L'athlétisme vietnamien entre promesses et perte de vitesse

Organisé récemment au stade de My Dinh à Hanoï, le Championnat national d’athlétisme 2020 a fait vivre et revivre de nombreuses émotions aux spectateurs qui attendaient avec impatience d’assister de nouveau aux performances de leurs sportifs préférés.

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Des sportifs en compétition au Championnat national d’athlétisme 2020 organisé récemment à Hanoï.
Photo : VNA/CVN

"J’ai l’impression de revivre l’ambiance des 22es Jeux d’Asie du Sud-Est (SEA Games 22 organisés en 2003). La piste est réparée, les compétitions sont féroces et attrayantes. Et surtout, le tournoi montre de bonnes choses pour le proche avenir de l’athlétisme vietnamien", a partagé Duong Duc Thuy, responsable des disciplines de l’athlétisme du Département général de l’éducation physique et des sports.

Un avenir prometteur

Selon ce vétéran de l’athlétisme, la pandémie de COVID-19 a nettement perturbé l’entraînement des sportifs cette année avec également moins de compétitions. On devait donc s’attendre à ce que les performances des athlètes soient tout naturellement impactées. "Cependant, la bonne nouvelle, c’est qu’il y a de nouveaux visages qui sont apparus lors de ce tournoi avec l’espoir de l’athlétisme du Vietnam. J’ai été particulièrement impressionné par le coureur Ngân Ngoc Nghia qui a battu le record de l’épreuve du 100 m masculin", a-t-il dévoilé.

Dès la première journée de compétition, ce coureur de l’équipe de police a franchi la ligne d’arrivée en 10 sec 40. Il bat ainsi l’ancien record de 10 sec 47 établi aux 8es Jeux nationaux de 2018 et se place même au-dessus de la performance de la médaille d’argent au 100 m masculin des SEA Games 30 (10 sec 49).

De plus, cet athlète né en 1999, en décrochant la médaille d’or grâce à son temps de 20 sec 92 au 200 m masculin, n’a dépassé que de 0,03 seconde seulement la réalisation de Lê Trong Hinh aux SEA Games 28 en 2015. Ce 200 m représente également une meilleure performance que celle qui avait donné droit à la médaille de bronze aux SEA Games 30. Par conséquent, ses exploits au Championnat national, liés à un investissement ainsi qu’à un entraînement acharné et soutenu, lui permettront certainement de décrocher des médailles aux SEA Games 31 pour le Vietnam.

L'athlétisme, la "mine d'or" du sport vietnamien dans les compétitions d'Asie du Sud-Est.
Photo : VNA/CVN

"Aux courses courtes, les réalisations de Lê Tú Chinh et Phùng Thi Huê sont aussi très impressionnantes. Sans s’entraîner régulièrement ni participer aux tournois internationaux, Lê Tú Chinh, la championne des SEA Games, a tout de même maintenu son niveau avec un temps de 11 sec 43 alors que sa meilleure performance est de 11 sec 40. J’ai hâte d’observer ses progrès et ses résultats lors des SEA Games 31", s’est enthousiasmé Duong Duc Thuy.

L’autre diamant brut de la compétition s’appelle donc Phùng Thi Huê (Hanoï). Cette jeune fille de 17 ans a remporté la médaille de bronze avec un chrono de 11 sec 78, dépassant ses honorables aînées comme Lê Thi Mông Tuyên et Nguyên Thi Oanh. Dans cette épreuve, Hà Thi Thu (Hô Chi Minh-Ville) a, quant à elle, obtenu la médaille d’argent grâce à sa course en 11 sec 72.

Si l’année prochaine, ces athlètes parviennent à réduire leurs courses de 0,2 seconde sur leurs performances, elles pourront très certainement se mêler à la bataille pour la médaille d’or aux prochains SEA Games. En attendant, elles représentent une ressource potentielle tout à fait sérieuse et sélectionnable pour former la future équipe nationale d’athlétisme du Vietnam pour la compétition sud-est asiatique.

