La planète bleue sous l'œil d'un nouveau satellite franco-américain

Le nouveau satellite franco-américain SWOT a décollé vendredi 16 décembre depuis la Californie, marquant le début d'une mission qui permettra d'observer avec une précision sans précédent les mouvements de l'eau sur Terre, afin notamment de mieux prédire les sécheresses ou inondations à travers le globe, aggravées par le changement climatique.

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Décollage d'une fusée Falcon 9 de SpaceX pour la mission franco-américaine du satellite SWOT, qui doit observer les mouvements de l'eau sur Terre, à la base Vandenberg, en Californie.
Photo : AFP/VNA/CVN

Ce satellite représente "une révolution dans le domaine de l'hydrologie", a récemment déclaré lors d'une conférence de presse Selma Cherchali, du Centre national d'études spatiales (CNES) français. Les observations seront "10 fois plus précises que la technologie actuelle".

Le décollage a eu lieu vendredi 16 décembre à 11h46 GMT depuis la base américaine de Vandenberg, à bord d'une fusée Falcon 9 de SpaceX.

SWOT (pour Surface Water and Ocean Topography) commencera sa mission scientifique après six mois de tests et de calibrage, et les données récoltées seront mises en ligne et accessibles à tous.

Lacs, rivières, et océans : ce nouveau satellite, qui évoluera à 890 kilomètres d'altitude, doit permettre d'observer en direct le cycle de l'eau à l'échelle mondiale.

Soit les échanges, via l'atmosphère, entre ces immenses réservoirs que sont les océans et l'eau s'écoulant sur Terre.

Le satellite pourra mesurer la hauteur des océans et de ces masses d'eau douce sur 90% de la surface de la planète, qu'il parcourra en entier au moins une fois tous les 21 jours.

Alors qu'il n'était jusqu'ici possible d'observer que quelques milliers de lacs depuis l'espace, SWOT pourra lui en voir des millions - ceux à partir de seulement 250 mètres de côté.

Le satellite pourra également examiner quasiment toutes les rivières de plus de 100 mètres de large, y compris le volume d'eau s'y écoulant.

Dans les océans, il lui sera possible de détecter des courants et tourbillons jusqu'ici invisibles. Et sur les côtes, d'observer le recul des terres provoqué par la montée des eaux.

Si la Nasa opère déjà environ 25 missions spatiales d'observation de la planète, celle de SWOT sera "comme mettre des lunettes" pour mieux voir, a comparé Karen St. Germain, directrice pour l'observation de la Terre à la Nasa.

Toute nouvelle technologie

Graphique montrant le satellite SWOT (Surface Water and Ocean Topography).
Photo : AFP/VNA/CVN

Du point de vue scientifique, SWOT doit aider à mieux comprendre le changement climatique.

Et notamment "quelle quantité de chaleur et de carbone" les océans peuvent encore absorber, a déclaré Katherine Calvin, conseillère sur le changement climatique à la Nasa.

"Nous savons qu'avec le changement climatique, le cycle de l'eau s'accélère", a ajouté Benjamin Hamlington, scientifique à la Nasa. "Cela signifie que certains endroits ont trop d'eau, et d'autres pas assez. Nous voyons davantage de sécheresses ou d'inondations extrêmes. (...) Donc il est important de comprendre exactement ce qu'il se passe".

Du point de vue pratique, les données récoltées permettront aux communautés locales de mieux se préparer à ces événements ou à l'érosion côtière.

Le satellite permettra "d'être meilleurs pour prédire quand surviendront des inondations", a souligné Karen St. Germain. Et là où l'eau se fait rare, il apportera "des informations cruciales pour une gestion intelligente" de cette ressource.

SWOT est le premier satellite à tester une toute nouvelle technologie, sur son instrument scientifique principal, baptisé KaRIn et conçu par le Jet Propulsion Laboratory de la Nasa. Un signal radar est envoyé vers la Terre, réfléchi par la surface de l'eau et récupéré simultanément par deux grandes antennes, fournissant une image bidimensionnelle et permettant ainsi de calculer la hauteur de l'eau.

L'assemblage de l'imposant satellite (2,2 tonnes) a eu lieu en France, et nécessité 14 mois.

La mission doit initialement durer trois ans et demi, mais il est tout à fait probable qu'elle se poursuive jusqu'à cinq ans, et même "bien plus d'années", selon Thierry Lafon, chef du projet SWOT au CNES. Une longue mission sera d'ailleurs cruciale "car nous aurons besoin de ces données pendant longtemps".

AFP/VNA/CVN

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