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La pierre de Rosette exposée au British Museum, le 11 octobre à Londres. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Cette exposition se tient au moment où des égyptologues demandent que le musée londonien restitue au Caire la pierre, alors que nombre d'institutions britanniques commencent à rendre des objets pillés à l'époque coloniale.
La dalle de basalte datant de 196 avant JC était au coeur de la résolution du mystère car elle comporte des inscriptions à la signification identique dans trois langues: en hiéroglyphes, en démotique, une ancienne écriture vernaculaire égyptienne, et en grec ancien, clé pour traduire les autres.
La pierre a été découverte par des militaires français dans les murs d'un fort en 1799 et donnée à l'armée britannique dans le cadre d'un accord de capitulation. Elle est exposée au British Museum depuis 1802.
Les premiers à l'avoir étudiée l'utilisaient pour créer des impressions largement diffusées.
"Nous avons décidé, parce que la pierre de Rosette était une clé si importante pour ce déchiffrage, de faire les choses comme il se doit : avec une exposition qui présente également nos objets phares", a déclaré Ilona Regulski, conservatrice chargée de la culture écrite égyptienne au musée londonien.
"C'est un moment merveilleux à fêter", a-t-elle déclaré à des journalistes mardi.
L'exposition suscite un parfum de controverse. L'égyptologue et ancien secrétaire d'Etat égyptien Zahi Hawass a récemment lancé une pétition en faveur du retour de la pierre et d'autres trésors "volés" dans son pays.
Interrogé par l'AFP, le British Museum fait valoir que l'Egypte n'a jamais fait de demande formelle pour le retour de la pierre de Rosette.
La conservatrice Ilona Regulski souligne qu'il s'agit d'un "objet universel" dont la localisation importe peu, tant qu'elle est accessible au public.
Des membres d'un groupe nommé Culture Unstained ont manifesté mardi dans le musée, appelant le Caire à libérer des prisonniers politiques, notamment le militant Alaa Abdel Fattah, icône de la "révolution" de 2011, et dénonçant un partenariat avec le géant pétrolier BP.
"La signification de tout"
Exposition sur les hiéroglyphes et l'Egypte ancienne au British Museum, le 11 octobre à Londres. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
L'exposition qui ouvre jeudi 13 octobre suit le déclin des hiéroglyphes avec le passage des Egyptiens à d'autres formes d'écritures.
Elle explore les riches découvertes sur la vie dans l'Egypte ancienne qui ont découlé du décryptage des symboles. "Pour la première fois en 3.000 ans, les Égyptiens anciens nous parlaient directement", a déclaré le directeur du musée, Hartwig Fisher.
L'exposition prend en compte les tentatives de compréhension des symboles par des non-européens, comme les Arabes de l'époque médiévale, mais se concentre sur la course entre chercheurs occidentaux pour les déchiffrer.
"Nos voyageurs sont allés en Égypte et étaient émerveillés par tous ces symboles dessinés sur les murs des temples", a souligné Ilona Regulski.
Ce qui a mené à leur "interprétation comme des signes magiques, d'une connaissance secrète, l'idée que si l'on était capable de déchiffrer les hiéroglyphes, on comprendrait la signification de tout".
Le Français Champollion a été le premier à déchiffrer les hiéroglyphes, devançant sont rival Thomas Young.
"Toute la vieille Angleterre apprendra de la jeune France à épeler les hiéroglyphes", a-t-il écrit dans une lettre. Mais l'exposition suggère que le Français s'est "souvent appuyé sur le travail d'autres" dont Young.
Elle dépeint également des faces plus étranges de l'égyptologie, avec notamment des événements spéciaux où des passionnés déroulaient un corps momifié pour emporter des bandages en guise de souvenirs.
AFP/VNA/CVN