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Le ministre français de l'Économie, Bruno Le Maire, le 12 janvier 2018 |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Élargissant le précédent rappel qui courait à partir de février 2017, le ministre Bruno Le Maire souhaite ainsi mettre un terme à une crise sanitaire d'autant plus retentissante qu'on apprenait quelques minutes après son point presse qu'un cas de salmonellose avéré avait été découvert en Espagne concernant un bébé ayant consommé de ce lait infantile contaminé. Un autre cas reste à confirmer en Grèce.
Afin de mettre fin à l'inquiétude des familles et d'éviter que ce scandale ne vienne éprouver la "réputation" d'une filière laitière française déjà en crise, M. Le Maire a "demandé à M. (Emmanuel) Besnier, le président de Lactalis, de faire preuve de davantage de transparence".
Le ministre s'est finalement présenté seul devant la presse, après avoir reçu le très secret patron du groupe qui, en dépit d'un appel à venir s'exprimer publiquement lancé par le gouvernement, est arrivé à Bercy par une entrée dérobée, évitant les caméras.
"Le président de Lactalis communiquera publiquement sur les causes de la contamination dès qu'elles seront établies", a toutefois assuré M. Le Maire. "Lactalis fera ensuite tous les investissements nécessaires sur le site de Craon pour garantir la sécurité sanitaire du site", a-t-il ajouté, écartant implicitement le spectre d'une fermeture de l'usine actuellement à l'arrêt et dont 250 des 327 salariés sont au chômage technique.
Les distributeurs, dont certains ont continué à vendre des produits potentiellement contaminés après l'annonce de leur retrait, avaient déjà été convoqués à Bercy jeudi soir 11 janvier. Le patron des centres E. Leclerc, Michel-Édouard Leclerc, a évoqué jeudi 11 janvier une "défaillance" des services de l’État.
Principales données économiques sur le groupe laitier Lactalis qui emploie 75.000 personnes dans le monde. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Trois rappels
Les contrôles déjà effectués ont permis de retrouver des boîtes de lait potentiellement contaminées dans des supermarchés, mais aussi dans des pharmacies, des crèches et des hôpitaux.
L'association des familles victimes du lait contaminé aux salmonelles a pour sa part annoncé que des "centaines" de parents de nourrissons avaient porté plainte dans toute la France contre Lactalis, pour avoir commercialisé ce lait.
La contamination à la salmonelle dans l'usine de Craon avait été révélée début décembre au public. La salmonelle avait toutefois été identifiée plus tôt par le groupe lors d'auto-contrôles en août et novembre, mais seulement dans l'environnement du site et pas dans les produits.
"Notre hypothèse est que la salmonelle était présente et qu'il y a eu résurgence lors de travaux que nous avons effectués au cours du premier semestre", a dit jeudi 11 janvier le porte-parole du groupe, Michel Nalet, lors d'un point-presse.
Le ministère de l'Agriculture avait pour sa part affirmé début janvier n'avoir "pas eu connaissance" des résultats des auto-contrôles menés par le groupe.
C'est ensuite le rappel des lots de lait infantile en trois étapes en décembre qui a semé la zizanie. Faute d'accord avec Lactalis, le ministre de l’Économie a expliqué avoir dû signer lui-même le 9 décembre un arrêté demandant la suspension de la commercialisation des laits infantiles et le rappel de quelque 600 lots, soit 11.000 tonnes.
Fin décembre, le Parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire pour "blessures involontaires", "mise en danger de la vie d'autrui", "tromperie aggravée par le danger pour la santé humaine" et "inexécution d'une procédure de retrait ou de rappel d'un produit" préjudiciable à la santé.
Au 9 janvier, les autorités de santé avaient recensé en France 35 nourrissons atteints de salmonellose et ayant consommé un lait ou un produit d'alimentation infantile de l'usine Lactalis incriminée.
Dix-huit nourrissons ont été hospitalisés, mais tous avaient été sortis de l'hôpital, selon la même source.
AFP/VNA/CVN