La voix des tambours du Nigeria s’entend jusque sur les «dance floors»

Le «tambour parleur», un instrument séculaire d’Afrique de l’Ouest qui servait autrefois aux villages à communiquer entre eux, retrouve une jeunesse dans la musique contemporaine, de la chanteuse de néo soul Erykah Badu aux groupes de hip hop.

Aralola Olamuyiwa, dite Ara, est l’une des rares femmes au Nigeria à maîtriser cet instrument dont elle a joué aux côtés de Stevie Wonder, ou devant la reine d’Angleterre. D’école en école, la musicienne rencontre des enfants auxquels elle apprend à jouer, «une façon de préserver notre patrimoine à travers nos enfants qui seront nos lendemains, notre avenir», dit-elle.
Un petit bâton recourbé à la main, une fillette nigériane de cinq ans vacille en essayant de tenir ce haut tambour de 60 centimètres de haut, lors d’une leçon. «Les enfants doivent perpétuer notre culture, notre tradition et il faut qu’ils démarrent jeunes», explique Ara, après une leçon d’une heure dans une école maternelle de Lagos, la capitale économique du Nigeria.

Le tambour parleur des Nigérians.


L’instrument en forme de sablier, fait généralement de bois et de peau animale, est profondément ancré dans la culture ouest-africaine, où il a longtemps servi de moyen de communication, bien avant le téléphone, sans parler des courriels et des textos. Utilisé au Nigeria, au Mali, au Sénégal, ce type de tambour servait à l’origine aux villages à communiquer entre eux, avec une série de sons complexes s’apparentant grossièrement aux mots de langues locales. «Cela servait comme aujourd’hui le téléphone», explique Tunde Babawale, du ministre nigérian du Tourisme.
Dans la soul et le hip hop

Selon la manière dont il est frappé, les initiés qui connaissent son langage sauront s’il annonce un décès, une naissance, un mariage ou une déclaration de guerre. S’il a perdu sa fonction initiale, il est loin de disparaître. Après avoir été intégré dans la musique traditionnelle, il bat désormais le rythme de morceaux de hip-hop d’artistes africains, mais aussi de renommée internationale, comme la chanteuse de néo soul Erykah Badu.
Le musicien nigérian Sikiru Adepoju, grand connaisseur du tambour parleur, a lui multiplié les collaborations avec le percussionniste du groupe de rock américain Grateful Dead, Mickey Hart. Avec ses tonalités variées, sa polyvalence, le tambour peut facilement enivrer ses auditeurs et donner envie de bouger, s’assurant un grand succès sur un «dance floor». L’une des raisons majeures pour lesquelles les artistes contemporains le choisissent.
La rappeuse britannico-nigériane Weird MC, également connue sous le pseudo Rappatainer, a ainsi introduit ce tambour dans son titre «Ijo-ya» (Dansons), en 2006. De son vrai nom Adesola Idowu, elle explique avoir voulu fusionner un son contemporain avec le tambour traditionnel pour créer un son nouveau, «ce qui à l’époque était assez unique». «Nous avons fini par obtenir une ambiance à la fois +club+ et africaine», poursuit-elle.

La musicienne Aralola Olamuyiwa.


Pour le musicien nigérian Wura Samba, «il n’existe pas de musique qui ne puisse utiliser le tambour parlant». Lui-même joue une variété de percussions au sein de différents groupes avec lesquels il se produit, et tente de perfectionner sa maîtrise du tambour parlant dont il est amateur. Il aimerait aussi voir cet instrument rencontrer un succès mondial tel que le djembé, autre instrument à percussion ouest-africaine très présent dans la musique contemporaine.
Pour Weird MC et d’autres qui souhaitent que le tambour parlant perdure, il est important que l’on continue à l’enseigner. «C’est un instrument qui pour moi est très sacré», dit la rappeuse. «C’est véritablement un tambour qui parle».
Lors d’un récent festival consacré au tambour parleur dans la ville d’Ibadan (Sud-Ouest), un chef traditionnel Yoruba en a fait une démonstration à son palais, son personnel lui annonçant en battant des sons l’arrivée de visiteurs.

AFP/VNA/CVN

Rédactrice en chef : Nguyễn Hồng Nga

Adresse : 79, rue Ly Thuong Kiêt, Hanoï, Vietnam.

Permis de publication : 25/GP-BTTTT

Tél : (+84) 24 38 25 20 96

E-mail : courrier@vnanet.vn, courrier.cvn@gmail.com

back to top