L'amapiano, des townships d'Afrique du Sud au succès planétaire

De la star de foot Paul Pogba à la chanteuse Janet Jackson ou la légende de la NBA Shaquille O'Neal, ils ont tous succombé au son de l'amapiano, musique électro dérivée de la house, née dans les townships d'Afrique du Sud.

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Au rythme de l'ampiano dans un nightclub de Johannesburg, le 26 février.
Photo : AFP/VNA/CVN

Un titre connu dans le monde entier et qui fait danser entre autres le joueur français de Manchester United dans une vidéo partagée sur les réseaux sociaux, a été vu dix milliards de fois rien que sur TikTok. Ameno, chanson française new-age réinterprétée par le rappeur nigérian Goya Menor avec ses paroles virales You want to bamba, puis remixée par un producteur ghanéen aux États-Unis, reprend des sons entendus depuis déjà une décennie dans les clubs sud-africains.

"Les pianos" en zoulou, est un genre reconnaissable entre mille, un beat au ralenti, de longues intros avec des nappes synthétiques et une basse qui reste coincée dans la tête. En Afrique du Sud, ce rythme est partout, échappant des voitures, dans la rue, les magasins, et ont envahi les ondes.

Le son de tambours en bois traditionnels sont la base du style : "C'est vraiment toute l'âme de la musique amapiano, une basse qui pompe et qui frappe", explique Yuvir Pillay, chargé des contenus musicaux pour TikTok en Afrique, plus connu sous son pseudo de DJ, Sketchy Bongo.

De Londres à Tokyo, ce rythme envahit depuis deux ans les playlists des plateformes de musique en streaming. Pour le producteur français Martin Meissonnier, spécialiste des musiques africaines, "l'amapiano a réussi à apporter un exotisme à une musique commerciale, et fait découvrir aux gens des sonorités qu'ils ne connaissent pas".

Racines à Soweto

"C'est un vrai mouvement culturel", estime la Sud-Africaine Kamo Mphela qui raconte avoir été scotchée par la rapidité de son propre succès à travers le continent.

Kamo Mphela fait une pause durant son pectacle dans un nightclub de Johannesburg, le 26 février.
Photo : AFP/VNA/CVN

"Un jour, tu fais une chanson dans un coin de ta cuisine et le lendemain, tu es reconnue comme une superstar", sourit la jeune femme de Soweto. Passée par la Boiler Room, plateforme de diffusion en ligne londonienne connue pour recevoir les meilleurs DJ mondiaux, elle sera sur scène avec l'Américain Chris Brown et la mégastar nigériane Burna Boy, au festival Afro Nation Portugal en juillet.

"Aujourd'hui, il y a une nouvelle chanson par semaine. TikTok et Instagram ont joué un rôle énorme pour faire connaître l'amapiano. On peut commencer une carrière sur TikTok", explique le DJ sud-africain Tumelo Nedondwe, un des explorateurs du genre.

Les plateformes aident les artistes à percevoir des droits lorsqu'un de leurs titres est utilisé dans des vidéos en ligne. "Plus vous engendrez de vidéos, plus vous touchez de royalties", explique M. Pillay, qui établit un lien direct entre les tendances émergeant sur les réseaux sociaux et les titres les plus écoutés sur les principales plateformes de musique en ligne.

L'amapiano est un genre métissé mais il trouve des racines dans le kwaito, genre de hip-hop local qui a émergé à Soweto il y a une trentaine d'années, après la libération de l'icône de la lutte contre l'apartheid Nelson Mandela.

Le duo sud-africain MFR Souls, composé des DJ Tumelo Nedondwe and Tumelo Mabe, ont fait partie des pionniers avec le tube Love you tonight en 2019, plus de 8 millions de vues sur YouTube.

Mais la véritable consécration, selon Tumelo Mabe, est de voir "des gens qui n'ont aucune idée de ce que veulent dire les paroles, chanter nos titres en dehors des frontières de l'Afrique du Sud".

AFP/VNA/CVN

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