable en accélérant l'exploitation du bejoin.
Des sèves jaunes et blanches sont estimées être de bonnes qualités et le prix d'achat est assez élevé, soit environ 300.000 dôngs à 350.000 dôngs/kg. |
Le district de Van Bàn compte 370 hectares d’arbres styrax, sur un total de plus de 4.000 hectares pour la province de Lào Cai. Le benjoin est acheté aux locaux par des entreprises à des prix relativement élevés puis exporté en Europe au service du secteur de la parfumerie. Actuellement, la Compagnie par actionsagro-sylvicole Duc Phu s’engage à acheter toute la production du benjoin des habitants de Van Bàn au prix de 350.000 dôngs par kilo. Ces dernières années, profitant des conditions pédoclimatiques favorables à la plantation du styrax, les habitants ont agrandi les superficies d’arbres. Cette nouvelle occupation a aidé bien des habitants locaux à sortir de la pauvreté.
Nettoyer la résine crée aussi des emplois pour les habitants, notamment à destination des ethnies minoritaires de Van Bàn. |
"Nous avons coopéré avec le projet australien GREAT afin de former les habitants aux méthodes d’exploitation de ce produit. Nous avons aujourd’hui plusieurs partenaires étrangers, dont français, travaillant dans le secteur de la parfumerie. Nous expédions entre 3 et 5 tonnes de de benjoin vers l’étranger chaque année. Nous avons aussi des partenaires vietnamiens qui se spécialisent dans l’industrie chimo-cosmétique", fait savoir Triêu Van Dinh, directeur adjoint de la compagnie Duc Phu.
Un bon revenu
La résine du styrax à Van Bàn est estimée être de bonne qualité mais contient encore de nombreuses impuretés (terre, écorce...) après la récolte. Un long travail est ainsi dédié à nettoyer la résine, ce qui crée aussi des emplois pour les habitants, notamment à destination des ethnies minoritaires du district de Van Bàn.
Selon les calculs des experts, s'il est correctement exploité, un ha de styrax donne environ 300 kg de résine. La qualité de la résine du styrax à Van Ban est très appréciée par les entreprises. Ainsi, le prix d'achat est assez élevé, soit environ 300.000 dôngs à 350.000 dôngs/kg. Ainsi, avec un ha d’arbres exploité, en plus de la récolte de bois, les locaux peuvent gagner environ 100 millions de dôngs supplémentaires par an grâce à la vente du bejoin. "Avec un prix d’environ 350.000 pour un kilo, le revenu est appréciable. Notre vie s’est nettement améliorée avec l’exploitation de la résine des styrax", affirce Triêu Kim Chu.
Autrefois, la résine de styrax était surtout utilisée en médecine traditionnelle, pour soigner les toux, déloger les mucosités, soigner les rhumes... Aujourd’hui, son utilisation a évolué et s’intègre dans des processus de production à haute valeur ajoutée (parfumerie). C’est ainsi que l’exploitation de cette résine est devenue une source de revenu importante pour les habitants du district de Van Bàn. La demande augmentant, il est à parier que la superficie dédiée aux arbres styrax continuera d’augmenter dans l’avenir.
Texte et photo : Phuong Mai/CVN