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Vi Van Nui (gauche) et son père Vi Van Ma tressant des paniers en bambou. |
Dans sa maison sur pilotis typiquement d’ethnie Nùng, Vi Van Ma, 72 ans, tresse rapidement un panier en bambou. Ses doigts virevoltent sur les brins de bambou comme ceux d’un artiste jouant de la musique. Vi Van Ma est parmi les vanniers les plus âgés et les plus expérimentés du hameau de Lan Duoi, commune de Doài Khôn, district de Quang Uyên, province montagneuse septentrionale de Cao Bang. Dans ce hameau, tous les hommes pratiquent cet artisanat. Et ce sont les femmes qui vont chercher la matière première en forêt.
"Le tressage est le métier traditionnel de notre famille. Tous les artisans sont familiarisés avec ce métier depuis leur plus jeune âge. Moi, j’ai commencé à apprendre la vannerie dès l’âge de 10 ans", confie Vi Van Ma.
Lan Trên (hameau d’en haut) et Lan Duoi (hameau d’en bas) de la commune de Doài Khôn sont deux villages Nùng qui ont une longue tradition de tressage du bambou et du rotin. Avec les tiges de bambou provenant des forêts alentours, les Nùng savent créer des produits sophistiqués et durables au service de leurs travaux champêtres. Depuis des générations, leurs produits sont vendus dans les marchés de toute la province. Il fut un temps, pas si éloigné, où ces deux hameaux fournissaient chaque année des milliers de produits aux localités environnantes.
Vi Van Nui, fils de Vi Van Ma, a repris le flambeau. Comme son père, cet homme, âgé de 41 ans, tresse le bambou depuis son plus jeune âge. "En moyenne, chaque foyer fait au maximum 3-4 paires de paniers par semaine. Si le marché est stable, il gagnera 25 millions - 30 millions de dôngs/an, un revenu considérable dans nos montagnes", souligne Vi Van Nui.
Le village de Phia Thap dans le district de Quang Uyên, province de Cao Bang (Nord), est connu pour sa production d’encens. |
Baguettes d’encens…
Niché au pied de la montagne Phà Hùng, commune de Quôc Dân, toujours dans le district de Quang Uyên, le village de Phia Thap est, quant à lui, connu pour sa production d’encens. Ce village compte seulement 50 familles. La vie y est encore difficile mais tous les habitants sont amicaux et enthousiastes.
Depuis leur enfance, les Nùng de Phia Thap respirent le parfum d’encens fabriqués par leurs grands-parents et parents. Leur première leçon, c’est comment couper en petites tiges les tronçons d’abricotier. "Je fais de l’encens depuis mon plus jeune âge et mes enfants ont hérité de ce métier. Ils fabriquent de l’encens à côté des travaux champêtres", raconte Hoàng Thi Siu, 72 ans. Contrairement au tressage des paniers pratiqué exclusivement par les hommes, la production d’encens est essentiellement l’affaire des femmes.
Selon Hoàng Thi Siu, pour fabriquer de l’encens, on utilise du bois d’abricotier. Le tronc est scié en bûches d’environ 40 cm de long, puis découpé en petites tiges qui sont grattées jusqu’à devenir bien rondes et lisses.
De la poudre de plantes séchées, transformée en pâte, au séchage des bâtons en passant par le conditionnement des encens jusqu’à l’emballage des produits finis, les artisans du village s’attachent à maintenir une fabrication entièrement manuelle.
"Dans le processus de fabrication d’encens, c’est le séchage qui prend le plus de temps. S’il fait du soleil, il ne faut qu’un seul jour; mais trois si le temps est couvert. Les bâtonnets sont placés par dix sur un petit plateau", explique Hoàng Thi Mèn, une villageoise de Phia Thap.
"La fabrication d’encens aide les villageois à améliorer leur vie. Si en 2007, il y avait 33 familles pauvres, il n’en reste aujourd’hui que 10. Beaucoup de familles gagnent de 30 à 50 millions de dôngs/an. Certaines même acquièrent une certaine prospérité grâce à cet artisanat", souligne Hoàng Van Lâp, chef du village de Phia Thap.
Confection du papier "ban" chez Nông Van Hinh au village de Dia Trên, district de Quang Uyên, province de Cao Bang (Nord). |
… et papier ban
Outre le tressage de paniers et la fabrication d’encens, Quang Uyên est aussi connu pour la confection de papier ban. Dans le village de Dia Trên, 62 familles pratiquent cet artisanat, transmis de père en fils.
"C’est un métier que j’ai reçu de mes grands-parents et nous l’exerçons depuis 1980. Il nous rapporte chaque mois 6 millions de dôngs", confie avec enthousiasme Nông Van Hinh, 60 ans. Les quatre membres de sa famille (son couple et celui de son fils) vivent aussi de ce métier.
Conscient que les villages de métiers traditionnels sont très importants pour le développement économique, contribuent à améliorer le niveau de vie des minorités ethniques et à réduire la pauvreté, en 2012, l’État a aidé quelques familles du village à construire un séchoir, un four, un bassin d’immersion...
Depuis que la province de Cao Bang a mis en œuvre le projet de "Renforcement des moyens de subsistance pour les ethnies minoritaires par le biais du tourisme communautaire", de nombreux villages d’artisans du district de Quang Uyên sont devenus des destinations touristiques très appréciées. Les produits des Nùng ont ainsi trouvé avec les touristes un nouveau débouché, lucratif et prometteur.
Huong Giang/CVN