Elle se souvient sur ce même quai,
Déjà trois ans, des serments sincères.
Mais, le passager d'amour de ce temps
Est parti sans retour pour voir sa belle.
Tant de fois s'est passé le Printemps,
Des fois, la fille attend avec peine.
Arrive ce Printemps, c'est le troisième,
Peu à peu, s'éteint une passion folle.
Doit-on se résigner à attendre de même,
Elle se plie à manquer à sa parole.
Quittant bac, cours d'eau transparent,
La passeuse s'en va au mariage.
Les passagers se sentent navrants
Depuis ce temps, par faute de son image.
Nguyên Bính (1918-66)
Traduction par Ngô Quang Vinh