La situation critique des ponts vietnamiens

De nombreux ponts au Vietnam ne seraient pas aux normes. Pour faire face aux risques d’accidents, le ministère des Transports et des Communications exige l’identification et la remise en état des ouvrages vétustes, et ce immédiatement.

>>Quatre ponts couverts impressionnants au Vietnam

Le pont Ghênh s'est effrondré le 20 mars après avoir été percuté par une barge.

Au début du mois de mars dernier, deux accidents fluviaux consécutifs ont eu pour conséquence l’écroulement de deux ponts, l’un à An Thai, dans la province de Hai Duong (Nord) et l’autre à Ghênh dans la province méridionale de Dông Nai (Sud).

Des incidents graves, et qui sonnent l’alerte sur l’insécurité liée à la circulation fluviale. La négligence des conducteurs en est la cause principale, mais il faut également prendre en compte le système de navigation à l’intérieur des terres enjambé de ponts plus ou moins vétustes qui nécessiteraient d’être réparés dans l’urgence, voire d’être entièrement reconstruits.

Des ouvrages inadaptés, et parfois centenaires

Selon Trân Van Tho, directeur adjoint du Département de la voie fluviale intérieure du Vietnam, la moitié des 532 ponts que compte le pays ne répondent pas aux normes.

Problème : le transport fluvial ne cesse d’augmenter avec des bateaux toujours de plus en plus gros, ces derniers variant aujourd’hui entre 400 et 2.000 tonnes. Inadaptés aux nouvelles dimensions et à ces contraintes, les anciennes structures se transforment en de dangereuses barrières, augmentant considérablement les risques d’accidents.

Même constat pour les chemins de fer. Selon Ngô Anh Tao, directeur adjoint de la Compagnie générale de la voie ferrée du Vietnam, le pays recense 1.920 ponts ferroviaires dont à peine plus de la moitié a été refaite. Et c’est sans oublier que bon nombre d’entre eux sont déjà centenaires. On peut citer celui de Long Biên qui surplombe le fleuve Rouge, de Ninh Binh sur la rivière Day, ou encore de Binh Loi pour le fleuve Saigon. La liste est longue et ne cesse de s’allonger. Situation plus préoccupante, 13 ouvrages sur les 147 que compte la ligne très empruntée entre Hanoi et Hô Chi Minh-Ville doivent être restaurés au plus vite.Des équipements modernes pour une meilleure gestion

Le ministère des Transports et des Communications assure avoir dégagé des fonds pour assurer les reconstructions nécessaires, mais il reste encore à ce jour de nombreux ponts en situation d’urgence et qui mettent en danger les usagers.

«Afin d’assurer la sécurité des ponts affaiblis, les organismes compétents doivent construire immédiatement des piliers de protection. Il faut installer un système de panneaux d’alerte, ou recourir aux bouées», suggère le Docteur Nguyên Van Hùng, ancien directeur de l’Université du génie civile.

Lors d’une récente réunion, le vice-ministre des Transports et des Communications, Nguyên Hông Truong, a exigé en premier lieu un bilan répertoriant les structures à risque, et a appelé le gouvernement à poursuivre l’octroi de crédits pour les futurs chantiers de restauration.

Pour Trân Hông Quang, chef du Département de la voie fluviale intérieure du Vietnam, il est devenu primordial de viser le long terme, et ce en recourant aux dernières technologies et à des méthodes plus scientifiques et rigoureuses dans la gestion et la direction des transports fluviaux. Il demande également au ministère des Transports et des Communications d’élaborer un projet d’installation d’équipements de surveillance des voyages et de communication de type VHF (very high frequency) permettant des liaisons radio entre les bateaux mais aussi avec les stations, et ce pour tous les moyens de transports fluviaux pesant plus de 300 tonnes.


Retour sur l’accident du pont Ghênh
Le pont Ghênh, qui enjambe la rivière de Dông Nai, s’est effondré le 20 mars dernier après avoir été percuté par une barge. Deux piliers du pont se sont effondrés suite à l’impact, coupant dès lors la route ferroviaire transnationale. Selon le vice-ministre des Transports et des Communications, Nguyên Hông Truong, la réparation totale et le rétablissement de la circulation sur la ligne ferroviaire Nord-Sud vont prendre entre trois à cinq mois au minimum. En outre, la police de Dông Nai (Sud) a arrêté dès le lendemain deux personnes soupçonnées d’être responsables de cet accident, et ce pour «infractions au règlement sur la conduite fluviale». Selon les premiers éléments de l’enquête, un remorqueur conduit par un des deux suspects, et qui tirait une barge transportant 600 tonnes de sable, a heurté le pont peu avant midi. La collision a non seulement provoqué l’effondrement de la structure, mais également entraîné le naufrage de deux autres navires. Les deux conducteurs du remorqueur avaient pris la fuite juste après.

Huong Linh/CVN

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