La riziculture se réaménage pour mieux récolter dans le delta du Mékong

Dans le delta du Mékong, le plus grand grenier à riz du Vietnam, les perspectives d'un rendement exceptionnel faisaient le bonheur des agriculteurs. Mais la loi de l'offre et de la demande leur fait parfois déchanter. Explications du Docteur Lê Van Banh, directeur de l'Institut de recherche sur le riz du delta du Mékong.

Quel rôle joue le delta du Mékong dans la production agricole au Vietnam ?

Important depuis longtemps et plus encore depuis ces dernières années, grâce aux ouvrages hydrauliques et à la création de nouvelles variétés de riz qui ont permis de porter la production de 4,2 millions de tonnes en 1976 à 20 millions en 2008, le delta du Mékong contribue largement à assurer la sécurité alimentaire du pays comme aux exportations nationales. Chaque année, il participe de plus de 50% à la production vivrière du pays et à 90% de celle de riz destiné à l'exportation, avec un chiffre d'affaires de trois milliards de dollars.

Les produits aquatiques sont un autre segment dans lequel le delta du Mékong dispose des atouts, en représentant 60% de la production et 80% des exportations nationales pour un chiffre d'affaires de 2,5 milliards de dollars. À cela, il faut ajouter ceux de l'élevage, de la fruiticulture et du maraîchage qui participent notablement à la production domestique comme aux exportations.

Selon de récentes enquêtes, le delta du Mékong a encore des progrès à faire sur le développement durable : le rendement et les exportations ayant augmenté plus vite que les revenus des agriculteurs qui ont même baissé dans les régions menacées par les intempéries ou la salinisation des terres...

En général, la production agricole au Vietnam et plus particulièrement dans le delta du Mékong connaît plusieurs difficultés, au rang desquelles les trois premières sont une majorité de petites exploitations agricoles, un taux de foyers pauvres élevé en zone rurale, et une diminution des terres agricoles avec l'industrialisation et l'urbanisation. Ce sont les principales raisons expliquant la faible qualité comme la diversification de la production agricole. Dans la situation actuelle, il est en effet difficile de garantir l'hygiène alimentaire comme de baisser le coût de revient des produits, d'où une faible compétitivité.

En d'autres termes, le pays a besoin de procéder à un aménagement global de sa production agricole, ce qui entraîne d'autres problèmes, tels que des investissements insuffisants ou de facto difficilement planifiables, et une plus forte pollution de l'environnement. D'où ce refrain de "bon prix contre mauvaise récolte et faible prix contre bonne récolte" que l'on entend parfois.

Le Comité de pilotage du Nam Bô oriental, l'Institut de recherche sur le riz et l'Université de Cân Tho ont présenté un projet baptisé "Mesures pour la production et la commercialisation du riz via l'alliance régionale et la participation de quatre acteurs - État, scientifiques, entreprises et agriculteurs". Quel est son objectif ?

D'abord d'appliquer des solutions scientifiques et technologiques pour créer de nouvelles variétés de riz de haut rendement, de grande qualité, plus résistantes aux parasites comme aux conditions de culture induites par le changement climatique. Il prévoit ensuite la création de coopératives pour une production industrialisée au sein d'une chaîne intégrée, de la mise en culture à la formation aux techniques culturales en passant par la conservation et la transformation du riz...

En réalité, les régions spécialisées dans la riziculture sont souvent les localités moins développées. Pour améliorer les conditions de vie des riziculteurs, il faut bien organiser la production de riz et l'écoulement, mieux partager les intérêts entre les producteurs et les entreprises exportatrices. L'élévation de la valeur du riz passe aussi par la création des régions de riziculture d'envergure de haute qualité.

Le ministère de l'Agriculture et du Développement rural (MADR) a déployé à titre d'essai dans le delta du Mékong le modèle des champs d'envergure.
Avec ce modèle dans la production du riz, les entreprises et les agriculteurs sont entrés dans une alliance efficace aux intérêts de chaque partie. Il s'agit du modèle de création des champs colossaux pratiquant la norme VietGap. Dans le cadre de ce modèle, les paysans bénéficient de la fourniture, par les entreprises de prestige, des variétés de riz approuvées, des matières premières agricoles, ainsi que les services techniques (préparation du sol avant de semer, récolte, travaux hydrauliques, transformation, réserve et exportation). Ce modèle aide à limiter les pertes après récolte, à réduire le coût de revient et augmenter la qualité du riz. D'où la hausse des profits.

Thuy Tiên/CVN

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