France
L'Afnor accouche d'une norme expérimentale sur les aliments halal transformés

L'Association française de normalisation (Afnor) a rendu publique vendredi 15 septembre la première norme française pour les aliments halal transformés, au terme de délicates tractations qui ont duré plusieurs années.

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L'Association française de normalisation rend publique la première norme française pour les aliments halal transformés, au terme de délicates tractations qui ont duré plusieurs années.

Cette norme, "expérimentale" et "volontaire", n'a aucun caractère obligatoire, et a été élaborée à la demande d'industriels français de l'agroalimentaire, en vue de faciliter l'exportation de certains produits, avec la participation d'organismes de certification musulmans, a indiqué un responsable de l'Afnor.

Dans un pays laïc où les tensions communautaires et politiques autour de l'islam s'enveniment rapidement, les participants ont exclu un sujet de dissensus majeur: les conditions d'abattage des animaux pour la production de viande.

La norme, qui définit une méthode de production unifiée "halal" (ce qui est licite, selon le culte musulman), ne concerne donc que la partie aval de la production : de la matière brute au produit transformé, incluant conserves, plats préparés, charcuterie, confiserie, boulangerie.

Elle ne fait pas non plus la liste des éléments interdits, même si certains font consensus comme le porc et l'alcool.

Ce texte établit des processus de fabrication, des recommandations à suivre "pour permettre aux industriels de conduire leur analyse des risques en identifiant les étapes critiques qui pourraient rendre leur production non halal", explique l'Afnor dans son introduction.

Un marché en plein boom

Le marché du halal bat des records dans le monde, estimé à 600 milliards de dollars. Pour la France, il atteignait 5,5 milliards d'euros en 2010, dont 4,5 milliards pour les produits alimentaires, selon une étude du cabinet Solis, spécialisé dans le marketing identitaire.

"Jusqu'à présent, nous devions toujours accepter les cahiers des charges de nos clients, nous n'avions rien à mettre en face, car il n'existait aucune norme en France", a expliqué Eldjida Makhloufi, responsable export de la Fédération française des industriels charcutiers, traiteurs et transformateurs de viandes (FICT), qui a participé à l'élaboration de cette norme.

Un représentant du volailler Doux qui souhaite se développer sur ce marché a pris part aux travaux, avec des représentants du Cniel (Industriels du lait), du syndicat des plats préparés Adepale, une association de consommateurs (Afoc), une représentante du CNRS (Idemec), du ministère de l'Agriculture, du Conseil français du culte musulman (CFCM) et des organismes de certification reliés aux mosquées de Paris, Lyon et Evry.

"L'idée c'est d'avoir un référentiel, cet outil va nous permettre d'aller plus loin, et de donner confiance aux entreprises qui veulent exporter", a ajouté la responsable de la Fict.

Le "marché explose de jour en jour" et "nos concurrents prennent des parts de marché dans des pays où nous aurions une légitimité, mais où on reproche à la France de ne pas avoir de norme".

"Ce n'est pas le rôle de la norme de trancher sur l'interprétation des textes religieux pour définir ce qui est interdit ou autorisé par l'islam, nous avons fourni des lignes directrices pour s'adapter aux sollicitations des clients, l'intitulé de la norme est un guide de bonnes pratiques avec une analyse des risques", précise Nadine Normand, responsable du département agroalimentaire de l'Afnor.

La norme s'appuie notamment sur sept recommandations du Codex Alimentarius établi par la FAO, l'organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture.

"Il convient de prévenir les présences fortuites d'un intrant ou d'un ingrédient +haram+ (interdit) dans le produit fini", indique le texte de la norme.

Ainsi un industriel qui fabriquerait des saucisses de volaille halal un jour par semaine, doit pouvoir garantir qu'il a nettoyé ses outils pour éviter les contaminations croisées s'il produit des saucisses de porc sur les mêmes chaînes de fabrication les autres jours de la semaine. Mais pas avec de l'éthanol. S'il utilise du vinaigre d'alcool, celui-ci peut, ou non, être considéré comme halal, selon les pays clients.

Pour exporter, un industriel qui a besoin d'un colorant rouge ferait mieux de ne pas utiliser le E120, également appelé le carmin de cochenille. Dans certains pays musulmans, cet élément est interdit, car issu d'insectes.

AFP/VNA/CVN

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