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Sari en compétition au Championnat national de la natation handisport 2020. |
Photo : T.P/CVN |
Nguyên Thi Sari est une admiratrice de l’Australien Mark Vujicic, célèbre orateur né sans bras ni jambes. Elle a vécu une enfance difficile placée sous le signe de la précarité en raison des revenus très faibles de ses parents. À l’âge de 3 ans, la poliomyélite lui a fait perdre l’usage de ses jambes. Mais Sari ne s’est jamais plainte de son destin et a toujours fait face à son malheur avec obstination et persévérance.
Quand elle avait 9 ans, Sari devait parcourir plus de 7 km chaque jour dans un fauteuil roulant pour rejoindre l’école en empruntant un chemin de terre rouge chaotique. Cependant, le plus grand défi pour elle n’était pas la distance entre la maison et l’école, mais les yeux moqueurs de ses amis. Pendant les vacances d’été, au lieu de se reposer comme les autres élèves, la jeune fille se rendait à Hô Chi Minh-Ville pour vendre des patates douces au bord de la route ou exercer divers petits boulots à temps partiel. Elle s’efforçait de gagner de quoi payer les frais d’étude de la prochaine année scolaire.
Grâce à ses efforts soutenus, Sari a réussi l’examen d’entrée à l’université même si sa situation financière ne lui permettait pas d’y poursuivre une formation. En 2007, la jeune fille s’est de nouveau rendue à Hô Chi Minh-Ville pour y travailler comme ouvrière chargée d’effectuer la coupe de fil. Elle était déterminée à économiser suffisamment d’argent, malgré son salaire faible, afin de pouvoir suivre un cursus universitaire deux années plus tard. En 2012, elle a enfin obtenu son diplôme d’anglais de l’Université Hùng Vuong, avec le rêve de devenir professeur.
Lors de l’un de ses séjours à Hô Chi Minh-Ville, Sari s’est initiée à la natation. Cela a été une révélation et elle est devenue très rapidement le grand espoir national de la natation handisport. En effet, après seulement trois jours d’entraînement, elle pouvait déjà nager et trois mois seulement après ses débuts, elle a décroché à la surprise générale une médaille au championnat national. Son palmarès est désormais conséquent et elle a remporté de nombreuses médailles pour le Vietnam lors des Jeux d’Asie du Sud-Est pour handicapés (ASEAN Para Games) et des tournois asiatiques.
Sari et sa petite fille. |
Photo : ST/CVN |
Les bonnes performances de Sari lors des compétitions nationales et internationales lui ont ouvert de nouvelles portes, avec, cerise sur le gâteau, une nette progression de ses revenus. Au début, elle considérait la natation comme un simple loisir mais cette activité est devenue de manière inattendue sa principale source de revenus. Les primes de résultat et son salaire en tant que membre de la sélection nationale, lui suffisaient pour subvenir aux besoins de sa famille et même couvrir ses frais de scolarité et ceux de ses deux sœurs.
"J’ai désormais 36 ans et je ne pourrais plus obtenir les mêmes résultats qu’auparavant. Mais je continuerai à nager tant que je le pourrai car cette discipline m’a apporté beaucoup de choses et m’a donné une nouvelle vie. Cela m’a aussi permis de rencontrer des gens dans la même situation", confie-t-elle.
Fière de raconter son histoire à sa fille
En 2013, Sari a participé aux ASEAN Para Games organisés au Myanmar alors qu’elle était enceinte. Elle l’avait caché à tout le monde en raison de sa détermination de gagner de l’argent afin d’élever son enfant, comprenant les difficultés qui l’attendaient en tant que mère célibataire. Cette année-là, la baigneuse a reçu une prime décente grâce à ses réalisations: une médaille d’or et deux de bronze. Juste après le tournoi, elle a profité de son temps libre pour vendre des billets de loterie afin de compléter ses économies.
Après l’accouchement, ses performances ont diminué alors que les problèmes économiques devenaient de plus ne plus pesants sur ses épaules. Afin de gagner sa vie, elle a dû occuper divers emplois comme vendeuse de billets de loterie ou brodeuse de peinture. Maintenant, elle travaille comme ouvrière pour l’entreprise de fabrication de chaussures Jia Hsin. Chaque jour, elle se déplace plus de 40 km et travaille de l’aube jusqu’à 21h00 pour élever son enfant.
"Quand j’étais petite, je me sentais souvent complexée à cause de mon handicap. Mais maintenant, je m’efforce de bien vivre chaque jour pour devenir un bon exemple aux yeux de ma fille", déclare-t-elle.
Et de continuer : "Toute ma fatigue disparaît quand je vois mon bébé. Je n’ai pour seul espoir que l’amour de ma fille et sa réussite à l’école. J’espère aussi que ma propre histoire de vie sera une motivation pour vivre avec optimisme", dévoile-t-elle avec les yeux qui brillent.