>>«La culture vietnamienne me séduit de plus en plus»
L'ambassadeur de Palestine au Vietnam, Saadi Salama, au bord du lac Hoàn Kiêm (lac de l'Épée restituée), au cœur de Hanoï. |
Photo : CTV/CVN |
L’ambassadeur Saadi Salama peut surprendre n’importe Vietnamien qui entre en contact avec lui. La raison ? Il comprend profondément l’histoire, la culture, les us et coutumes du Vietnam. Il sait distinguer les différentes régions culturelles tout au long du pays de forme S. D’autre part, il parle un vietnamien courant et clair, en utilisant des formes grammaticales très recherchées.
L’histoire d’amour entre Saadi Salama et le Vietnam a pris ses racines voilà déjà longtemps. Après avoir terminé ses études au lycée, il a reçu une bourse d’études de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP). Au lieu de choisir l’Italie ou la Roumanie, le jeune homme de 18 ans a décidé de venir au Vietnam, un pays auréolé de ses victoires contre l’invasion par des puissances étrangères. Il est devenu ensuite étudiant de l’Université générale de Hanoï (Université nationale de Hanoï d’aujourd’hui).
"Même avant de venir au Vietnam, je ressentais pour ce pays un amour profond. C’est un peuple qui lutte toujours pour ses droits, comme la Palestine, et qui a posé de grands jalons pour l’émancipation de beaucoup de pays", souligne l’ambassadeur. "Le peuple, la culture et l’Homme du Vietnam nous donnent une forte motivation, une grande aspiration pour que nous regardions vers l’avenir avec des yeux optimistes", poursuit-il.
L’ambassadeur de Palestine au Vietnam, Saadi Salama, a l’ambition d’écrire un petit livre sur les similitudes entre les deux cultures. |
Photo : CTV/CVN |
L’ambassadeur palestinien dit qu’en lui "vit l’âme du Vietnam". Cette âme, il l’a côtoyée assez jeune : "À partir de 18 ans, il y a beaucoup de choses qui affectent notre pensée et notre personnalité et à cette époque, ma vie était liée au le Vietnam. Autrement dit, j’ai acquis la plupart de mes connaissances lorsque j’étais au Vietnam", explique-t-il.
L’ambassadeur trouve de nombreuses similitudes entre les cultures des deux pays. Il cite, pour le mariage, des démarches au Vietnam que l’on peut retrouver en Palestine : le dam ngo (présentation officielle des deux futurs époux aux familles), le an hoi (cérémonie de fiançailles) et ruoc dâu (cérémonie d’accueil de la mariée). "Dans l’avenir, si le temps me le permet, j’écrirai un petit livre sur les similitudes entre les deux cultures", envisage-t-il.
L’amour que porte l’ambassadeur pour le Vietnam fait de lui un grand spécialiste de la culture et de l’histoire du pays.
L’Histoire de Kiêu et la musique de Trinh
Homme de goût, Saadi Salama prend plaisir à écouter les mélodies du célèbre composteur Trinh Công Son : "Ses chansons sont vibrantes, elles parlent de l’amour, de la romance, de la douleur ou des événements tragiques que l’artiste a traversé dans sa vie", partage-t-il.
"Quand je suis arrivé au Vietnam pour la première fois dans les années 1980, les chansons de Trinh Công Son étaient écoutées dans tous les cafés. Et bien sûr, la chanteuse était Khanh Ly", se souvient-il. M. Salama eut l’occasion de rencontrer cette fameuse chanteuse lors d’un spectacle il y a cinq ans et put lui offrir un foulard à cette occasion.
Dans le domaine de la littérature, le choix de l’ambassadeur se porte sur la fameuse Histoire de Kiêu. "N’importe qui veut comprendre le Vietnam doit lire L’histoire de Kiêu. J’ai lu ce livre pour la première fois quand j’avais 21 ans. À ce moment-là, mon vietnamien était encore limité, et je n’ai pas pu comprendre tout son contenu", raconte le diplomate. À son retour au Vietnam en 1989, et alors que son vietnamien s’était largement amélioré, il relu le livre plusieurs fois pour comprendre dans le détail les légendes contenues dans le récit. Il conseille en effet, pour lire ce livre, "de faire des recherches en parallèle et d’être patient". C’est à ce prix que la richesse culturelle du Vietnam s’expose au lecteur !
Au-delà des légendes, Saadi Salama aime aussi la transmission des valeurs morales que contient le livre, notamment le respect aux personnes âgées et le soin que l’on doit apporter aux plus petits. "C’est grâce à ces règles, dit-il, que l’on peut faire société. J’applaudis toujours les valeurs familiales traditionnelles des Vietnamiens !".
ambassadeur de Palestine au Vietnam, Saadi Salama. |
Photo : CTV/CVN |
Enfin, l’ambassadeur est bien entendu un grand amoureux de la gastronomie vietnamienne. Ses goûts dans ce domaine restent classiques et populaires : "Je préfère le +pho+. Je mange au moins un +pho+ au bœuf ou un +pho+ au poulet chaque semaine", partage M. Salama.
En dépit de son statut d’ambassadeur, qui pourrait le couper de la vie locale et populaire, M. Salama se fait un point d’honneur à garder une vie simple. Il va par exemple souvent au marché lui-même, pour acheter des marchandises et bavarder avec les vendeuses, "notamment une, qui me vend toujours des produits de bonne qualité !".
Aider le Vietnam à relever les nouveaux défis
Vivant au Vietnam depuis longtemps, Saadi Salama a été témoin des grands changements du pays : "En 1980, la capitale comptait environ 1,2 millions d’habitants, elle en compte plus de 8 millions aujourd’hui ! Face à cette croissance démographique et urbaine, le pays doit faire face à de nouveaux défis comme le développement des transports en commun, la protection de l’environnement et la planification urbaine".
L’ambassadeur est certain que le Vietnam réussira dans l’avenir, comme il a réussi à lutter pour son indépendance et à construire une nation unie et forte : "Je souhaite que les Vietnamiens vivent dans une économie prospère et que le Vietnam contribue de plus en plus au développement de la paix dans le monde", conclut-il.
Marié à une femme vietnamienne, le couple a quatre enfants. À la question de savoir leur origine, ses enfants répondent : "Nous sommes à moitié vietnamien, et à moitié palestinien", plus que fiers de représenter deux pays aux destins héroïques.