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Ce gallion de six étages était tombé sous les tirs espagnols lors de la tentative d'invasion anglo-portugaise de 1763. À son bord? Des barriques de rhum, du mercure et surtout 100.000 pièces d'or. Les restes du Lord Clive avaient été localisés dès 2004 par le plongeur professionnel argentin Ruben Collado.
Le chasseur de trésors Ruben Collado montre le 29 avril 2010 l'endroit où a sombré dans l'estuaire du Rio de la Plata le navire anglais Lord Clive. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Mais après un premier feu vert des autorités, retoqué en 2007, ce n'est qu'en février de cette année que ce passionné d'épaves, désormais septuagénaire, a obtenu le droit d'aller le repêcher. Avant de réaliser enfin son rêve, "les eaux troubles et la vitesse des courants" seront les principaux obstacles, explique-t-il à l'AFP, montrant, crayon en main, le plan complexe qu'il a mis au point pour remonter le bateau, dont il veut ensuite faire un musée thématique.
Celui qui s'auto-proclame "le Corsaire du Rio de la Plata" a de l'expérience en la matière, ayant extirpé des eaux une dizaine de navires. Son grand coup d'éclat avait été, dans les années 1990, de repêcher la frégate portugaise Notre-Dame de la Lumière au fond de la baie de Montevideo, avec "plus d'un million de pesos de l'époque déclarés et dix fois plus en contrebande" dans ses cales, un trésor ensuite vendu aux enchères.
Avec ses eaux boueuses, ses courants, son vent changeant, le Rio de la Plata, plus grand fleuve au monde, est devenu au fil des siècles un véritable cimetière de bateaux : au fond de son lit reposerait un millier d'épaves de navires européens. À l'époque coloniale, Montevideo était une escale incontournable pour ceux qui partaient du Pérou vers l'Europe.
Beaucoup faisaient naufrage, emportés par les tempêtes, buttant contre des bancs de sable mal cartographiés.
Un « bateau emblématique »
Concernant le Lord Clive, englouti face à la ville uruguayenne de Colonia del Sacramento, cité fortifiée à 180 kilomètres à l'ouest de Montevideo, les opérations de sauvetage devraient commencer en août. L'épave se trouve à 350 kilomètres de la côte, raconte Ruben Collado, et à six mètres de profondeur. Après son naufrage, les survivants des combats avaient recouvert le bateau de pierres extraites de la muraille de Colonia del Sacramento, pour empêcher son pillage. Pour accéder au Lord Clive, le chasseur de trésors argentin estime donc qu'il faudra retirer entre 80 et 100 tonnes de pierres.
Deuxième étape, draguer, autour des restes de l'embarcation, toute la boue accumulée, qui donne justement cette couleur marron à l'immense fleuve. À l'issue de ce processus, il faudra creuser des tunnels sous l'épave pour y passer des cordages permettant ensuite de relever le bateau à la verticale et éviter ainsi de rompre sa structure en bois, éprouvée par ce long séjour sous-marin.
Une grue devrait enfin soulever le navire et l'amener à la terre ferme. Interrogé sur le coût et la durée de l'opération, Ruben Collado reste évasif, préférant souligner à quel point le Lord Clive est un "bateau emblématique", d'une valeur historique incalculable. Il ne peut toutefois pas s'empêcher d'avoir les yeux qui brillent quand il évoque la quantité d'or que pourrait contenir le vieux bateau : ses 100.000 pièces estimées devaient permettre de couvrir au moins trois à quatre ans d'expédition de guerre.
Mais l'explorateur argentin n'oublie pas qu'il devra partager ce trésor avec l'État uruguayen, à hauteur de 50%.