La solidarité vietnamienne s’expatrie en France

Tandis que la pandémie atteint son apogée en France, le groupe des Vietnamiens en France a posté un message : "Chers amis, si quelqu’un dans ce groupe sait faire la cuisine pour venir en aide aux docteurs et infirmiers, je souhaiterai également prêter main forte".

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Une photo du personnel de l'Hoopital Necker adressée comme remerciement au groupe "Le cœur vietnamien".

Le nombre de personnes affectées par le virus augmentent chaque jour en France. Les médecins et infirmiers sont totalement dépassés par la situation, les hôpitaux sont surchargés de patients. Grâce à cet élan de solidarité, la bonté des vietnamiens resurgie.

La solidarité virtuelle

"Le cœur vietnamien" est un groupe constitué de Vietnamiens vivant en France dont certains ne se sont jamais rencontrés dans la vraie vie. Ils veulent simplement contribuer à l’effort national et venir en aide aux médecins et infirmiers qui sont en première ligne contre le COVID-19. À la suite de la publication de ce message, beaucoup ont répondu présent. Ce petit groupe de Vietnamiens se rend dans les hôpitaux de Paris et de banlieues pour offrir des repas aux médecins et infirmiers français.

Dans les supermarchés, tout le monde fait la queue en respectant les distances de sécurité. Le groupe de cuisiniers volontaires suit les consignes en évitant de se regrouper en grand nombre. Seulement deux personnes sont chargées de faire les courses ou d’aller livrer les repas dans les hôpitaux. Giang Van Khac, membre du groupe, a partagé avec enthousiasme son témoignage : "Nous sommes allés directement dans les hôpitaux, remettre aux personnels hospitaliers des spécialités vietnamiennes telles que le café, le thé, des gâteaux, des fruits... Ils étaient très touchés par nos cadeaux. On se sent utiles auprès de celles et ceux qui se battent au quotidien pour faire reculer le COVID-19".

Pour maintenir leurs activités, le groupe a fait un appel aux dons. Un geste de solidarité qu’ils ont collecté via leurs familles, amis et d’autres compatriotes de la communauté vietnamiennes en France. Dans chaque paquet délivré aux hôpitaux, figure le message suivant : "Merci à vous, vous êtes nos héros".

Thanh Huyên Chareunphol, membre du groupe également, a fait savoir : "En regardant la télé, je vois que les médecins et infirmiers travaillent dur. Pire encore, il y en a qui meurent des suites du coronavirus. Tous les jours, ils font face aux dangers comme les soldats qui partent en guerre. Beaucoup de patients sont en attente de soins. Les infirmiers et docteurs travaillent pendant des heures et ne prennent même pas le temps de manger. Ils sont surmenés. Cela me fait mal au cœur. Je veux les aider en cette période difficile. Comme je suis un employé de restaurant, je peux préparer 40 à 50 portions pour ceux qui sont en première ligne".

Thanh Huyên Chareunphol a fait part de son idée à sa famille. Son beau père lui a dit : "C’est une belle cause. Nous, Vietnamiens, nous avons à cœur d’aider les autres quelle que soit son origine. Il en est de notre responsabilité d’apporter notre soutien à la communauté et la société".

Avant la création du groupe "Le cœur vietnamien", Huyên et son mari ont contacté la Fédération française de sauvetage et de secourisme. "Leur travail est très stressant, ils doivent répartir les patients entre les hôpitaux. Ils étaient à Strasbourg. Quand ils se rendront sur Paris, ils nous contacteront immédiatement. Je les soutiens deux fois par semaine. À chaque fois, je prépare 40 à 50 portions", a-t-elle déclaré. "Maintenant, je suis membre du groupe +Le cœur vietnamien+. Ils sont prêts à donner de l’argent et à consacrer du temps, en participant à la préparation des plats. J’espère que tous ensemble, nous apporterons aux médecins, soignants et infirmiers plus de dons matériels et de soutien".

Des saveurs vietnamiennes

Lê Thi Quynh Hoa préparant des plats vietnamiens pour des médecins et infirmiers de l'hôpital d'instruction des armées Sainte-Anne-Toulon.
Photo : TN /CVN

Résidant à Toulon, Lê Thi Quynh Hoa a rapidement soutenu l'Hôpital d'instruction des armées Sainte-Anne-Toulon dès que le confinement a été annoncé. Propriétaire d'un petit restaurant vietnamien "Le Hanoi", Hoa a fait la rencontre d’une infirmière venue acheter de la nourriture. Totalement exténuée, l'infirmière lui a confié qu’actuellement, elle devait travailler 12 à 14 heures par jour.

Quynh Hoa a immédiatement contacté l'hôpital afin de trouver un moyen de les aider. Désormais, elle fournit tous les mercredis et vendredis, de 40 à 50 portions de nourriture vietnamienne aux médecins et infirmiers de l'hôpital.

