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Des poteries de Huong Canh. |
Parler de Huong Canh, c’est parler de poterie. Selon les habitants de ce village situé à Binh Xuyên, un district de la province de Vinh Phuc (Nord), ce métier serait né il y a 300 ans. Ses produits étaient essentiellement des jarres, marmites et théières. Pendant les années 1950-1970, la naissance de la coopérative de Huong Canh a permis à cet artisanat traditionnel de se développer fortement. Ce fut l’âge d’or.
"Les produits de Huong Canh sont appréciés pour leurs couleurs naturelles, leurs matières brutes et leur durabilité. Le secret réside dans l’argile utilisée", partage Giang Thi Nhan, une artisane.
"Nos poteries sont des récipients idéaux pour conserver le thé, l’alcool ou encore les denrées périssables. Les parfums du thé, le goût de l’alcool, la qualité des semences…, tout est bien préservé, et pour longtemps", ajoute-t-elle.
Selon le peintre Lê Thiêt Cuong, un grand connaisseur et amoureux de la céramique, la différence entre celles de Bat Tràng, Thô Hà, Phù Lang et Huong Canh repose dans la température de cuisson : 1.200°C à Bat Tràng, en-dessous de 1.000°C pour les autres.
À Huong Canh, les poteries ne sont pas émaillées car l’argile est une sorte de roche sédimentaire composée de particules micros-copiques, ce qui donne une pâte liante capable de résister à l’eau et à la lumière. Quant à la couleur, elle change en fonction de la position des objets dans le four. Deux types d’argile sont utilisés : la brune et la bleue. La première, assez dure, se trouve entre
0,5 et 1,5 m de profondeur, et la seconde entre 3 et 6 m.
Ce sont des objets à usage courant comme des vases, des jarres, des bouilloires ou encore des petites marmites qui ont fait la réputation de Huong Canh. Pour répondre aux goûts des clients, certains artisans cherchent à mettre en avant leur sensibilité artistique.
Un vent de fraîcheur souffle sur le village
Œuvres de l’artisan Nguyên Hông Quang. |
Aujourd’hui, la poterie de Huong Canh fait face à des difficultés. On peut même affirmer qu’elle est menacée d’extinction. Dans ce village, il n’y a plus que 10% des foyers qui pratiquent encore ce métier.
S’orienter dans une nouvelle voie n’est pas chose aisée. "L’existence de tous les villages de métiers traditionnels dépend du design. Pour survivre, répondre aux besoins actuels, ils doivent savoir renouveler leurs modèles, mêler tradition et modernité. La publicité est aussi un élément très important", partage le peintre Lê Thiêt Cuong.
Le peintre-sculpteur Nguyên Hông Quang, patron d’un atelier de poterie bien connu, a contribué au renouvellement de la poterie du village. Né dans une famille exerçant ce métier depuis trois générations, M. Quang a été formé à la céramique moderne. Depuis 1994, il se penche sur ce type de céramique. Grâce à lui, la poterie de Huong Canh a pris une orientation plus artistique et non seulement utilitaire. "Ma tâche est de porter les produits de mon village natal à un nouveau stade", affirme-t-il sans détour.
Selon lui, il est difficile d’écouler les poteries de Huong Canh à l’étranger car les volumes sont insuffisants en raison des ressour-ces humaines limitées. À l’instar
de son établissement, les autres ateliers emploient essentiellement d’anciens membres de la coopé-rative de Huong Canh.
De plus, les matières premières sont aussi un problème à Huong Canh où l’industrialisation galopante grignote du terrain. "Si l’on ne dispose pas d’un mécanisme de préservation, la poterie de Huong Canh disparaîtra. Pour contrecarrer ce processus, la participation active des autorités locales s’avère nécessaire", prévient M. Quang.
Malgré les difficultés, Nguyên Hông Quang continue d’œuvrer à la préservation de ce métier traditionnel, en explorant de nouvelles voies. En dehors de la boutique à Hanoï, il envisage d’en ouvrir deux autres à Hôi An (Quang Nam, Centre) et Hô Chi Minh-Ville.