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Des Cubains dansent la rumba dans une rue de La Havane, à Cuba. |
Photo: AFP/VNA/CVN |
"C’est une forme de célébration de la vie, créée durant la période de l’esclavage dans les plantations sucrières, dans les quartiers, les ports et les lignes de chemin de fer", explique Miguel Barnet, président de l’Union nationale des écrivains et artistes de Cuba. Cette danse, rythmée par les tambours, la clave (instrument de percussion) et les chants, a été inscrite en 2016 patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’UNESCO.
"Quel que soit le lieu où les esclaves ont travaillé, ils avaient besoin de créer des chants spirituels, liturgiques pour leur salut et pour se soigner", ajoute ce spécialiste à propos du processus de création de cette danse entre la fin du XVIIIe et le début du XIXe siècle.
Chapeau et canne, l’homme, tout de blanc vêtu, se meut avec élégance face à la femme, habillée d’une jupe ample et colorée, qui ondule à chacun de ses pas. Durant cette danse, l’homme fait la cour à sa partenaire en lui tournant autour.
Née avant Cuba
"La rumba pour moi, c’est Cuba, et je suis une fidèle gardienne de la tradition. Je sens qu’elle est en moi, je l’ai dans le sang", confie Yanaisis Ordoñez, danseuse de 31 ans, qui se produit lors du Festival international de la Rumba 2018, tenu en fin août à Cuba.
Ce jour-là, ils sont face au couvent de Belen, où 300 esclaves coupaient autrefois la canne à sucre. De temps à autre, un adolescent passe en écoutant du reggaeton, un rythme qui, selon le critique musical Pedro de La Hoz, puise son influence dans la culture bantoue, une des racines africaines de la rumba.
"La rumba est née avant la nation cubaine et bien avant le concept de patrie. Plus ancienne, elle a contribué au développement du concept de nation. C’est un élément fondamental de l’identité cubaine", explique Miguel Barnet. Elle est alors reproduite par les habitants à travers l’île.
"C’est un folklore qui ne s’est pas arrêté dans le temps. Des apports et des techniques viennent s’y ajouter, et tout cela reste vivant", abonde Pedro de La Hoz. La rumba s’est ensuite diffusée un peu partout: de la salsa au cabaret, en passant par les danses de salon, à New York, Paris ou Mexico.
"C’est une musique et une danse qui fusionnent les héritages africains, espagnols et d’autres zones des Caraïbes dans la musique cubaine. Elle a les tambours et les intonations d’Afrique mais beaucoup (d’influences) viennent d’Espagne. N’y a-t-il pas des traces de flamenco dans la rumba?", interroge-t-il.
Cubains et touristes prennent des cours de rumba, à La Havane. |
Photo: AFP/VNA/CVN |
"On retrouve la rumba dans les grands genres symphoniques mais elle est toujours présente dans les quartiers, où elle continuera d’exister", conclut Pedro de La Hoz. Pour ce critique musical, la rumba "revendique l’héritage d’un continent (...) L’Afrique était très dispersée avant les processus de la colonisation".
Après leur arrivée à Cuba et au Brésil, "les Africains ont réalisé qu’ils faisaient partie d’un continent, d’une culture majeure, et celle-ci est retranscrite à travers ces chants et ces danses", souligne-t-il. "C’est un fait, la rumba a une saveur unique, c’est pour ça qu’elle a traversé les frontières. On a vu des danseurs de rumba phénoménaux aux États-Unis, et y compris en Europe de l’Est", fait valoir le "maestro" de danse Isaias Rojas, de l’Institut supérieur des arts. Mais les racines sont dans les Caraïbes.
"La rumba se retrouve dans le quotidien de l’homme, quand il va au magasin ou à la boucherie. Dès que tu te mets à marcher, ton corps parle et danse la rumba", assure-t-il.
AFP/VNA/CVN