>>La France doit faire évoluer rapidement sa stratégie de dépistage
>>Faire le "tri" entre les malades, fardeau quotidien des réanimateurs
>>"Restez chez vous", mot d'ordre qui se répand dans le monde
Des soldats français montent un hôpital de campagne à Mulhouse (Est de la France), saturé par l'afflux de patients atteints du nouveau coronavirus et placés en réanimation, le 22 mars. |
Le stress est là et l'armée des soignants a perdu son premier soldat, avec le décès d'un médecin urgentiste annoncé par le ministre de la Santé : un médecin de 67 ans à Compiègne (Oise), décédé après avoir pris en charge les premiers patients atteints du coronavirus. Entre samedi 21 mars et dimanche 22 mars, 112 décès supplémentaires ont été enregistrés dans les hôpitaux, sachant que d'autres décès ont probablement eu lieu en ville ou dans les Ehpad, a annoncé Jérôme Salomon, directeur général de la Santé (DGS).
Le nombre de patients hospitalisés a atteint 7.240, dont 1.746 le sont en réanimation (avec environ un tiers de ces cas graves âgés entre 40 et 65 ans). "La situation va continuer de s'aggraver ces prochains jours avant que les effets d'un confinement strict ne fasse ralentir l'épidémie", a lancé le DGS, en écho aux propos du président Macron dans le Journal du dimanche 22 mars : "La vague est là".
Prolongation en vue
Au terme d'un premier week-end de confinement, les autorités préparent le terrain à la prolongation de cette mesure inédite, pour l'instant décrétée jusqu'à fin mars, comme le demandent de nombreuses voix dans le monde médical. Le conseil scientifique créé sur le COVID-19 doit se prononcer lundi sur ce sujet. Le gouvernement prendra alors sa décision mais un allongement paraît déjà "probable", a déclaré sa porte-parole Sibeth Ndiaye dimanche sur LCI.
Le ministre de l'Éducation nationale Jean-Michel Blanquer envisage pour sa part un retour des élèves en classe le 4 mai, selon "l'évolution de l'épidémie". Le gouvernement, dont un troisième membre (Emmanuelle Wargon) a été "diagnostiquée" positive, a par ailleurs été enjoint dimanche par le Conseil d'État de revoir d'ici 48 heures certaines dérogations de déplacements, notamment pour motifs de santé ou pour une pratique sportive. En refusant cependant d'ordonner le "confinement total" réclamé en urgence par certains médecins.
Amendes et prison
Sur près de 1,8 million de contrôles, un total de 91.824 infractions pour non-respect du confinement ont été relevées depuis la mise en place de cette mesure mardi, selon Alain Thirion, directeur général de la sécurité civile et de la gestion des crises. Conséquence de ce respect aléatoire : les sanctions ont été durcies : les 135 euros d'amende forfaitaire passeront ainsi à 1.500 euros en cas de récidive "dans les 15 jours" et "quatre violations dans les trente jours" pourront valoir "3.700 euros d'amende et six mois de prison au maximum".
Sur le terrain, les couvre-feux s'étendent, de Charleville-Mézières (Ardennes) tout le littoral des Alpes-Maritimes, en passant par Perpignan (Pyrénées-Orientales). Dans les hôpitaux, le décès du premier médecin a renforcé l'inquiétude des soignants sur la pénurie de matériel de protection.
Opérations de l'armée, hôpitaux mobilisés contre le COVID-19 |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Malgré l'annonce ce week-end de commandes pour plus de 250 millions de masques. Le stock actuel est de l'ordre de 86 millions de masques, alors que les besoins sont estimés par M. Véran à "24 millions de masques par semaine". Priorité va être donnée pour la distribution de ces masques aux personnels de santé, en ville comme à l'hôpital, et aux personnes intervenant auprès des personnes âgées, selon M. Véran.
Évacuations
Concernant l'utilisation de tests, réservés à certaines catégories de populations (fragiles, âgées, femmes enceintes, etc.), le gouvernement infléchit peu à peu sa doctrine et entend pouvoir "multiplier" les tests, mais seulement au moment de "la levée du confinement". Pas de dépistage massif immédiat, comme l'a par exemple pratiqué avec un succès apparent la Corée du Sud. Car il n'y en a tout simplement pas assez de tests en France, selon le président du conseil scientifique, Jean-François Delfraissy.
Sur le terrain, les structures hospitalières saturent dans certaines régions très affectées, comme en Alsace d'où l'Armée a évacué une douzaine de patients vers d'autres régions et installe à Mulhouse un hôpital de campagne, qui devrait être opérationnel en début de semaine. Quelques patients ont aussi été évacués vers l'Allemagne et la Suisse frontalières.
Explication de l'état d'urgence sanitaire. |
Du côté des traitements, un essai clinique a été lancé dimanche 22 mars dans au moins sept pays européens pour tester quatre traitements expérimentaux contre le coronavirus, dont l'hydorxychloroquine promue de Dr Raoult, et qui va inclure en tout 3.200 patients, dont 800 Français.
État d'urgence
Après quatre jours de débats intenses, le Parlement a adopté définitivement dimanche le projet de loi permettant l'instauration d'un "état d'urgence sanitaire" de deux mois face à l'épidémie, qui encadre la restriction des libertés publiques (confinement, réquisitions...). Sur le front économique, face au "tsunami" de la récession qui s'annonce, le texte autorise le gouvernement à prendre par ordonnances une série de mesures pour soutenir les entreprises. Le ministère de l'Action et des Comptes publics, Gérald Darmanin, a annoncé un nouveau report du paiement des cotisations sociales dues début avril.
La fédération CGT du commerce et des services a regretté de son côté un premier décès dû au Covid-19 dans la distribution : un responsable de la sécurité d'un centre commercial, en région parisienne. Le syndicat a déploré que "le profit passe avant la vie". Pour l'heure, 43% des Français seulement se déclarent confiants en ce qui concerne la façon dont le gouvernement gère la crise, selon le baromètre quotidien BVA pour Orange et Europe 1, soit 12 points de moins que lors de la première mesure, entre mercredi et jeudi. Et huit sur dix pensent que le pire est à venir.
AFP/VNA/CVN