Instruction à domicile, une alternative crédible ?

Le homeschooling, aussi appelé instruction à domicile, est en plein essor, en particulier dans les pays anglo-saxons. Au Vietnam aussi, cette méthode commence à gagner du terrain. Reste la question de son encadrement, à laquelle est aujourd’hui confronté le secteur de l’éducation.

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Le homeschooling rencontre un vif succès. Mais il risque de priver l’enfant d’activités collectives, comme celles faites en classe.

Le homeschooling désigne l’enseignement à domicile chargé par les parents ou des précepteurs de famille, et selon un cours conçu et rédigé de manière scientifique. Pour diverses raisons, de plus en plus de parents de pays comme la Grande-Bretagne, la France, les États-Unis ou Singapour retirent leurs enfants des écoles publiques pour prodiguer eux-mêmes l’instruction à domicile.

Le homeschooling est reconnu comme une méthode pédagogique à part entière, qui peut se substituer à la scolarisation à l’école. Aux États-Unis, chaque département publie ses propres règlements sur cette méthode afin d’éviter toutes dérives.

Une méthode non reconnue au Vietnam

L’instruction à la maison commence à jouir d’une certaine popularité au Vietnam. Les parents peuvent enseigner chez eux en dehors des heures de classe l’intégralité ou un panel de disciplines comme les mathématiques, l’anglais, ou encore les sciences sociales, en se référant aux cours tels qu’ils ont été conçus aux États-Unis. Problème : cette méthode n’a pas encore été étudiée validée par le ministère vietnamien de l’Éducation et de la Formation.

Nguyên Thi Thiên Huong, domiciliée dans l’arrondissement de Thanh Xuân, à Hanoi, se prépare à emmener sa petite famille en voyage dans la province de Son La (Nord) pour y étudier la vie difficile des ethnies minoritaires. Ce voyage est tout sauf récréatif, Huong ayant organisé cette excursion dans un but pédagogique. Mère de trois filles âgées respectivement de 11, 6 et 4 ans, elle relève déja des résultats probants, de cette nouvelle méthode. «Ma deuxième fille a fait beaucoup de progrès un mois seulement après sa rentrée en première classe du primaire», exprime Huong. Elle est actuellement la gestionnaire du forum «Homeschooling Vietnam» qui connait un joli succès sur le réseau social Facebook, en étant suivi par 2.000 personnes. «Toutefois, il faut savoir que les parents du forum n’assurent pas l’intégralité de l’enseignement à domicile», tempère-t-elle.

En effet, au Vietnam, le homeschooling n’est pas encore reconnu comme une méthode pédagogique pouvant se substituer à l’enseignement classique. Selon la Loi sur l’éducation, l’enseignement maternel pour les enfants de moins de 5 ans, mais également celui primaire et secondaire sont obligatoires. Et seuls les établissements scolaires sont habilités à les prodiguer. En d’autres termes, les enfants ne seront pas reconnus s’ils ne vont pas à l’école. Ce qui explique pourquoi beaucoup de parents n’enseignent que quelques disciplines à leurs enfants en dehors des heures de classe.

Vu Thi Kim Anh, domiciliée en banlieue de Hanoi, informe qu’elle a commencé à enseigner l’anglais à son fils de 3 ans en suivant la méthodologie et les cours élaborés aux États-Unis. Cela ne l’a pas empêché de le scolariser comme les autres enfants. Car selon elle, le homeschooling est un métier à plein temps si l’on veut tout enseigner. Certains parents qui appliquent avec succès cette méthode estiment qu’avant d’opter pour ce choix, il faut déterminer les objectifs à atteindre.

La Docteur Vu Thu Huong, du Département de l’éducation primaire de l’École normale supérieure de Hanoi, estime que le choix du homeschooling témoigne d’une certaine méfiance d’une partie des habitants envers le système éducatif actuel.

Et de rejoindre les propos de Vu Thi Kim Anh en estimant que cette méthode n’est actuellement pas applicable au Vietnam, les parents devant s’occuper de leurs enfants à plein temps.

De plus, le homeschooling n’est pas une méthode miracle. Les enfants, qu’ils étudient à l’école ou à la maison, doivent avoir des enseignants. Les parents ne peuvent pas les remplacer totalement. Sans omettre que le programme scolaire actuel inclut maintes activités collectives ou en groupes, impossibles à mettre en place à domicile. Pour étayer son argumentaire, Vu Thu Huong précise que ce modèle date de la période féodale en Europe. Et aujourd’hui, il reste très marginal. Ce n’est donc pas une priorité pour le Vietnam.

Mettre en place un encadrement strict

Au Vietnam, le homeschooling n’est pas encore reconnu comme une méthode pédagogique pouvant se substituer à l’enseignement classique.
Photo : VNA/CVN

Trân Thi Thai Hà, de l’Institut des sciences et de l’éducation du Vietnam, a un avis différent. «Si les familles se tournent vers le homeschooling, estime-t-elle, c’est pour pallier la quasi-absence d’enseignement de connaissances et compétences pratiques dans le système scolaire classique. C’est pourquoi, cette méthode est une tendance nécessaire dans le contexte du développement technique et scientifique. Mais le fait que cette méthode n’est pour le moment pas reconnue par le ministère de l’Éducation et de la Formation fait courir de grands risques aux élèves».

Si le débat sur la légitimité de l’instruction à domicile est loin d’être clos, un représentant du ministère de l’Éducation et de la Formation rappelle que de toute façon, ce dernier n’a pas encore ouvert le dossier.

Pour Nguyên Lôc, ancien directeur adjoint de l’Institut des sciences et de l’éducation du Vietnam, les responsables doivent discuter et accepter différents modèles d’éducation dans l’objectif de répondre aux besoins de la société moderne, en perpétuel mouvement.

Une chose est sûre, l’engouement pour le homeschooling dans le pays est bien actuel, en particulier chez les parents qui place l’éducation de leurs enfants au-dessus de tout. C’est pour cette raison que le secteur de l’éducation doit rapidement se pencher sur la question afin de proposer des mesures et orientations justes, ainsi qu’un encadrement adapté de sorte que les parents puissent faire le choix qui leur parait être le meilleur.


Huong Linh/CVN

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