Issue d'une famille de cuisinier, Hoa a appris la gastronomie vietnamienne dès son plus jeune âge. Elle privilégie les spécialités telles que les rouleaux de printemps frits, le phở (soupe de nouilles de riz au boeuf), le ravioli vietnamien à la vapeur, le porc au caramel... Son mari, lui donne un coup de main pour emballer les portions.

Chaque semaine, sur sa page Facebook, elle publie des photos de ses réalisations : "Encore et encore des plats typiquement vietnamiens offerts aux médecins, infirmiers et soignants de l'hôpital Sainte Anne. Vous êtes nos héros, nos sauveurs. Bravo pour ce dur et beau métier que vous faites. Honneur à vous ! Prenez tous soin de vous ! "

Les médecins et infirmiers lui ont répondu : "Merci pour votre soutien. Merci pour vos plats délicieux. Nous avons bien mangé". Hoa s’est engagé à accompagner les médecins et infirmiers de l’Hôpital Sainte-Anne jusqu’à la fin de la pandémie.

Bien qu'elle soit loin de Paris, occupée par son restaurant, Quynh Hoa a tout de même cherché à soutenir l'équipe de "Le cœur vietnamien". Elle a contacté rapidement les hôpitaux de Paris et de la banlieue parisienne. Hoa a relaté : "Par téléphone, les médecins français semblaient surpris de notre proposition. Certains se sont exclamés : Oh, c’est vrai ? Je comprends pourquoi les Vietnamiens sont si gentils ! "

Confectionner des masques avec un drap

Bich Hao Hamann fabrique des "masques gratuits" pour ses voisins, ceux et celles qui en ont besoin.
Photo : TN/CVN

En parallèle, des dons de nourriture, le groupe a également fait appel à leurs compatriotes pour offrir des masques. Les masques médicaux se font rares, les médecins, infirmiers et soignants dans les hôpitaux n’en possèdent pas assez tout comme les habitants confinés lorsqu’ils font leurs courses. Face à cette réalité, Bich Hao Hamann a immédiatement fabriqué des masques. Durant les premiers jours, elle en faisait don aux Viêt kiêu. Puis, elle en a donné aux employés des supermarchés et des pharmacies près de chez elle.

Dans le hall de son immeuble, Bich Hao a placé une petite boîte contenant de jolis masques en tissu, avec un mot : "Masques gratuits". Ses masques furent un succès auprès de ses voisins français. Ils n'ont pas oublié d'envoyer des messages de remerciement dans sa boîte aux lettres.

Elle a raconté avec joie : "En voyant le besoin en masque, je n’avais plus de tissu disponible. J'ai donc sacrifié le drap en coton que ma belle-mère m'a offert lors de mon mariage. J’ai d’autres draps en coton que je n’ai pas utilisé, je les ai transformés en masque à 3 couches. Depuis près d’un mois, j'ai produit 500 masques. Mon mari français est fier de mon travail et me soutient toujours ".

Lorsqu'on lui a demandé où elle avait trouvé le tissu, hormis ses draps, elle a répondu: "Nous, les Vietnamiens, sommes très solidaires. J'ai demandé à mes compatriotes de me donner des tissus et du fil pour la couture. Nombreux d’entre eux ont apporté du matériel au pied de mon immeuble. Mon travail est de les couper et de les transformer pour en faire de beaux masques ! "

L’après pandémie

Thanh Huyên Chareunphol a déclaré : "Actuellement, la France est le 4e pays au monde à avoir le plus grand nombre de cas contaminé. Le Vietnam contrôle encore assez bien la maladie. Je suis vraiment soulagée. Je souhaite que notre pays natal se maintienne. La plupart de nos familles, nos parents et grands-parents vivent là-bas. Je m'engage à apporter mon soutien quel que soit le pays où je suis".

Thanh Hoa, la dirigeante du groupe "Le cœur vietnamien" a refusé de s’étaler sur son travail de bénévole. Elle s’est exprimée : "Je ne suis qu'un petit grain de sable dans le désert. Vous devriez parler avec les autres membres du groupe. Personne ne veut accaparer l’attention sur son travail". Ils prennent soin de leur santé et de celles des autres. Ils se rencontreront après la pandémie dans la vraie vie.

La sincérité, la gentillesse et la responsabilité envers la communauté des expatriés vietnamiens ont apporté un réconfort à la société française dans cette période difficile. À la question d’un médecin français "Pourquoi les Vietnamiens sont-ils toujours aussi gentils ?". La réponse est simple : "Parce que nous sommes Vietnamiens". Une heure du matin, des mesdecins et infirmiers de l’Hôpital Necker ont pris une photo adressée au groupe "Le cœur vietnamien" : "Un remerciement de l’hôpital Necker pour votre générosité dans cette période difficile. Prenez soin de vous et de vos proches. Santé, bonheur et prospérité".

Hoàng Hoa/CVN

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