L'Allemagne contrainte de revoir son système anti-terroriste

Échec du renseignement intérieur, procédures d'asile en cause, blocages bureaucratiques: le gouvernement d'Angela Merkel va devoir revoir complètement son système de surveillance des islamistes après la mort de l'auteur présumé de l'attentat de Berlin, qui a mis de multiples failles en évidence.

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La chancelière allemande Angela Merkel et le ministre de la Justice, Heiko Maas, à Berlin le 22 décembre 2016.

Le ministère de l'Intérieur a promis vendredi 23 décembre, par la voix de son porte-parole Tobias Plate, que "tout sera passé au peigne fin" le moment venu pour tirer les enseignements de l'attentat (12 morts) en matière de prévention.

Il n'a pas voulu donner à ce stade de détails, évoquant de premières propositions en début d'année prochaine, mais les chantiers sont nombreux car le Tunisien Anis Amri, un demandeur d'asile débouté de 24 ans, était connu de la police pour sa radicalisation islamiste et sa dangerosité.

"Les informations que nous avons sur la manière dont les autorités ont travaillé sont choquantes", a dénoncé cette semaine un des responsables du parti conservateur de la chancelière, Armin Laschet, "ce n'est pas comme ça que nous allons garantir la sécurité de l'Allemagne".

"Échec de l'État"

Le président du parti libéral d'opposition, Christian Lindner, parle lui d'un "échec de l'État allemand dans son ensemble qui ne peut être toléré".

Ce sont les ratés du renseignement intérieur allemand, éclaté dans un pays fier de son fédéralisme entre de multiples instances régionales, qui suscitent tout particulièrement la controverse.

Angela Merkel tient une conférence de presse, le 23 décembre à Berlin.
Photo : AFP/VNA/CVN

Entre son arrivée en Allemagne en juillet 2015 et l'attentat lundi 19 décembre, Anis Amri a joué au chat et à la souris avec les différentes administrations régionales allemandes en circulant d'une région à l'autre et en se faisant enregistrer sous différentes identités.

La police de Rhénanie du Nord-Westphalie, dans l'Ouest du pays, où il a séjourné un temps, le considérait comme très dangereux et prêt à préparer un attentat. Des écoutes ont pu établir qu'il était en contact avec les milieux salafistes de cette région, particulièrement actifs.

Le renseignement intérieur savait que le Tunisien avait aussi proposé ses services pour un attentat suicide ou qu'il s'était renseigné sur la fabrication d'explosifs, selon les médias.

Mais au final les autorités ont estimé ne pas avoir suffisamment d'éléments probants. Le dossier a été finalement transféré à une autre juridiction, à Berlin, où l'homme s'était entretemps installé. Elle a clos le dossier en septembre après plus de 6 mois de surveillance infructueuse.

L'arrêt de la surveillance à Berlin constitue "une erreur capitale", a tempêté vendredi 23 décembre l'expert de la famille politique d'Angela Merkel pour les questions de sécurité intérieure, Stephan Mayer. "Il aurait fallu bien sûr maintenir la surveillance d'Anis Amri compte tenu de sa dangerosité", a-t-il dit.

Aujourd'hui, les autorités de Berlin et de Rhénanie se renvoient la responsabilité du fiasco, qui illustre les limites du modèle fédéral allemand.

AFP/VNA/CVN

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