Sur les courses de demi-fond de 800 m et 1.500 m, deux jeunes athlètes Trân Van Dang (20 ans) et Luong Duc Phuoc (18 ans) se sont parfaitement illustrés en surpassant le monument vietnamien Duong Van Thai, pour empocher respectivement les médailles d’or et d’argent. Duong Van Thai est pourtant celui qui a obtenu 8 médailles d’or aux SEA Games depuis 2011, en dominant notamment les trois dernières éditions. L’exploit des deux jeunes athlètes constitue donc un signe encourageant pour l’avenir de l’athlétisme vietnamien et la domination de celui-ci sur l’arène régionale.

Un passage de relais compliqué

Lors des SEA Games 30 aux Philippines, Nguyên Thi Oanh avait vaincu des adversaires féroces thaïlandais et philippins pour remporter trois médailles d’or. L’évènement avait donc propulsé cette jeune femme sur le devant de la scène. Un an plus tard, avec très peu d’entraînement en raison du COVID-19, elle a démontré de nouveau son extraordinaire capacité en remportant quatre médailles d’or au Championnat national 2020.

Le Championnat national d’athlétisme 2020 montre de bons signes pour le proche avenir de l’athlétisme vietnamien.
Photo : VNA/CVN

Après avoir en effet dégoûté ses adversaires dans l’épreuve du 5.000 m, avec un record de 16 min 58 sec 93, elle a remporté une deuxième médaille d’or au 1.500 m grâce à son temps de 4 min 13 sec 88. Puis au 3.000 m steeple, la femme originaire de Bac Giang a distancé ses concurrentes en franchissant la ligne d’arrivée en 10 min 20 sec 44. Enfin, elle a décroché une quatrième médaille d’or au 10.000 m, qui n’est pourtant pas son point fort, en battant le record national vieux de 17 ans et établi par Doàn Nu Truc Vân en 2003.

Dans l’épreuve du 400 m haies féminin, Quach Thi Lan a vaincu la championne des SEA Games, Nguyên Thi Huyên, pour obtenir la médaille d’or grâce à son exploit en 55 sec 98. La championne précédente avait remporté la médaille d’or aux SEA Games 30 avec un temps de 56 sec 90. Quach Thi Lan a pris le dessus sur Nguyên Thi Huyên grâce à son meilleur sprint.

Enfin, la compétition a également été réussie pour le frère de Quach Thi Lan, le sportif Quach Công Lich, qui rentre chez lui avec trois médailles d’or, dont une en individuel au 400 m haies masculin.

Si l’athlétisme vietnamien s’annonce prometteur, il y a toutefois des raisons de s’inquiéter du déclin de ses héros qui ont réussi à dominer le sport dans la région ces dernières années… En plus des performances moyennes de Nguyên Thi Huyên et de Duong Van Thai, celles de Nguyên Thi Thanh Phuc, Nguyên Thành Ngung et Nguyên Van Lai, qui ont dominé sans conteste les SEA Games sur plusieurs éditions, laissent désormais place au doute.

Quant au saut en longueur féminin, l’absence de la championne des Jeux asiatiques 2018, Bùi Thi Thu Thao, laisse un grand vide devant elle. Elle pourra certainement revenir jouer aux prochains SEA Games, mais personne ne sait si elle pourra retrouver son niveau. De même, il n’y a aucun nouvel espoir pour le saut en hauteur et le triple saut féminin après la période dorée de Duong Thi Viêt Anh et de Vu Thi Mên. D’ailleurs, les épreuves de lancer (lancer de disque, de javelot, de marteau et de poids...) restent jusqu’à présent la grande faiblesse de la délégation du Vietnam, avec aucun signe d’amélioration en vue.

Pour atteindre l’objectif de se hisser en tête des SEA Games 31, comme cela a été le cas lors de la dernière édition, l’athlétisme vietnamien devrait décrocher 16 ou 17 médailles d’or. Les athlètes de disciplines reines ont donc besoin d’être soutenus en termes d’expertise, d’équipement, de soins médicaux et d’alimentation pour améliorer leurs performances, et notamment en ce qui concerne les nouvelles pépites qui aspirent à occuper les hauts des podiums des prochaines compétitions régionales.

Pham Thi Vuong Lu/CVN

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