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Quelque 15 ha de Trà Quê sont consacrés à la culture de légumes et d’herbes aromatiques. |
Trà Quê, un charmant petit village de la commune de Câm Hà, est situé à quelque 3 km du centre de l’ancienne cité de Hôi An, province de Quang Nam (Centre). Ici, l’on y pratique une culture maraîchère biologique, sans recours aux produits phytosanitaires utilisés dans l’agriculture conventionnelle.
Des modèles profitables à tous points de vue
Trà Quê s’étend sur 40 ha. Il dénombre environ 200 familles pratiquant la culture maraîchère, lesquelles produisent plus de 20 sortes de légumes et d’herbes aromatiques selon la saison, comme le basilic, la pérille de Nankin et bien d’autres encore.
Ici, tout est bio. Les paysans utilisent l’eau de la rivière Cô Co et des engrais organiques végétaux fabriqués sur place. C’est à cette association que les légumes de Trà Quê doivent leur saveur. Les villageois appliquent également des techniques culturales modernes. La culture n’influence pas l’environnement, les cultivateurs, et surtout donne des produits de haute qualité et bio.
"À Trà Quê, environ 15 ha sont consacrés à la culture de légumes et d’herbes aromatiques. Ici, les paysans utilisent les engrais organiques faits à partir des jacinthes d’eau qui foisonnent dans le marais de Trà Quê. Cette saison, la culture de certains légumes sont à l’honneur comme salade, feuilles de moutarde, choy-sum mais aussi les herbes aromatiques comme la ciboule", a révélé Nguyên Tô Vinh, un villageois.
Un modèle de culture maraîchère bio de la coopérative de Thanh Xuân, dans le district de Soc Son, en banlieue de Hanoï. |
Pour atteindre les critères organiques, les paysans respectent à la lettre les principes des «cinq zéros» : non utilisation des engrais chimiques, des organismes génétiquement modifiés, des produits favorisant artificiellement la croissance, des défoliants, et enfin non recours aux insecticides.
Explications de Nguyên Van Thuân, paysan dans le district de Kinh Môn, province de Hai Duong (Nord) : "Je cultive sur mes terres des concombres et des pastèques. L’agriculture bio donne des produits de haute qualité et propres. Ainsi, nous, paysans, contribuons à protéger l’environnement dans la mesure où nous n’utilisons aucun produit phytosanitaire dans nos cultures".
Pour le secrétaire du Comité populaire du district de Gia Lôc, province de Hai Duong, Pham Quang Hung : "Les organismes compétents doivent accorder des priorités en faveur de l’agriculture biologique. Il apparaît indispensable de mobiliser plus de fonds pour aider les modèles d’agriculture bio à s’étendre et à se développer".
L’agriculture bio est un humaniste. Répondant non seulement aux préoccupations des consommateurs sur la sécurité sanitaire des aliments, elle traite aussi les questions de justice sociale et de protection de l’environnement et des ressources naturelles durables.
Un colloque sur l’agriculture bio à Hanoï. |
De belles perspectives, à condition d’y mettre les moyens
Si cette pratique “propre” se développe de jour en jour dans différentes localités vietnamiennes, elle reste un phénomène nouveau au Vietnam. Il y a encore énormément de choses à faire, à réfléchir ensemble pour l’étendre massivement. Plusieurs concepts de base font encore l’objet de discussions.
De nombreux colloques sur l’agriculture organique sont organisés dans différentes localités du pays. Certains ont lieu en présence de délégués étrangers, français notamment. L’occasion pour les organismes compétents vietnamiens et d’autres pays d’échanger des expériences dans le développement des modèles de culture en la matière.
"Nous travaillons avec le Vietnam sur la question de l’agriculture biologique. Le Vietnam est en train de finaliser sa grande question sur la transition entre l’agriculture dite conventionnelle avec beaucoup d’intrants (des produits chimiques notamment) à une agriculture biologique (avec moins d’intrants), sans pour autant que le consommateur se retrouve avec des produits qui soient hors de prix et sans pour autant non plus que le producteur n’arrive pas à vivre. C’est pourquoi, il faut trouver les bons moyens d’opérer cette transition en accompagnant tous les acteurs", a exprimé Alexandre Bouchot, conseiller agricole de l’ambassade de France au Vietnam.
Avec une population de plus de 90 millions d’habitants, la sécurité alimentaire est une des premières préoccupations du gouvernement. Le ministère de l’Agriculture et du Développement rural accélère maintenant l’achèvement du projet de développement de l’agriculture bio pour la période 2018-2025.
Pour toutes les raisons évoquées précédemment et dans la logique de développement durable dans laquelle tente de s’inscrire le pays, l’agriculture organique devrait s’imposer comme une tendance inéluctable du développement de l’agriculture vietnamienne. Une nécessité aussi pour les consommateurs, toujours plus regardants envers les produits qui leur sont proposés.
Texte et photos : Phuong Mai/CVN