L'A400M immobilisé par certains de ses clients après un accident mortel

Trois des premiers clients de l'Airbus A400M ont suspendu dimanche 10 mai les vols de cet avion de transport militaire européen après un accident mortel à Séville, dans le Sud de l'Espagne où les autorités ont salué le courage de passants qui ont dégagé les deux survivants.

>>Au moins quatre morts dans le crash d’un avion militaire A400M en Espagne

Un Airbus A400M lors d'une exposition aéronautique internationale en 2010 à l'aéroport Schönefeld de Berlin.

Les deux boîtes noires de l'appareil, dont la teneur pourrait s'avérer décisive pour déterminer la cause du crash, ont été retrouvées dimanche matin 10 mai sur le lieu de l'accident.

"Elles ont été données au juge d'instruction responsable de l'enquête judiciaire", a indiqué le ministère des Travaux publics dans un communiqué.

Les survivants, le mécanicien de vol et un ingénieur, grièvement blessés, se trouvaient dans un état stable dimanche 10 mai, selon des sources hospitalières. Quatre autres occupants de l'appareil, qui devait être livré à la Turquie en juillet, ont été tués. Tous travaillaient pour Airbus Defense and Space, a annoncé le constructeur.

L'avion s'est écrasé dans un champ au nord de l'aéroport samedi 9 mai vers 13h00 lors d'un vol d'essai après avoir heurté une ligne à haute tension, en tentant apparemment un atterrissage de fortune.

Selon la présidente du gouvernement régional d'Andalousie, dont Séville est la capitale, Susana Diaz, deux agriculteurs et un passant se sont précipités avant même l'arrivée des services de secours pour aider le mécanicien et l'ingénieur à sortir de la carcasse fumante de l'appareil.

Un avion militaire A400 M décolle de Toulouse Blagnac le 10 février.
Photo : AFP/VNA/CVN

Le chef du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, a qualifié de "héros" l'un de ces volontaires, en publiant sur son compte Twitter une photo où il serre la main de cet agriculteur identifié comme "Manuel". Susana Diaz, citée dans le journal Diario de Sevilla, a salué "le geste exemplaire de ces citoyens".

A400M immobilisés

L'Allemagne, la Grande-Bretagne puis la Turquie ont annoncé la suspension des vols de l'A400M, en attendant les résultats de l'enquête.

Les ministres français et espagnol de la Défense ont affiché dimanche 10 mai à Lorient, en Bretagne, leur soutien au groupe Airbus, appelant à "ne pas tirer de conclusions hâtives".

C'est "un appareil de très grande qualité", a souligné le ministre français Jean-Yves Le Drian.

La France, premier client de l'A400 qui en possède déjà six, a maintenu les vols "prioritaires en opérations" dans l'attente des résultats de l'enquête.

Fiche technique de l'airbus A400M, dont un exemplaire s'est écrasé lors d'un vol d'entraînement, samedi 9 mai à Séville.

Le ministre espagnol de la Défense, Pedro Morenes, a estimé pour sa part qu'"il ne faut pas tomber dans la critique facile d'une entreprise qui s'est montrée jusqu'ici extrêmement dynamique, un formidable concurrent dans son domaine".

La Malaisie, qui a pris livraison de son premier appareil en mars, n'a pas encore annoncé sa position. Douze A400M sont actuellement en service.

Outre le constructeur Airbus, qui a envoyé ses spécialistes sur place, la Guardia Civil espagnole a ouvert une enquête tandis que le gouvernement formait une commission conjointe des ministères de la Défense et du Budget.

Nouveau coup dur

L'accident est un nouveau coup dur pour cet avion qui devait être un fleuron de la coopération militaire européenne mais qui accumule les déboires depuis le lancement du programme en 2003.

L'A400M devait à la fois satisfaire les besoins des armées de l'air de ses sept clients de lancement - Allemagne, France, Espagne, Royaume-Uni, Belgique, Luxembourg et Turquie - et de leurs industriels.

Ainsi, plutôt que d'acheter un moteur sur le marché, les gouvernements ont insisté pour faire fabriquer le moteur par un consortium européen, EPI, formé du français Snecma (Safran), du britannique Rolls Royce, de l'espagnol ITP et de l'allemand MTU, ce qui, selon Airbus, a contribué aux retards de quatre ans.

Déjà en 2010, Airbus avait failli jeter l'éponge. Tom Enders, le patron d'Airbus avait menacé d'abandonner le programme, si les pays de lancement n'acceptaient pas de partager les surcoûts : 6,2 milliards d'euros, soit 30% du budget initial.

Depuis les premières livraisons, l'A400M a été critiqué par ses clients, plus récemment par l'Allemagne.

Airbus qui avait déjà présenté ses excuses à la Grande-Bretagne pour les retards, a annoncé fin janvier la réorganisation de sa branche aviation militaire avec le départ de son directeur Domingo Ureña-Rasoir, remplacé par un autre Espagnol, Fernando Alonso.

Au total, 174 appareils ont été commandés à ce jour, dont 50 pour la France, 53 pour l'Allemagne, 27 pour l'Espagne et 22 pour le Royaume-Uni.


AFP/VNA/CVN

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