«La voix du pays natal» résonne aux États-Unis

L’avocate Phùng Tuê Châu est une figure bien connue de la communauté vietnamienne des États-Unis. Via son émission radio «La voix du pays natal», elle souhaite éveiller les Viêt kiêu au patriotisme authentique et les rapprocher de leur terre ancestrale

«La Voix du pays natal» propose une émission mensuelle, mais deux lorsque l’actualité l’exige.

Chez les Vietnamiens de l’étranger (Viêt kiêu), chacun a sa propre manière de se relier à son pays natal ou d’origine, et de contribuer à son édification. Phùng Tuê Châu, une Viêt kiêu des États-Unis, a choisi de créer avec des amis une émission radio en vietnamien afin d’informer ses compatriotes des actualités au Vietnam. Diffusé depuis 2005, «La Voix du pays natal» propose une émission mensuelle, mais deux lorsque l’actualité l’exige.

Avant la fin de la guerre en 1975, Phùng Tuê Châu vivait à Saigon (Hô Chi Minh-ville actuellement), où elle exerçait la lucrative profession d’avocate. «La libération du Sud le 30 avril 1975 a bouleversé ma vie», confie-t-elle. Comme bien d’autres employés vietnamiens qui avaient collaboré avec l’ancien régime saïgonnais, Tuê Châu a connu une vie d’après-guerre difficile. Elle a dû oublier sa profession première et tenter de gagner sa vie en vendant des vêtements au marché. En 1989, soutenue financièrement par sa jeune sœur, elle est partie s’installer aux États-Unis.

Anti-communiste repentie

Sur le sol américain, l’avocate Tuê Châu était devenue présidente du Comité des élections de la «communauté vietnamienne de Californie du Sud», connue pour ses activités hostiles vis-à-vis du régime communiste vietnamien. «Comme une machine, j’ai participé à des manifestations contre l’administration vietnamienne et suis entrée en contact avec Dô Hoàng Diêm, un responsable du parti Viêt Tân hostile au Vietnam», avoue-t-elle.

L’avocate Phung Tuê Châu a l’ambition de faire une émission en direct à partir de Truong Sa.

Toutefois, le point de vue politique de Tuê Châu a commencé à changer en 1995, année où le président Bill Clinton a décidé de rétablir les relations diplomatiques américano-vietnamiennes. Pour elle, ce fut une période troublée au sein de la communauté vietnamienne, où deux camps (pour ou contre l’ouverture diplomatique) s’opposaient, parfois vigoureusement. Les dirigeants des groupes anti-communistes ont tout fait pour inciter la communauté vietnamienne à faire pression sur le Congrès afin que cette décision du président Bill Clinton soit rejetée. «En désaccord totale avec ces actions, j’ai téléphoné à Dô Hoàng Diêm pour exprimer mes convictions. Mais, il a fait la sourde oreille. C’est alors que j’ai cherché à m’éloigner de ces extrémistes», raconte l’avocate.

Puis Tuê Châu a rencontré Trân Van Ca, aussi Viêt kiêu des États-Unis, leader d’une association de soutien au Vietnam et à ses habitants. Il lui a demandé de participer avec lui à l’organisation d’une collecte de fonds pour l’achat de fauteuils roulants en faveur des blessés de guerre vietnamiens. Enthousiasmée par cette action humanitaire, Tuê Châu a commencé des actions de sensibilisation au sein de la communauté des Viêt kiêu. Mais le jour J, des extrémistes se sont rassemblés devant la porte du bâtiment où étaient recueillis les dons pour protester contre cette collecte de fonds. «Ces actions outrancières ont renforcé ma conviction sur leur perfidie. Et je me suis promise alors de ne plus commettre d’erreurs portant préjudice à notre pays».

Toutes les pensées tournées vers la Patrie

Tuê Châu s’est ensuite mise à lire des journaux officiels du Vietnam comme Nhân Dân (Peuple), Quân dôi nhân dân (Armée du peuple), Tuôi tre (Jeunesse), Saigon Giai phong (Saigon libéré)... «J’ai enfin reconnu l’engagement et les bienfaits de l’État vietnamien envers les habitants. Le peuple vietnamien est vraiment admirable. Il a mené à bonne fin sa lutte contre l’agression française puis américaine. Je me suis rendue compte que si nous aimions la Patrie, si nous voulions contribuer à l’édification nationale, nous devions tourner nos pensées vers le pays natal, réaliser des actions concrètes dans l’intérêt du peuple», confie-t-elle.

C’est avec cette idée que Tuê Châu, en coordination avec des amis, a créé en 2005 ce programme radio «la Voix du pays natal». «Un programme où la communauté vietnamienne est informée de la situation réelle du pays en cette période de Renouveau et de mondialisation», explique-t-elle.

Le développement fulgurant de l’Internet a boosté la «Voix du pays natal», qui est désormais accessible sur YouTube.

Les efforts de Tuê Châu ont enfin été récompensés. En avril 2014, le Comité des Vietnamiens résidant à l’étranger du Vietnam l’a invitée à «rentrer au bercail», pour une visite de l’archipel de Truong Sa (Spratly). «Je suis très fière d’avoir mis les pieds sur Truong Sa, une partie inséparable de notre territoire. Quelle émotion devant les sacrifices silencieux des soldats de la Marine qui jour et nuit protègent la souveraineté du pays et œuvrent pour la paix».

Son ambition de faire une émission en direct à partir de Truong Sa étant irréalisable, Tuê Châu a promis que «La voix du pays natal» émettrait au plus tôt un programme spécial sur la vie des habitants locaux et des soldats en garnison, ainsi que sur leur volonté de défendre la souveraineté nationale.

Nghia Dàn/CVN

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