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Les vedettes au port du "áo dài" au Festival qui lui est dédié, en 2016 à Hanoï. |
Photo : Thanh Hà/VNA/CVN |
Depuis quelques années, les militants commencent à encourager les gens à retourner aux traits culturels d’origine du Vietnam. Plusieurs groupes se sont formés afin d’organiser des événements, dont des festivals qui invitent les nombreux visiteurs internationaux à reconnaître la beauté des traditions du pays.
L’un des fameux objectifs mis en œuvre par les militants vietnamiens durant ces dernières années était la popularisation des valeurs de la tunique traditionnelle áo dài. À l’origine, le áo dài était affecté aux hommes avant qu’il ne soit communément reconnu comme un costume attribué aux femmes. Néanmoins, l’habit pour les hommes reste un grand mystère sur lequel la connaissance des gens et même des modélistes est floue.
La partie méprisée de la culture traditionnelle
«Depuis 1954, le +áo dài+ pour les hommes a perdu sa place d’antan. On ne le voit plus que dans les théâtres. En plus, l’État n’a pas toujours un concept précis de la tenue nationale, raconte le peintre Nguyên Duc Binh, fondateur du groupe Đình làng Viêt. Le ministère de la Culture, des Sports et du Tourisme a affecté le +áo dài+ pour les événements importants, mais nous les militants, nous voulons que celui-ci soit porté librement par tous les hommes vietnamiens», ajoute-il.
Vi Kiên Thành, chef du Département des beaux-arts, de la photographie et de l'exposition du ministère de la Culture, des Sports et du Tourisme supporte le áo dài comme tenue d’élégance pour les hommes. «Le seul obstacle reste dans l’acceptation du concept, constate-t-il. La plupart des gens supposent que la tunique est féminine et désuète. Personnellement, je trouve que le port de celui-ci pendant les fêtes et autres grands événements est sensationnel», partage-t-il.
L'envoyé spécial du Premier ministre du Vietnam pour les affaires de l'UNESCO, Pham Sanh Châu (centre), porte le "áo dài" masculin au festival Têt Viêt 2017. |
Photo : Dang Duong/CVN |
Admis aux services diplomatiques il y a 17 ans, l'ambassadeur Pham Sanh Châu, assistant du ministre des Affaires étrangères et envoyé spécial du Premier ministre pour les affaires de l'UNESCO, est un fanatique de cette tunique traditionnelle. «Les médias mettent toujours en valeur le +áo dài+ pour les hommes, remarque Pham Sanh Châu. Je voudrais faire découvrir à mes amis étrangers que le Vietnam dispose également de costumes masculins. J’espère qu'un jour, le +áo dài+ et le tissage de la soie du Vietnam s’ajouteront à la liste des patrimoines culturels mondiaux», s’exclame-t-il.
L’un des porte-drapeaux des années 1990, le styliste Sy Hoàng, prévoit que ce fameux costume sera la tendance majeure de la mode cette année. «À Hô Chi Minh-Ville, dès mars 2017, je vais organiser un événement afin d’encourager mes collègues, les hommes d’affaires et les hommes politiques à porter le +áo dài+ quotidiennement», sourit-il.
Le défi des couturiers vietnamiens
Plusieurs célébrités vietnamiennes, dont le chanteur Duc Tuân, ont choisi le áo dài comme leur costume principal du Têt 2017. De son côté, le chanteur Hàn Thái Tú a remarqué la bonne appréciation chez les spectateurs sud-coréens à l’égard de son áo dài au cours de son concert. Le 1er dauphin de Miss Universal Ambassador, Ngoc Tình, adore aussi les traits culturels de la tunique : «Je souhaiterais bien que tous les Vietnamiens portent ce fameux costume pendant les journées festives. Chez moi, tout le monde porte le +áo dài+ pour la veille et pendant la première journée du Nouvel An lunaire», raconte-t-il.
Le áo dài moderne, composé de deux courts pans de robe, avec ou sans les manches courtes, et accompagné d’un jean ou d’un pantalon, est le plus courant chez les femmes. Cependant, les créateurs de mode vietnamiens se disputent toujours sur la confection des coupes afin qu’il soit confortable aux hommes.
Le port des "áo dài" modernes par les jeunes vietnamiens. |
Photo : Hoàn Bôt/VNA/CVN |
Toutefois, le chercheur culturel Nguyên Ðông confie que le áo dài originaire n’est plus destiné à la vie actuelle, puisque la tunique est trop étroite et le pantalon est plus ou moins débraillé. Il ne préfère pas pour autant les traits modernes des áo dài confectionnés par les couturiers. «Le +áo dài+ du Vietnam est composé de cinq parties, tandis que la tunique indienne ou chinoise se compose de six, précise-t-il. Un +áo dài+ traditionnel ‘standard’ est satisfaisant, et la soie reste le meilleur textile. Le grand défi des couturiers vietnamiens est de bien harmoniser ces éléments», dit-il.
Pour sa part, l’artiste peintre Nguyên Thu Hà s’occupe de la rénovation de ce fameux costume. Selon ses expériences cinématographiques, tous les films suivent un catalogue précis des áo dài modernes susceptibles d’apparaître sur scène. Les coupes contemporaines permettent trois couvertures, qui peuvent laisser place à des poches intérieures et qui peuvent couvrir intégralement les t-shirts ou chemises des acteurs. De plus, la soie n’est plus primordiale, les textiles industriels sont ainsi également convenables, tout en faisant baisser les prix de production.
Selon le couturier Thuân Viêt, le áo dài moderne aurait été plus adapté s’il était plus court, plus étroit et donc plus pratique. Il suggère que le coton ou le lin sont aussi de bons textiles pour tisser ce costume. Le débat se poursuit mais il est peu probable de voir autant tenue masculine que celle des femmes dans un avenir proche.